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Il y a 60 ans, la crise des missiles de Cuba faisait craindre la guerre nucléaire

Soixante ans avant les menaces de Vladimir Poutine, la crise des missiles de Cuba a fait trembler le monde
Soixante ans avant les menaces de Vladimir Poutine, la crise des missiles de Cuba a fait trembler le monde / 19h30 / 2 min. / le 14 octobre 2022
En octobre 1962, la Guerre froide connaissait l'un de ses moments les plus chauds avec la crise des missiles de Cuba, événement parfois décrit comme l'un des plus dangereux de l'histoire de l'humanité. Son anniversaire résonne particulièrement cette année avec les tensions mondiales liées à l'Ukraine.

Le 14 octobre 1962, en pleine Guerre froide, un avion espion américain repère l'installation par l'URSS de missiles à tête nucléaire sur l'île de Cuba, à moins de 200 km des côtes de la Floride. Une menace énorme pour Washington, qui provoquera le blocus naval de Cuba et la crainte mondiale d'une guerre nucléaire durant plusieurs jours.

"Des preuves indubitables ont établi qu'une série de sites de missiles offensifs est maintenant en préparation sur cette île opprimée. Le but de ces bases ne peut être autre que de fournir une capacité de frappe nucléaire contre l'hémisphère occidental", annonçait le président américain John Fitzgerald Kennedy huit jours plus tard à Washington.

Solution sous haute tension

Des négociations sous haute tension sont alors lancées entre les deux puissances rivales, tandis que la population mondiale, elle, craint le pire. Au final, l'apocalypse nucléaire est évitée: malgré la destruction, le 27 octobre 1962, d'un avion de reconnaissance américain Lockheed U-2 au-dessus de Cuba, le président Kennedy refuse de déclencher immédiatement une riposte militaire, tandis que le dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev garde lui aussi son sang-froid et se dit prêt à négocier.

Ainsi, malgré les difficultés de communication, les deux camps trouvent un accord le 28 octobre. L'URSS s'engage à retirer ses missiles, Washington retire également des missiles pointés vers le bloc de l'Est en Turquie et en Italie, et s'engage à ne plus tenter d'envahir Cuba. À la suite de cette crise, le fameux "téléphone rouge", ligne directe entre le Kremlin et le Pentagone, est mis en place.

Menace nucléaire, la fin d'un tabou?

Une résolution citée aujourd'hui comme un cas historique de courage politique, mais aussi "de fermeté sur le respect de ses principes ou des intérêts nationaux", souligne Marc Finaud, chercheur associé au Centre de politique de sécurité de Genève.

Mais aujourd'hui, la peur de l'utilisation de l'arme nucléaire refait peu à peu surface, en raison principalement des déclaration menaçantes du dirigeant russe Vladimir Poutine en marge de son invasion de l'Ukraine. "Cette épée de Damoclès est aujourd'hui plus lourde et plus forte que jamais", commente Marc Finaud.

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D'autant que le tabou autour de l'utilisation de telles armes semble révolu. Le bloc occidental agite désormais ouvertement le spectre d'un "armaggedon nucléaire" - les mots de Joe Biden -, allant parfois jusqu'à détailler sa réponse en cas d'utilisation d'armes nucléaires tactiques par la Russie.

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Sujet TV: Tamara Muncanovic

Texte web: Pierrik Jordan

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