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Barbara Hintermann: "Lugano, une conférence 'high level', mais sans la société civile"

L'invitée de La Matinale (vidéo) - Barbara Hintermann, directrice générale de la Fondation Terre des hommes
L'invitée de La Matinale (vidéo) - Barbara Hintermann, directrice générale de la Fondation Terre des hommes / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 15 min. / le 6 juillet 2022
La Conférence de Lugano sur l'Ukraine a fait la part belle au business et aux investisseurs, mais pas à la société civile: c'est le regret de la directrice générale de Terre des hommes Barbara Hintermann dans La Matinale. Elle espère maintenant que les promesses seront tenues.

Interrogé mardi dans le 19h30, le président de la Confédération Ignazio Cassis estimait que cette conférence était une réussite et que "tout le monde était très content". "On a réussi à définir des principes sur lesquels on peut bâtir le chemin de la reconstruction", s'est félicité le Tessinois, estimant que "toute reconstruction commence déjà pendant la guerre" et qu'il s'agit de "donner de l'espoir aux Ukrainiens".

>> Relire notre suivi de la Conférence de Lugano : La Conférence sur la reconstruction de l'Ukraine est une réussite "qui donne de l'espoir aux Ukrainiens", selon Ignazio Cassis

Egalement présente à Lugano ces derniers jours, la directrice générale de l'ONG Terre des hommes (TDH) Barbara Hintermann tire pour sa part un bilan en demi-teinte sur l'antenne de la RTS.

"Ce n'était pas vraiment un espace pour parler des enfants, même si le thème a été abordé dans un panel. C'était une conférence très 'high level', très politique, qui ciblait le business et les investisseurs. Maintenant, le défi sera l'opérationnalisation des engagements et surtout l'inclusion de la société civile en Ukraine, une société qui est très forte, qui a l'habitude de travailler avec les enfants et les familles", analyse-t-elle, tout en faisant part d'une certaine "déception".

Des absences remarquées

Barbara Hintermann regrette aussi l'absence de grandes organisations internationales. "Ni le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), ni l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), ni l'Unicef n'étaient présents. A Lugano, on parlait de 6 millions de réfugiés, 8 millions de déplacés, donc il aurait fallu que ces organisations soient présentes. Si on parle du rétablissement du pays, il faut parler de ces 14 millions de personnes vulnérables", estime-t-elle.

La directrice de Terre des hommes affirme même avoir dû batailler pour que son organisation soit invitée au Tessin. "'J'ai dû faire du forcing à Berne pour recevoir une invitation. Nous ne sommes pas la seule ONG dans cette situation. D'autres, bien plus grandes que nous, m'ont dit pareil. Je pense que c'était une conférence politique ciblée investisseurs et business. Pourtant, la société civile, y compris les ONG et les OI, est importante dans la reconstruction de l'Ukraine. Nous travaillons sur les systèmes, comme la protection de l'enfant, leur renforcement, pas seulement sur l'assistance individuelle."

Opérationnalisation

Barbara Hintermann retire-t-elle quand même quelque chose du sommet de Lugano? "J'ai bien compris les engagements de quelques pays par rapport aux enfants et aux femmes, qui vont financer les projets. J'ai senti un véritable engagement. Mais pour moi, l'étape cruciale maintenant, c'est l'opérationnalisation de ces promesses."

Propos recueillis par Valérie Hauert

Adaptation web: Jérémie Favre

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