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Une armée de femmes pour sauver la vaste mangrove du Bengale

La brigade en sari vert restaure la forêt des Sundarbans en plantant des arbustes. [RTS]
Dans la baie du Bengale, des milliers de femmes tentent de sauver la plus grande forêt de mangroves au monde / 19h30 / 2 min. / le 21 juillet 2022
Aux confins de l'Inde et du Bangladesh, une véritable armée de 15'000 femmes replante des arbres pour tenter de sauver la plus grande forêt de mangrove au monde. Elles luttent pour sauver ce patrimoine naturel exceptionnel en proie au changement climatique.

Dans la baie du Bengale, la plus grande forêt de mangrove au monde perd chaque année du terrain, grignotée par la montée des eaux. Les Sundarbans, un écosystème unique, sont aujourd’hui en péril. Mais des femmes se sont promis de les sauver.

Depuis plus de dix ans, à l’approche de la mousson, cette brigade en sari vert restaure la forêt en plantant des arbustes.

"Nous les aimons comme nos propres enfants”

"Les Sundarbans subissent de nombreux dégâts dus à la montée des eaux", explique Naina Baidya (Lakshmishree Self Help Group), dans le 19h30 de la RTS. "Nous avons donc formé ce groupe (…) Ces arbres nous apportent beaucoup: nos terres restent intactes et il n’y a pas d’érosion. Nous les aimons comme nos propres enfants." Et cela protège aussi des inondations et des cyclones, précise-t-elle.

En grandissant, ces arbustes constitueront une nouvelle mangrove. Cette barrière naturelle est indispensable pour protéger ces terres où vivent plus de 4 millions de personnes.

A la merci de cyclones dévastateurs

Car là où il n’y a pas de mangrove, les Sundarbans et ses habitants sont à la merci des catastrophes naturelles.

"Avant, ici, il y avait un chemin très large. Mais quand le cyclone Yaas est arrivé, l'eau de la rivière a tout emporté, tout est tombé", raconte un pêcheur. "S'il y avait des mangroves ici, cela ne serait pas arrivé", assure-t-il. "Les gens vivent dans la peur constante que la digue se brise et que la rivière emporte tout. S'il y avait des mangroves ici, les gens ne vivraient plus dans la peur."

Une cartographie des dégâts

Pour assurer la survie des Sundarbans face au changement climatique, ces femmes ont aussi pour mission de cartographier les zones les plus endommagées. Rémunérées l'équivalent de 30 francs mensuels par une ONG, elles repèrent grâce à leur connaissance de la forêt les endroits où la mangrove doit être plantée en priorité.

"Nous sommes toutes originaires d’ici, nous savons quel type de sol nous avons et quels types d'arbres peuvent être plantés", ajoute Apart Dhara, autre membre du Lakshmishree Self Help Group. "Nous sommes les seules à pouvoir faire ces cartes. Partout où nous trouvons des parcelles abîmées, nous plantons des arbres pour recréer une forêt dense."

Surnommée "l’armée verte des Sundarbans", cette brigade a déjà planté en dix ans près de 800 hectares de mangrove.

Antoine Védéyé/oang

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