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Les Etats-Unis annoncent avoir tué le chef de l'EI lors d'une opération en Syrie

Le dirigeant du groupe djihadiste Etat islamique Abou Ibrahim al-Hachimi al-Qourachi a été tué
Le dirigeant du groupe djihadiste Etat islamique Abou Ibrahim al-Hachimi al-Qourachi a été tué / 19h30 / 1 min. / le 3 février 2022
Le dirigeant du groupe djihadiste Etat islamique (EI) Abou Ibrahim al-Hachimi al-Qourachi a été tué lors d'une opération des forces spéciales américaines jeudi avant l'aube en Syrie. Il s'est fait exploser "dans un ultime geste de couardise", a déclaré Joe Biden.

L'armée américaine a "éliminé du champ de bataille" le dirigeant du groupe ultraradical lors d'une opération conduite dans le nord-ouest de la Syrie, a annoncé le président américain Joe Biden à Washington.

"Sans égard pour la vie de sa propre famille ou d'autres personnes dans l'immeuble, il a choisi de [...] faire sauter ce troisième étage, plutôt que de faire face à la justice pour les crimes qu'il a commis, emportant plusieurs membres de sa famille avec lui", a dit le président américain lors d'une brève allocution télévisée à la Maison Blanche.

Et le général américain Kenneth McKenzie de préciser qu'il s'est vu offrir une chance de se rendre par les troupes américaines, avant de finalement choisir de se faire exploser. "Il s'est tué, ainsi que sa famille proche sans combattre, alors même que nous essayions de l'appeler à se rendre et lui avons offert l'option de survivre", a déclaré le chef du Commandement central de l'armée américaine.

En octobre 2019, l'ancien chef de l'EI, Abou Bakr al-Baghdadi avait été tué dans un raid américain dans la région d'Idleb. Le raid contre son successeur, beaucoup moins connu du grand public, a duré environ deux heures dans la nuit de mercredi à jeudi, ont précisé des responsables américains.

Feu vert mardi déjà

"Toutes les victimes", dont le nombre reste à déterminer, sont le résultat d'actions des djihadistes, qu'il s'agisse de la détonation causée par Ibrahim al-Hachimi al-Qourachi (lire aussi encadré) ou de l'affrontement engagé par l'un de ses lieutenants dans le bâtiment, ont-ils assuré.

Le président américain a dit avoir privilégié une opération commando, "beaucoup plus risquée" pour les soldats américains, plutôt qu'une frappe aérienne, par égard pour les civils.

Aucun militaire américain n'a été blessé ou tué dans l'opération. Les Etats-Unis ont toutefois, selon des sources de la Maison Blanche, eu un problème technique sur un hélicoptère, qu'ils ont détruit sur un site à l'écart du raid lui-même.

Joe Biden, qui selon un haut responsable de la Maison Blanche a donné son feu vert à l'opération mardi, a assuré que les Etats-Unis restaient engagés dans la lutte contre le terrorisme, avertissant ainsi les leaders de groupes djihadistes: "Nous sommes à vos trousses et nous vous trouverons."

Treize morts

D'après l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les militaires américains ont atterri en hélicoptère près de camps de déplacés de la localité d'Atmé, une région de la province d'Idleb.

Treize personnes ont été tuées, dont quatre femmes et trois enfants, a indiqué l'ONG sans aucune précision sur les victimes.

Selon des correspondants de l'AFP à Atmé, l'opération a visé un bâtiment de deux étages dans une zone entourée d'arbres. Une partie du bâtiment a été détruite et le parterre des pièces était couvert de sang.

Une vue de la zone où l'opération américaine a eu lieu, le 3 février 2022, dans le village d'Atma, dans le nord-ouest de la Syrie. [Keystone - Yahya Nemah]

Le raid est intervenu quelques jours après la fin d'un assaut de l'EI contre une prison tenue par les FDS, la plus importante offensive du groupe djihadiste depuis sa défaite territoriale en Syrie en 2019.

>> Relire : Les Kurdes reprennent une prison six jours après un assaut de l'EI en Syrie

Malgré la perte de ses fiefs en Syrie et en Irak voisin, l'EI continue de mener des attaques à travers des cellules dormantes. La guerre complexe en Syrie, pays morcelé où interviennent différents protagonistes, a fait environ 500'000 morts depuis 2011.

ats/asch

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Un "horrible terroriste"

Ibrahim al-Hachimi al-Qourachi, de nationalité irakienne, avait succédé fin octobre 2019 à la tête du groupe djihadiste Etat islamique (EI) - responsable de nombreuses atrocités et exactions et d'attentats au Moyen-Orient et dans plusieurs pays occidentaux - mais il n'avait été formellement identifié qu'après plusieurs mois par les services secrets irakiens et américains.

Joe Biden l'a décrit comme un "horrible terroriste", "responsable" d'une récente attaque contre une prison en Syrie, et "pilote du génocide" et des viols de masse contre la minorité turcophone des Yazidis.

Surnommé "le professeur" ou le "destructeur", Amir Mohammed Saïd Abdel Rahman al-Mawla était un djihadiste aux multiples alias, présenté par l'EI comme "l'émir" Abou Ibrahim al-Hachimi al-Qourachi depuis son accession à la tête du groupe djihadiste.

Soutien de la Russie

Après l'annonce du raid, la Russie a déclaré jeudi "soutenir" les efforts "antiterroristes" de Washington.

"Nous soutenons les efforts des autres Etats, y compris membres de la coalition internationale menée par les Etats-Unis, dans le domaine antiterroriste", a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.

Il a souligné que la Russie était "prête à coopérer avec tous les pays intéressés" pour lutter contre cette menace.