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En Suisse, les Pussy Riot appellent l'Occident à agir contre la Russie

Les Pussy Riot en concert à Bâle en juin 2022. [Keystone - Georgios Kefalas]
L’activisme du groupe punk féministe russe les Pussy Riot / Tout un monde / 6 min. / le 26 août 2022
De passage en Suisse pour une série de concerts, les Pussy Riot appellent les Occidentaux à agir pour stopper la guerre en Ukraine. Le groupe punk féministe russe demande notamment un embargo total sur le gaz et le pétrole venus de Moscou.

Depuis, dix ans les Pussy Riot se battent avec détermination contre le pouvoir exercé par Vladimir Poutine. Un activisme qui leur a valu d’être harcelées au point qu'elles ont toutes dû fuir le pays.

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Jeudi, les rockeuses-punk encagoulées jouaient sur la scène de l'Usine à Genève. Parmi elles Lucy Stein, en arrêt domiciliaire pour avoir participé à une manifestation de soutien à l’opposant Alexeï Navalny, qui a fui la Russie au printemps dernier déguisée en livreuse de pizzas. Selon ses dires, il n’était tout simplement plus possible de se faire entendre en Russie et d’y mener la moindre action.

J'ai compris que je ne serais plus capable de faire quoi que ce soit en Russie

Lucy Stein, membre des Pussy Riot

"Avant la guerre, je voulais rester en Russie même si j'étais poursuivie par la justice. Je pensais qu'on pouvait changer les choses. Mais après, j'ai compris que je ne serais plus capable de faire quoi que ce soit. Je ne pouvais même plus quitter mon appartement. Il nous ont arrêtées à plusieurs reprises et mis en prison pour quinze jours. Ils m'ont même arrêtée pour propagande nazie... alors que je suis juive", raconte l'activiste dans l'émission Tout un monde.

Retour en arrière

La Pussy Riot est accusée de propagande dans un pays où les médias sont désormais totalement sous contrôle. Au point que pour Taso Platner, une autre membre du groupe, la situation s'apparente à une forme de schizophrénie.

"La Russie aujourd'hui, c'est Orwell. L'esclavage, c'est la liberté. La guerre, la paix. C'est constamment de la propagande. Ce n'est pas seulement ridicule, c'est absurde et dangereux", condamne-t-elle.

C'est comme une locomotive très rouillée qui tire toute la culture et la société russe vers le passé

Diana Burkot, membre des Pussy Riot

Pour Diana Burkot, membre du groupe depuis 2011, la Russie vit un inquiétant retour en arrière. Une telle oppression, "on pensait qu'il s'agissait de l'époque stalinienne, que c'était dans les livres d'histoire ou dans les récits de nos grands-parents. Nous n'aurions jamais pu imaginer que cela ferait partie de nos vies, de notre histoire. C'est un énorme pas en arrière, c'est pourtant la situation actuelle sous le gouvernement de Poutine. C'est comme une locomotive très rouillée qui tire toute la culture et la société russe vers le passé, vers l'impérialisme et une sorte de Moyen-Age", regrette la musicienne.

Appel à l'Occident

Les Pussy Riot ont souvent un message pour les pays qu'elles visitent en tournée. Dans une interview à la NZZ, Maria Alekhina, une des fondatrices du groupe, est allée jusqu’à accuser l’Occident d’être complice de la guerre en Ukraine. Le résultat, dit-elle, d’une politique hypocrite et naïve.

Selon elle, l'Occident n'a pas pris la mesure de ce que signifiait l’annexion de la Crimée en 2014 et a poursuivi les relations économiques avec la Russie, en dépit des sanctions prises à l'époque.

Diana Burkot se montre un peu plus diplomatique: "Nous savons que la Suisse a abandonné pour la première fois en 150 ans ses principes de neutralité et qu'elle a bloqué les comptes de certains oligarques. C'est une très bonne chose, mais on ne doit pas s'arrêter là. L'objectif principal de notre tournée, c'est d'inciter les gens à devenir des citoyens actifs, à pousser les hommes et les femmes politiques de leur pays à prendre des décisions." La plus immédiate, selon elle, est un embargo total sur les exportations de gaz et de pétrole russes.

Taso Pletner conclut avec une mise en garde: "Ne soyez pas indifférents. Chaque guerre est importante et elle est plus proche qu'on ne le pense."

Patrick Chaboudez/gma

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