Publié

Comment le clan radical Haqqani aurait pris le pouvoir en Afghanistan

Zoom - Le clan Haqqani impose des règles conservatrices en Afghanistan
Zoom - Le clan Haqqani impose des règles conservatrices en Afghanistan / La Matinale / 2 min. / le 25 mai 2022
Les restrictions aux droits des femmes se multiplient en Afghanistan. Le nouveau régime taliban avait pourtant fait des promesses d’ouverture après sa prise de pouvoir l’été dernier. Ce changement de cap serait dû à l'influence de la famille Haqqani.

Le réseau Haqqani est dirigé par deux frères: Sirajuddin et Anas. Cette famille a toujours fait partie du paysage politique afghan, mais elle semble aujourd’hui s’imposer.

Le leader du clan, Sirajuddin, est aussi le ministre de l’Intérieur et donc le numéro 2 du gouvernement taliban. Cet Afghan très éduqué et parfait anglophone n’a pas hésité à faire l’éloge en octobre dernier des kamikazes qui avaient commis des attentats contre des étrangers. Il a provoqué ainsi l’émoi dans les chancelleries occidentales.

La prise de pouvoir du clan Haqqani

Le clan est fondé dans les années 70 par Jalaluddin Haqqani, le père de Sirajuddin. Dans les années 80, c'est un chef de guerre religieux et héros du djihad anti-soviétique. Il n’est alors à la tête que d’une tribu pachtoune locale à la frontière avec le Pakistan.

La famille tisse rapidement des liens avec les services de renseignements pakistanais, selon les experts. Au fil des ans, les Haqqani sont de plus en plus les alliés idéologiques des djihadistes internationaux. Ils se rapprochent d’Al-Qaïda, abritent Oussama Ben Laden et deviennent un des plus puissants réseaux terroristes. De nombreux attentats leur sont attribués. Le clan confirme être à l'origine de plusieurs attaques.

>> À écouter: les attaques terroristes étaient en 2017 la première cause de mortalité en Afghanistan. :

Le site de l'attentat-suicide du 17 octobre à Garez, en Afghanistan. [AFP - Ahmadi]AFP - Ahmadi
Les attaques terroristes, première cause de mortalité en Afghanistan / Le 12h30 / 2 min. / le 15 février 2018

Sirajuddin succède à son père à la tête du clan et se rapproche des talibans. À la mort du mollah Omar, le chef taliban, il parvient à devenir le numéro 2 du mouvement. Le dirigeant du clan Haqqani place alors le terrorisme au cœur de l’identité talibane, selon les experts.

La ligne politique la plus dure

Ces derniers mois, Sirajuddin, épaulé par son cadet Anas, semble avoir évincé le mollah Baradar, qui négociait à Doha avec les Occidentaux. La famille Haqqani aurait pris le dessus et toute une partie des ministères serait désormais entre ses mains.

Jean-Pierre Perrin, spécialiste de l’Afghanistan, estime que le clan Haqqani "représente aujourd’hui la composante la plus radicale du mouvement sur le plan idéologique. Elle serait la plus guerrière, la plus proche d’Al-Qaïda et la plus hostile à tout compromis avec les femmes."

>> Ecouter aussi le sujet du 12h30 sur l'inquiétude concernant les droits des femmes :

Des disparitions de militantes afghanes inquiètent la communauté internationale. [Keystone/EPA]Keystone/EPA
Grande inquiétude pour les droits des femmes en Afghanistan / Le 12h30 / 1 min. / le 17 mars 2022

Cette posture fait craindre le pire pour les femmes bien sûr mais aussi pour le pays. L'Afghanistan se trouve dans une grave crise économique et humanitaire et ne peut se passer de l’aide internationale, conditionnée par plusieurs bailleurs au respect des droits des femmes.

Céline Tzaud / pha

Publié

Les principales restrictions imposées aux femmes par les talibans

  • Restriction de l'accès à l'école.

  • Obligation de se couvrir entièrement en public.

  • Interdiction de faire du sport.

  • Voyages en avion uniquement avec un homme.

  • Exclusion des postes politiques.