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Garry Kasparov: "Les sanctions peuvent stopper l'invasion russe", mais il faut en faire plus

Garry Kasparov, opposant à Vladimir Poutine et ancien champion du monde d'échecs, lors d'une conférence à Lisbonne en 2018. [AFP - Pedro Fiuza / NurPhoto]
Garry Kasparov, opposant à Vladimir Poutine et ancien champion du monde d'échecs, lors d'une conférence à Lisbonne en 2018. - [AFP - Pedro Fiuza / NurPhoto]
"L’économie russe de Poutine n’a pas de possibilités infinies et elle court vers une catastrophe au printemps", estime Garry Kasparov, ancien champion d'échecs et opposant à Vladimir Poutine, dans un entretien accordé à Swissinfo. Il appelle l'Occident et la Suisse à en faire "nettement plus encore" au niveau des sanctions.

"La manière dont la situation a évolué au fil des ans met à nu le cynisme de nombreux politiciens occidentaux. Au cours des huit années qui ont suivi l’annexion de la Crimée, ils n’ont eu de cesse d’affirmer que des sanctions sérieuses n’étaient pas exécutables. Durant toutes ces années, personne n’a montré à Poutine qu’une agression lui coûterait très cher. Mais, aujourd’hui, six mois ont suffi pour imposer des sanctions qui lui posent de sérieux problèmes. Cela signifie que cela a toujours été possible", pointe Garry Kasparov, interrogé par Swissinfo pour une série d'entretiens avec des opposants russes à Vladimir Poutine.

"L’économie russe de Poutine n’a pas de possibilités infinies et elle court vers une catastrophe au printemps. Et ce même si les sanctions commencent seulement à faire réellement effet", estime l'ancien champion du monde d'échecs, qui a rejoint en février 2022 le Comité antiguerre, un groupe d’exilés russes qui s’opposent à la guerre de Vladimir Poutine en Ukraine.

Les sanctions peuvent stopper l'invasion, mais elles ne suffiront pas à faire changer Poutine d’avis et à le pousser à se retirer complètement d’UkraineGarry Kasparov

Pour le fondateur du Front civique unifié, qui a quitté la Russie en 2013 par crainte de persécutions, "les sanctions peuvent stopper l'invasion, mais elles ne suffiront pas à faire changer Poutine d’avis et à le pousser à se retirer complètement d’Ukraine. L'objectif des sanctions est plutôt de limiter la capacité de la Russie à mener cette guerre".

Garry Kasparov appelle donc à en faire nettement plus. Il cite notamment la fin de l'exportation vers la Russie de produits de haute technologie, afin de réduire "les possibilités de la Russie d'accroître ses stocks d'armes de haute précision".

L'Occident doit aussi "augmenter la pression sur ses entreprises qui sont encore actives en Russie" ainsi que sur la Turquie, la Géorgie et le Kazakhstan, des pays qui aident Moscou à "contourner les sanctions", ajoute l'opposant.

La Suisse appelée à en faire davantage

Concernant la Suisse, Garry Kasparov propose le gel et la confiscation "des avoirs des personnes liées au régime de Poutine et d’utiliser cet argent pour financer la reconstruction de l'Ukraine". "Malgré quelques améliorations dans sa position sur les sanctions contre la Russie, le gouvernement suisse n’est manifestement pas prêt à prendre une telle mesure", constate-t-il toutefois.

Garry Kasparov rejette l'idée d'assouplir partiellement les sanctions. L'opposant estime qu'elles ne devront être levées que lorsque l'Ukraine aura retrouvé "sa souveraineté sur l’ensemble du territoire reconnu, y compris la Crimée et Sébastopol". Il juge aussi que la Russie devra payer des réparations et que "les criminels de guerre russes" devront être traduits en justice.

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