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Près de 90 morts dans des affrontements entre gangs en Haïti

Les affrontements à Port-au-Prince ont fait 89 morts en une semaine
Les affrontements à Port-au-Prince ont fait 89 morts en une semaine / L'actu en vidéo / 38 sec. / le 14 juillet 2022
Au moins 89 personnes ont été tuées dans des affrontements entre gangs qui paralysent depuis une semaine une partie de la capitale haïtienne Port-au-Prince, a annoncé le Réseau national de défense des droits humains. Des violences attisées par la pénurie de carburant.

Depuis jeudi, les rafales d'armes automatiques crépitent à longueur de journée à Cité Soleil, commune la plus défavorisée et la plus densément peuplée de l'aire métropolitaine: deux factions de gangs s'y affrontent sans que la police, en manque d'hommes et d'équipements, n'intervienne. Le dernier bilan fait état de 89 morts et 74 blessés.

Le long des corridors des bidonvilles qui s'y sont formés au fil des quatre dernières décennies, des milliers de familles n'ont d'autre choix que de se terrer chez elles, sans pouvoir se ravitailler en eau et nourriture.

Certains habitants sont victimes de balles perdues à l'intérieur même de leurs modestes logements, faits de simples tôles, mais les ambulances ne sont pas autorisées à circuler librement dans la zone pour venir en aide aux blessés.

"Champ de bataille"

"Nous appelons tous les belligérants à permettre le passage des secours vers Brooklyn (le quartier de Cité Soleil où se concentrent les violences) et à épargner les civils", a exhorté Médecins sans Frontières, qui évoque un "vrai champ de bataille" avec des cadavres en décomposition ou brûlés dans les rues.

Entravée dans ses opérations d'évacuations des victimes, l'organisation humanitaire a néanmoins opéré une quinzaine de blessés par jour en moyenne depuis vendredi, dans son hôpital situé à proximité de Cité Soleil.

Ces affrontements meurtriers entre gangs affectent l'ensemble des activités à travers la capitale car c'est à Cité Soleil que se situe le terminal pétrolier qui alimente Port-au-Prince et tout le nord d'Haïti.

Essence à sec

A travers la capitale, les stations-services ne distribuent plus une goutte de carburant, faisant flamber les prix au marché noir. En colère face à cette situation, des chauffeurs de taxi moto ont érigé mercredi quantité de barricades à travers les principaux axes routiers de Port-au-Prince.

Face à ce mouvement spontané, seuls les courts déplacements en moto à l'intérieur des quartiers étaient possibles. Soumis à de tels aléas, les habitants de la capitale peinent à organiser leurs activités quotidiennes, déjà entravées par le risque d'enlèvement.

Depuis plus de deux ans, les gangs multiplient les rapts crapuleux dans la ville, séquestrant des personnes de toute origine socio-économique et de toute nationalité. Jouissant d'une très large impunité, les bandes criminelles ont amplifié leurs actions au fil des semaines: au moins 155 enlèvements ont été commis en juin contre 118 au mois de mai, a signalé le Centre d'analyse et de recherches en droits humains, dans son dernier rapport publié mercredi

afp/doe

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