L'armée ukrainienne concède 9000 morts en six mois d'invasion russe

>> Le suivi de l'actualité autour de la guerre en Ukraine : Près de 11% des détenteurs de permis S ont trouvé un travail en Suisse

Après une suspension de 23 ans, l'Ukraine a rétabli une liaison ferroviaire avec la Moldavie voisine qui pourrait acheminer dix millions de tonnes de marchandises par an, a annoncé lundi le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Bien que le chef d'Etat n'a pas précisé de quels types de marchandises il s'agissait, l'Ukraine souhaite trouver de nouveaux canaux pour exporter des millions de tonnes de céréales bloquées depuis l'offensive lancée par la Russie le 24 février.

Cette voie de 22 kilomètres relie Berezyne, dans l'Ouest ukrainien, à Basarabeasca, en Moldavie. Le ministre ukrainien des Infrastructures, Oleksander Kubrakov, a déclaré sur Facebook que cette liaison offrirait un itinéraire alternatif au port d'Odessa, sur la mer Noire.

Dans le cadre d'un accord conclu le 22 juillet par l'Ukraine et la Russie sous l'égide des Nations unies et de la Turquie, des navires transportant des céréales ont commencé à quitter Odessa et d'autres ports ukrainiens.

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a reconnu lundi qu'une importation de gaz canadien vers l'Allemagne ne serait pas chose facile, même si le pays européen veut diversifier ses sources d'approvisionnement pour moins dépendre de la Russie.

Lors d'une conférence de presse à Montréal avec le chancelier allemand Olaf Scholz, en visite au Canada, Justin Trudeau a minimisé la probabilité d'une telle livraison de gaz naturel liquéfié (GNL), évoquant l'importante distance entre les gisements de l'ouest du pays et les ports de la côte atlantique.

Le Canada ne dispose pas de terminaux GNL sur sa côte atlantique et il faudrait donc en construire pour exporter vers l'Europe. De plus, un nouveau gazoduc serait nécessaire pour acheminer le gaz depuis l'Alberta, dans l'ouest canadien, jusqu'à la côte est canadienne, ce qui se traduirait par des coûts de transport élevés.

Les deux dirigeants ont en revanche laissé entendre qu'un accord concernant l'hydrogène pourrait être annoncé mardi. Olaf Scholz et Justin Trudeau doivent aussi discuter d'opportunités commerciales dans les secteurs de l'automobile et de l'exploitation minière, ainsi que du soutien à l'Ukraine.

Des soldats ukrainiens du régiment Azov ayant été faits prisonniers par la Russie après la bataille de Marioupol et détenus avant d'être échangés ont assuré lundi avoir été passés à tabac au cours de leur captivité.

Toutefois, ces accusations étaient invérifiables de source indépendante. Les deux hommes faisaient partie des soldats ukrainiens s'étant rendus à l'issue de la bataille pour Marioupol, que la Russie a capturé en mai au prix de nombreuses destructions.

Ils étaient détenus dans la prison d'Olenivka, en territoire séparatiste dans l'Est de l'Ukraine, victime d'une frappe fin juillet dont Kiev et Moscou s'accusent mutuellement, qui a fait des dizaines de morts. Les deux soldats sont membres du régiment Azov, une unité militaire honnie en Russie et chez les combattants prorusses car réputée proche des milieux ultranationalistes ukrainiens.

La Russie cherche à engager l'Ukraine dans de nouvelles négociations pour avoir le temps de restaurer ses capacités militaires et lancer une nouvelle offensive, a affirmé un conseiller de la présidence ukrainienne.

Depuis des semaines, le Kremlin "cherche à convaincre l'Ukraine d'entrer en négociations" pour "geler le conflit tout en préservant le statu quo dans les territoires ukrainiens occupés", a affirmé Mikhaïlo Podoliak au sixième mois de la guerre lancée par Moscou.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui a rencontré son homologue russe Vladimir Poutine début août avant de se rendre en Ukraine vendredi pour la première fois en six mois, s'était déjà à plusieurs reprises déclaré prêt à jouer l'intermédiaire entre Kiev et Moscou.

