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Après des débats virulents, le Parlement français vote une loi de soutien au pouvoir d'achat

L'Assemblée nationale en débat sur la politique migratoire. [AFP - Alain Jocard]
Les députés français approuvent le second volet de mesures sur le pouvoir d'achat / Le Journal horaire / 26 sec. / le 27 juillet 2022
Après quatre jours de débats houleux, l'Assemblée nationale française a adopté dans la nuit de mardi à mercredi un second volet de mesures de soutien au pouvoir d'achat. La majorité présidentielle et Les Républicains ont toutefois supprimé une revalorisation des retraites, suscitant l'ire des oppositions.

Les députées et les députés ont approuvé en première lecture ce projet de budget rectifié pour 2022, par 293 voix contre 146 et 17 abstentions. Les Républicains (LR) ont soutenu un texte amputé d'une mesure de revalorisation des pensions de retraites, combattue par le gouvernement et la majorité Renaissance.

À gauche, les partis apparentés à l'alliance Nupes ont voté contre. À l'extrême-droite, le Rassemblement national (RN) n'a pas pris part au vote: les membres du groupe ont quitté l'hémicycle en protestation contre la manière dont l'Assemblée est revenue sur le crédit de 500 millions d'euros pour la revalorisation des retraites, pourtant approuvé quelques heures plus tôt.

"Mépris des oppositions"

Il s'agissait d'un premier test pour le gouvernement Borne, privé de majorité absolue. Ce dernier avait demandé une seconde délibération pour annuler cette mesure, suscitant un débat virulent entre le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, la Nupes et le RN.

Deux camps qui ne décoléraient pas mercredi. Les débats se sont conclus par "un vote contre le pouvoir d'achat des retraités", a tweeté le président de la commission des Finances Eric Coquerel (La France insoumise), tandis que le chef des députés socialistes Boris Vallaud a dénoncé un "mépris des oppositions".

Le groupe LFI prévoit aussi un recours au Conseil constitutionnel concernant la suppression de la redevance audiovisuelle, votée samedi dernier.

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Politique fiscale dénoncée par le RN

Côté RN, le député Sébastien Chenu a estimé qu'il y avait eu "trois perdants: les retraités [...], les électeurs des Républicains trahis par leurs élus; et la démocratie piétinée par la brutalité de la Macronie".

"Bruno Le Maire a confirmé hier soir la fin des tarifs réglementés du gaz au 1er juillet 2023. Les prix seront alors hors contrôle!", a également dénoncé la cheffe du groupe RN Marine Le Pen sur Twitter. Enfin, la formation d'extrême-droite a déploré le rejet de ses propositions de baisses de TVA, et plus globalement la politique économique et fiscale de l'exécutif.

Pallier l'inflation

Le ministre Bruno Le Maire s'est quant à lui félicité mercredi matin sur France Inter que les débats aient permis de "rester dans l'enveloppe budgétaire" initialement prévue par le gouvernement.

Vendredi dernier, l'Assemblée avait déjà adopté un premier volet, soit 20 milliards d'euros du projet de loi d'"urgence" en soutien au pouvoir d'achat face à l'inflation galopante.

Le projet de budget rectifié ouvre lui 44 milliards d'euros de crédits, dont 9,7 pour financer la renationalisation à 100% d'EDF.

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jop avec afp

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Les Républicains dans une situation ambiguë

La présidente par intérim des Républicains Annie Genevard a reconnu pour sa part que son parti était sur "une ligne de crête compliquée", alors que son soutien au projet de loi et à la seconde délibération lui a valu des accusations de "trahison" de la part du RN.

Le patron des députés LR Olivier Marleix s'est dit satisfait du "bras de fer positif avec le gouvernement" qui a permis d'engranger une série de mesures sur le carburant, le rachat des RTT par les entreprises et encore la défiscalisation des heures supplémentaires.

"Sur ces trois premiers textes de loi, nous avons obtenu beaucoup de choses, ce qui nous a amenés à les voter mais le quinquennat n'est pas fini, on va attaquer le dur à la rentrée avec tout ce qui touche à la sécurité qui a été quand même la grande oubliée du précédent quinquennat, la réforme du marché du travail, on jouera pleinement notre rôle", a-t-elle averti sur Europe 1.

Une majorité relative parfois minoritaire

Les échanges dans l'hémicycle, qui ont duré huit jours et nuits au total, ont été parfois chaotiques, et la majorité a été mise en minorité à plusieurs reprises.

Lundi, par exemple, l'Assemblée a approuvé un budget de 230 millions d'euros pour les foyers se chauffant au fioul, contre l'avis de l'exécutif, qui souhaitait une aide de 50 millions d'euros.

Samedi, l'Assemblée avait aussi décidé d'allouer 120 millions aux départements qui versent le RSA en 2022, pour compenser intégralement la hausse de 4% de cette prestation programmée par l'Etat.

La mesure a été obtenue par la conjonction des votes favorables de la gauche, du RN, des LR mais aussi des députés du groupe Horizons (centre-droite). C'est la première fois que ces alliés de la majorité marquaient leur différence.