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Le Premier ministre sri-lankais démissionne après de violents affrontements

Partisans et opposants au gouvernement sri-lankais se sont violemment affrontés à Colombo. [Keystone/AP Photo - Eranga Jayawardena]
Le Premier ministre sri-lankais démissionne après de violents affrontements / La Matinale / 1 min. / le 10 mai 2022
Le Premier ministre sri-lankais Mahinda Rajapaksa a démissionné lundi, peu après des affrontements entre ses partisans et des manifestants antigouvernementaux, qui ont fait cinq morts et près de 200 blessés.

Le dirigeant de 76 ans a adressé sa lettre de démission à son frère cadet et président Gotabaya Rajapaksa, ouvrant ainsi la voie à un "nouveau gouvernement d'unité", a déclaré son porte-parole.

Des milliers de loyalistes du camp de Gotabaya Rajapaksa et de son frère, armés de bâtons et de matraques, ont attaqué lundi les manifestants qui campent devant le bureau du président depuis le 9 avril.

Un peu plus tôt lundi, à Temple Tree, dans sa résidence toute proche du bureau présidentiel, Mahinda Rajapaksa avait promis de "protéger les intérêts de la nation" à quelque 3000 de ses partisans, acheminés en bus depuis des zones rurales. En sortant, ils s'étaient attaqués aux tentes de manifestants appelant au départ du Premier ministre, incendiant leurs banderoles et pancartes.

Couvre-feu et gaz lacrymogènes

Un couvre-feu immédiat et d'une durée indéterminée a été décrété par les autorités avant d'être étendu au reste de l'île.

La police a tiré des gaz lacrymogènes et a fait usage de canons à eau après que les partisans du gouvernement ont franchi les rangs des policiers pour détruire les campements de milliers de manifestants anti-gouvernementaux qui exigent le départ de Gotabaya Rajapaksa.

"Nous condamnons les violences perpétrées aujourd'hui contre des manifestants pacifiques et demandons au gouvernement de mener une enquête approfondie, y compris l'arrestation et la poursuite en justice de toute personne ayant incité à la violence", a déclaré sur Twitter, Julie Chung, l'ambassadrice des Etats-Unis appelant au calme et à la retenue sur l'île.

Un député se suicide après avoir tiré sur des manifestants

Un député du parti au pouvoir s'est par ailleurs suicidé après avoir tiré sur des manifestants anti-gouvernementaux en province, a annoncé la police.

Selon la police, le député a ouvert le feu sur deux personnes qui bloquaient sa voiture et les a grièvement blessées à Nittambuwa, à une cinquantaine de kilomètres de la capitale. Une des deux victimes a succombé à ses blessures, ajouté la police.

"Le député a fui la scène et s'est réfugié dans un bâtiment voisin", a déclaré un responsable de la police, puis "des milliers de personnes ont encerclé le bâtiment et il a ensuite mis fin à ses jours avec son revolver".

afp/ebz

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Etat d'urgence depuis vendredi

Vendredi, le président Rajapaksa a décrété l'état d'urgence, pour la deuxième fois en cinq semaines, accordant des pouvoirs étendus aux forces de sécurité, les autorisant notamment à arrêter des suspects et à les détenir pendant de longues périodes sans supervision judiciaire. Il autorise également le déploiement de militaires pour maintenir l'ordre, en renfort de la police.

>> En lire plus : Face aux manifestations, le président sri-lankais déclare l'état d'urgence

Les effectifs policiers, comptant 85'000 hommes, ont renforcé la sécurité autour de tous les députés du parti au pouvoir.

Des mois de pénurie

Depuis des mois, l'île de 22 millions d'habitants subit de graves pénuries de produits alimentaires, de carburant et de médicaments.

Cette crise sans précédent, imputée à la pandémie de Covid-19 qui a privé le pays des devises du secteur touristique, a été aggravée par une série de mauvaises décisions politiques, selon des économistes.

La population manifeste depuis plusieurs semaines, reprochant aux frères Rajapaksa au pouvoir d'avoir précipité le pays dans cette crise, et exige leur démission.