Kiev rejette de son côté toute solution négociée pour les territoires sous occupation russe, qu'elle aspire à reprendre tout comme ceux sous contrôle des séparatistes prorusses dans l'Est et la Crimée annexée en 2014.

Le gouverneur de Sébastopol a déclaré que le système de défense anti-aérienne s'était déclenché près du grand port de Crimée, après des informations de médias russes faisant état d'explosions entendues dans la ville. Dans un message publié sur Telegram, Mikhaïl Razvojaïev a précisé qu'un objet avait été abattu.

La péninsule de Crimée a été annexée par la Russie en 2014. Elle a été le théâtre de plusieurs explosions ces deux dernières semaines, sur fond de conflit entre l'Ukraine et la Russie.

Cette dernière a accusé la semaine dernière des saboteurs d'être responsables de l'explosion d'un dépôt de munitions dans le nord de la péninsule. L'Ukraine n'a pas directement revendiqué de responsabilité dans ces divers incidents.

Les services de sécurité russes (FSB) ont accusé les "services spéciaux" ukrainiens d'avoir "préparé et organisé" l'attentat qui a coûté la vie à Daria Douguina. La journaliste et politologue a été tuée dans l'explosion d'une voiture appartenant à son père Alexandre Douguine, idéologue d'extrême-droite. Daria Douguina affichait elle-même un soutien ouvert à l'offensive russe en Ukraine.

Selon le FSB, cité par les agences russes, la personne ayant piégé la voiture serait une Ukrainienne. Elle serait arrivée en Russie en juillet et aurait passé un mois à préparer l'attentat en louant un appartement dans le même immeuble que Daria Douguina et en se renseignant sur son mode de vie. Toujours selon le FSB, elle aurait assisté à un événement où se trouvaient également la victime et son père, dans les environs de Moscou, avant de procéder à une "explosion contrôlée" de la voiture, puis de fuir vers l'Estonie.

>> Le récit des faits dans le 19h30 :

La bombe était fixée sous la voiture, du côté de la conductrice. Elle a été déclenchée à distance, selon une source au sein des services de secours. Selon le Comité d'enquête russe, tout porte donc à croire que le crime a été planifié à l'avance et commandité.

De son côté, l'Ukraine avait déjà démenti toute implication ce week-end. "Nous ne sommes pas un Etat criminel", a déclaré le conseiller de la présidence.

>> Ecouter les explications dans Forum :

Selon Jean-Vincent Brisset, chercheur associé à l’IRIS et ancien général de l'armée de l'air française, estime dans Forum qu'il est difficile d'appréhender quelles pourraient être les conséquences de cet attentat. Il relève que ce n'est pas le premier attentat commis depuis le début de la guerre, qu'il y en a eu d'autres hors de Russie, notamment dans le Donbass.

Terrorisme intérieur?

Par ailleurs, un groupe russe inconnu, baptisé Armée nationale républicaine, aurait revendiqué l'attaque par l'intermédiaire d'un ancien député d'opposition de la Douma, Ilya Ponomarev, expulsé du Parlement russe pour ses activités "anti-Kremlin" et vivant actuellement à Kiev.

Ce dernier a déclaré dimanche à la télévision que ce groupe l'avait autorisé à relayer ses propos. Selon l'ancien député, il s'agirait d'un groupe clandestin oeuvrant au renversement du régime Poutine depuis l'intérieur de la Russie. Le groupe accuse Vladimir Poutine d'avoir "modifié la Constitution et déclenché une guerre fratricide entre les peuples slaves". L'information n'a pas été officiellement confirmée.

Toutefois, cette hypothèse semble peu probable, selon Jean-Vincent Brisset. "Les groupes d'opposition ont assez peu de marge de manoeuvre, notamment face aux groupes nationalistes", explique-t-il.

