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Les oies des neiges menacent les cultures au Québec

La population d'oies des neiges explose au Québec. [AFP - Philippe Henry]
La population d’oie des neiges explose au Québec / Tout un monde / 4 min. / le 31 mai 2022
Après avoir failli disparaître, la population d'oies des neiges explose au Québec. Par centaines de milliers, ces oiseaux migrateurs se nourrissent dans les champs, contraignant les autorités à prendre des mesures pour protéger les cultures.

Plusieurs fois par jour, Michel Fortin arpente les champs de son coin de pays, au bord du fleuve Saint-Laurent, pour débusquer les oies en plein repas. Le septuagénaire, embauché par l'Union des producteurs agricoles (UPA), a pour mission de les faire s'envoler avec un pistolet chargé à blanc.

Pour limiter le nombre d’oies au Québec, les autorités comptent sur une chasse accrue de cet oiseau migrateur. Cependant, Michel Fortin constate que le nombre de chasseurs diminue chaque année.

"Il y a moins de relève, moins de jeunes sont intéressés. C’est une chasse vraiment dure, il faut aimer ça", indique-t-il dans un reportage de l'émission Tout un monde.

Loi sur la chasse

La population d'oies des neiges n’a pas toujours été aussi nombreuse. Il y a quelques décennies, on pensait même que cet oiseau, qui vit aux Etats-Unis l'hiver et passe ses étés au Canada, allait disparaître. Comme l’explique le biologiste Gilles Gauthier de l'Université Laval à Québec, la signature d’une convention de protection canado-américaine a tout changé.

"A partir de 1917, il y a eu une loi qui encadre la chasse, crée des saisons de chasse et des limites de prises. Cela a été un élément clé qui a enrayé le déclin et les menaces pesant sur les oies des neiges. Depuis ce traité, la chasse commerciale a été interdite", explique le spécialiste.

Les oies des neiges dégradent des habitats occupés par d'autres espèces

Gilles Gauthier, biologiste

Au début du 20e siècle, on ne dénombrait que 3000 à 4000 oies au Québec. Au début des années 2000, leur nombre s’approchait du million, avant de redescendre entre 700'000 et 900'000 aujourd’hui. Une remontée spectaculaire qui s’explique aussi, selon Gilles Gauthier, par les changements dans l'agriculture.

"Les techniques agricoles se sont améliorées sur les décennies. Les fertilisations de plus en plus intensives, par exemple, font que les plantes fourragères sont de meilleure qualité, et les oies ont découvert ça. Ça a été le deuxième élément qui a amené à cette explosion de la population."

Des oiseaux de rivage

Les agriculteurs, qui voient régulièrement leurs champs piétinés par les oies qui se gavent des semences tout juste plantées au printemps, ont obtenu un allongement des saisons de chasse. Mais les dommages liés à une surpopulation d’oies ne se limitent pas au domaine agricole.

"Dans les Prairies, on parle de plusieurs millions d'oiseaux. On a assisté dans certains marais, dans l'Arctique, à une dévastation. Par endroits il n'y a plus rien qui pousse, tellement la pression de broutement a été élevée. Le problème c'est que ces habitats dégradés affectent d'autres espèces, comme des oiseaux de rivage. Des espèces qui, elles, par contre, sont en déclin", alerte Gilles Gauthier.

Pascale Guéricolas/gma

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