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Marine Le Pen a joué la carte de la prudence et Emmanuel Macron celle de la confiance

En France, le débat télévisé d'entre-deux-tours de l’élection présidentielle a été moins agressif qu’en 2017, mais a révélé la fracture du pays
En France, le débat télévisé d'entre-deux-tours de l’élection présidentielle a été moins agressif qu’en 2017, mais a révélé la fracture du pays / 19h30 / 2 min. / le 21 avril 2022
Qui est sorti gagnant du débat de l'entre-deux tours entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen? Selon un premier sondage de l'institut Elabe, publié jeudi soir déjà, le président sortant a été le plus convaincant pour 59% des téléspectateurs contre 39% pour la candidate du Rassemblement national. Analyse avec le correspondant de la RTS Alexandre Habay et Anne-Elisabeth Moutet du journal britannique The Telegraph.

Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont débattu pendant plus de 2h30 mercredi soir à la télévision française à quatre jours de l'élection présidentielle. Le ton était bien plus posé qu'en 2017.

Si l'objectif de Marine Le Pen était d'éviter la déroute comme il y a cinq ans, on peut dire que le but est atteint, estime le correspondant de la RTS à Paris Alexandre Habay. Une analyse partagée par son homologue du journal britannique The Telegraph, Anne-Elisabeth Moutet. Selon elle, si Marine Le Pen n'a pas gagné le débat, elle ne l'a pas non plus perdu.

>> En lire plus : La Russie et le voile au coeur d'un débat tendu entre Macron et Le Pen

La candidate du Rassemblement national a présenté un "visage calme", alors "qu'elle s'est tout le temps fait interrompre par Emmanuel Macron", estime Anne-Elisabeth Moutet. Mais Marine Le Pen, par souci de ne pas se montrer agressive, a pu parfois paraître sur la retenue, voire dans l'effacement, note Alexandre Habay.

>> L'analyse d'Alexandre Habay, correspondant de la RTS à Paris, dans La Matinale :

Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont entamé mercredi soir le débat présidentiel de l'entre-deux tours. [Pool via AP - Ludovic Marin]Pool via AP - Ludovic Marin
Débat de la présidentielle française: l'analyse d'Alexandre Habay / La Matinale / 2 min. / le 21 avril 2022

Marine Le Pen meilleure qu'en 2017

"Elle n'a pas su prendre l'avantage sur son point fort, celui du pouvoir d'achat, pourtant abordé en ouverture du débat. Mais sur son point faible, celui de ses liens avec la Russie, elle a évité d'être véritablement mise en difficulté. Marine Le Pen a donc limité les dégâts en jouant sur la défensive", estime le journaliste de la RTS.

Marine Le Pen a limité les dégâts en jouant sur la défensive

Alexandre Habay, correspondant de la RTS à Paris

Pour Anne-Elisabeth Moutet, Emmanuel Macron a montré qu'il maîtrise les dossiers, mais Marine Le Pen a su utiliser "un langage clair, plus compréhensible, plus proche du peuple". Au jeu des punchlines, les petites phrases qui font mouche, le président sortant a sans doute marqué des points.

La journaliste britannique juge néanmoins qu'Emmanuel Macron a utilisé des expressions "assez méprisante". Il s'est montré, selon elle, "trop condescendant", utilisant un "ton professoral".

>> L'interview d'Anne-Elisabeth Moutet, correspondante de The Telegraph, dans La Matinale :

Le débat télévisé présidentiel entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen : interview d’Anne-Elisabeth Moutet
Le débat télévisé présidentiel entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen : interview d’Anne-Elisabeth Moutet / La Matinale / 7 min. / le 21 avril 2022

>> Voir aussi le reportage du 19h30 sur le dernier grand meeting avant dimanche de Marine Le Pen à Arras, dans le Nord-Pas-de-Calais :

Marine Le Pen est en campagne à Arras à quelques jours de l’élection présidentielle française
Marine Le Pen est en campagne à Arras à quelques jours de l’élection présidentielle française / 19h30 / 1 min. / le 21 avril 2022

Une attitude "nonchalante"

Sur la forme, le talon d'Achille d'Emmanuel Macron a sauté aux yeux de certains téléspectateurs à travers son langage corporel, souligne Alexandre Habay. "Il regardait Marine Le Pen comme un professeur qui regarde un élève qu'il juge nul et qu'il pense faire redoubler", image Anne-Elisabeth Moutet.

Emmanuel Macron regardait Marine Le Pen comme un professeur qui regarde un élève qu'il juge nul et qu'il pense faire redoubler

Anne-Elisabeth Moutet, correspondante à Paris pour le journal britannique The Telegraph

Faussement à l'écoute, parfois avachi, les coudes sur la table, il a pris le risque de paraître nonchalant et de se voir accusé à nouveau d'arrogance. Et dans cette exercice, le forme est parfois aussi importante que le fond, indique le correspondant de la RTS. "Emmanuel Macron maîtrise davantage les chiffres, mais ce n'est pas cela que les gens vont chercher dans un débat", estime Anne-Elisabeth Moutet.

Ce débat de l'entre-deux tours ne changera certainement pas les fronts. Celles et ceux qui ont déjà choisi leur candidat ont vu leurs convictions se renforcer. Les indécis auront peut-être pu trouver des réponses pour faire leur choix dimanche, dit Anne-Elisabeth Moutet. A noter que le débat a été suivi par 15,6 millions de téléspectateurs. C'est moins qu'en 2017 (16,5 millions).

Propos recueillis par Valérie Hauert

Adaptation web: Valentin Jordil

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La presse décerne un léger avantage à Emmanuel Macron à l'issue du débat

"Avantage Macron" barre la Une de Sud Ouest jeudi au lendemain du débat télévisé ayant opposé le président sortant à Marine Le Pen (lire ci-dessus), qui ont pu, selon la presse, présenter deux visions de la France dans un climat plus serein qu'en 2017.

"Macron domine, Le Pen tient le choc", résume l'ultime édition du Figaro à sa Une, Vincent Trémolet de Villers notant dans son éditorial "une légitimité acquise et persistante d'Emmanuel Macron".

Les journaux soulignent la bonne tenue des échanges contrastant avec le dernier duel entre les deux candidats, il y a cinq ans, où Marine Le Pen était passée à côté de l'exercice.

>> La revue de presse dans l'émission Tout un monde :

Le débat des présidentielles françaises 2022. [Keystone - EPA/Ludovic Marin]Keystone - EPA/Ludovic Marin
Revue de presse sur le débat du second tour de l'élection présidentielle française / Tout un monde / 4 min. / le 21 avril 2022

"Pas de jeux du cirque, pas de provocations de la part de Marine Le Pen, ni de suffisance excessive de la part d'Emmanuel Macron, malgré un 'Vous dites n'importe quoi!'", relève Jean-Marcel Bouguereau dans la République des Pyrénées, accordant un avantage au chef de l'Etat sortant pour sa "technicité".

A la Une, les journaux privilégient souvent une photo de chaque candidat en pleine argumentation, mains accompagnant la parole et regard déterminé. Le Télégramme titre ainsi "Duel sans concession". (afp)

>> Voir aussi l'interview dans Forum de Joseph Ghosn, rédacteur en chef du magazine Les Inrockuptibles, qui s'est positionné contre Marine Le Pen à la présidentielle :

Les Inrockuptibles disent "non" à Marine Le Pen
Les Inrockuptibles disent "non" à Marine Le Pen / Forum / 4 min. / le 21 avril 2022