>> L'interview complète de Jean-Vincent Brisset dans Forum :

La Russie réclame la tenue mardi d'une réunion du conseil de sécurité des Nations unies au sujet de la centrale nucléaire de Zaporijjia, en Ukraine, a déclaré son vice-ambassadeur auprès de l'Onu Dmitri Polianski.

La centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande d'Europe, a été conquise en mars par l'armée russe après l'invasion de l'Ukraine par la Russie le 24 février. Proche du front, ses abords ont été plusieurs fois bombardés ces dernières semaines, faisant craindre une catastrophe nucléaire. L'Ukraine et la Russie s'accusent mutuellement de ces bombardements.

Deux avions de l'armée américaine ont survolé lundi plusieurs pays en Europe du Sud-Est, une nouvelle démonstration de force pour souligner "l'engagement" des Etats-Unis aux côtés des membres de l'Otan sur fond de guerre en Ukraine, a annoncé le commandement américain.

Les avions ont d'abord survolé Skopje, capitale de la Macédoine du Nord, pays qui a rejoint l'Otan en 2020, avant de passer en Albanie voisine pour survoler à Tirana la place Skenderbeg. Ensuite, ils ont longé la côte du Monténégro avant de survoler finalement la ville croate de Dubrovnik.

En juin, deux avions de chasse F35 ont déjà survolé les Pays baltes, où l'Otan a également renforcé sa présence sur le terrain.

La Bulgarie, un des premiers pays victimes en avril de l'interruption des livraisons de gaz russe, s'est dite prête lundi à reprendre les négociations avec le géant Gazprom par crainte de pénurie cet hiver.

Ce pays des Balkans, jusqu'alors très dépendant énergétiquement de Moscou, avait refusé de payer en roubles et multiplié les initiatives pour diversifier ses sources d'approvisionnement. Mais le Premier ministre pro-européen Kiril Petkov a été renversé en juin par une motion de censure et le cabinet intérimaire mis en place dans la foulée a appelé à "davantage de modération" vis-à-vis de la Russie.

Approvisionnement insuffisant

"Des négociations avec Gazprom Export pour reprendre les livraisons du contrat actuel", qui se termine fin décembre, "sont désormais inévitables", a déclaré le ministre de l'Energie Rossen Hristov lors d'une conférence de presse. Il s'agit de la seule solution pour obtenir un tarif acceptable pour les entreprises, a-t-il expliqué, après avoir convoqué patronat et syndicats pour appuyer ce changement de stratégie.

Rejetant tout nouveau recours à Gazprom, Kiril Petkov avait accéléré la mise en place d'un nouveau gazoduc d'interconnexion avec la Grèce voisine, pour recevoir du gaz azéri à compter d'octobre. Il avait également négocié des livraisons de gaz naturel liquéfié (GNL) des Etats-Unis.

Mais ces efforts ne suffisent pas, selon le nouveau gouvernement. Les livraisons ne sont garanties que pour septembre et seulement partiellement pour octobre, a précisé lundi M. Hristov pour justifier cette décision de renouer le contact avec Gazprom.

L'Union européenne envisage d'organiser une mission "d'entraînement et d'assistance" à l'armée ukrainienne, qui se déroulerait dans les pays voisins, a annoncé le Haut représentant de l'UE pour la politique étrangère Josep Borrell.

Il a précisé que la proposition sera discutée "sur le plan politique" la semaine prochaine à Prague lors du conseil des ministres de la Défense des pays membres de l'UE. "J'espère qu'elle sera approuvée", a-t-il ajouté.

"L'Union européenne déploie des missions d'entraînement militaire auprès des armées des pays avec lesquels nous coopérons", a-t-il dit, citant le Mali, le Mozambique ou encore le Niger.

"Une guerre qui dure et qui semble devoir durer nécessite un effort non seulement en termes de fourniture d'équipement, mais aussi d'entraînement et d'assistance à l'organisation de l'armée", a-t-il ajouté.

Environ 9000 soldats ukrainiens ont été tués en six mois d'invasion russe, a déclaré le commandant en chef de l'armée ukrainienne devant un forum à Kiev. Il s'agit d'une des rares déclarations de responsables ukrainiens au sujet de pertes militaires de Kiev dans cette guerre.

Selon des propos rapportés par l'agence Interfax-Ukraine, il a ajouté que des enfants ukrainiens "avaient besoin d'une attention particulière, car leur pères étaient partis sur le front et se trouvent probablement parmi près de 9000 héros qui ont été tués".

La précédente estimation datait de mi-avril. Le président Volodymyr Zelensky avait déclaré que jusqu'à 3000 militaires ukrainiens avaient été tués et environ 10'000 blessés.

Les pertes humaines, une donnée "quasi-confidentielle"

L'étendue des pertes militaires est une donnée sensible dans un tel conflit, au coeur de la propagande de guerre. La Russie, particulièrement, n'a concédé que très peu de pertes humaines depuis le début de son invasion (1300 morts, dernier bilan établi en mars), tandis que les Etats-Unis estiment les pertes russes à environ 80'000 morts et blessés, a rappelé le haut-fonctionnaire français Cyrille Bret dans l'émission Tout un monde. "Entre 80'000 et 1300, on mesure l'étendue des manipulations possibles" de part et d'autre, soulignait-il.

"Ce qui est certain, c'est que les pertes, du côté ukrainien comme du côté russe, sont très importantes, car c'est un conflit de très haute intensité dans lequel aucun des deux adversaires ne retient ses coups", a estimé le spécialiste.

>> Écouter l'interview de Cyrille Bret dans Tout un monde :

reuters - Vladyslav Musiienko

La société pétrolière russe Loukoil a annoncé l'acquisition du Spartak Moscou, club de Premier League russe, ainsi que du stade où il joue ses matchs à domicile.

Le Spartak Moscou est en proie à des problèmes financiers à la suite de l'intervention militaire de la Russie en Ukraine, qui a déclenché une série de sanctions occidentales contre Moscou.

Loukoil, qui est le sponsor principal du Spartak Moscou depuis plus de vingt ans, a ajouté qu'avec l'acquisition d'une participation de 100% dans le club, le propriétaire et président Leonid Fedun renoncerait à tous ses rôles de direction au sein de Lukoil.

Le courage et la mobilisation de la société ukrainienne lui permettront de gagner la guerre face à la Russie, affirme l'écrivain ukrainien Serhiy Jadan, convaincu qu'un pays "transformé" est en train de naître.

"Je suis impressionné par la capacité des Ukrainiens à défendre leur liberté, leur terre, leur territoire", déclare-t-il dans un entretien à l'afp. "C'est ce qui me donne de la force et de la confiance".

Baptisé le "barde de l'est de l'Ukraine" par le magazine américain The New Yorker, Serhiy Jadan est l'emblème d'une ville, Kharkiv, où il habite depuis qu'il y est arrivé dans les années 1990 pour étudier en provenance de son Donbass natal.

C'est dans cette région largement russophone du nord-est de l'Ukraine, épicentre des combats depuis plusieurs semaines, qu'il situe ses romans écrits en ukrainien qui parlent avec tendresse des laissés-pour-compte de l'Ukraine post-soviétique.

Il n'a jamais quitté Kharkiv, même quand les troupes russes qui la bombardent encore régulièrement (21 civils y ont été tués la semaine dernière) semblaient sur le point de s'en emparer en mars.

Mais Serhiy Jadan, poète, romancier et musicien culte, a arrêté d'écrire depuis six mois pour se consacrer à l'aide humanitaire et au soutien à l'armée ukrainienne.

"Toutes ces activités, je les ai mises en pause", explique-t-il, avant de s'exprimer au nom des Ukrainiens: "Nous sommes des citoyens mobilisés dans la défense de notre pays".