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Des frappes aériennes ont tué plus de cent civils au Tigré depuis début janvier

Des villageois retournent à leur villages et passent à côté de véhicule brûlés au Tigré. Image d'illustration [REUTERS - GIULIA PARAVICINI]
Des frappes aériennes éthiopiennes ont tué plus de cent civils au Tigré / Le Journal horaire / 22 sec. / le 14 janvier 2022
Au moins 108 civils ont été tués et 75 blessés depuis janvier dans des frappes aériennes qui auraient été menées par les forces aériennes éthiopiennes dans la région du Tigré, a indiqué l'ONU vendredi, évoquant de possibles crimes de guerre.

"Nous sommes alarmés par les multiples informations profondément troublantes que nous continuons de recevoir concernant les victimes civiles et la destruction de biens civils résultant des frappes aériennes dans la région du Tigré, en Ethiopie", a déclaré une porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme.

A ce jour, la frappe aérienne la plus meurtrière a touché le camp de déplacés de la ville de Dedebit le 7 janvier, faisant des dizaines de morts et de blessés. "Nous avons depuis établi que trois des personnes grièvement blessées sont décédées à l'hôpital (...), ce qui porte le bilan de cette seule frappe à au moins 59 morts", a indiqué la porte-parole.

De possibles crimes de guerre

Le Tigré est le théâtre depuis 14 mois d'un conflit armé entre gouvernement fédéral et anciennes autorités locales, issues du Front de libération du Peuple du Tigré (TPLF), qui a dirigé l'Ethiopie durant près de 30 ans jusqu'à l'arrivée au pouvoir d'Abiy Ahmed en 2018.

Couronné du Nobel de la paix l'année suivant sa prise de fonctions, il a envoyé en novembre 2020 l'armée fédérale au Tigré pour en destituer les autorités régionales qui contestaient son autorité depuis plusieurs mois et qu'il accusait d'avoir attaqué des bases militaires.

En novembre de l'année passée, une enquête de l'ONU concluait que des violations équivalentes à des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre avaient été commises dans ce conflit. Toutes les parties étaient responsables d'abus, indiquait le rapport.

>> Les détails : Une enquête de l'ONU confirme des crimes contre l'humanité en Ethiopie

Détentions arbitraires préoccupantes

Le Haut-Commissariat est également préoccupé par "la poursuite des arrestations et des détentions arbitraires" dans le cadre de l'état d'urgence en vigueur dans le pays.

L'ONU salue la libération de plusieurs détenus, notamment des figures clés de l'opposition qui étaient en détention depuis de nombreux mois, mais nous restons préoccupés par le fait que de nombreuses autres personnes - plusieurs centaines au moins - restent détenues pour une durée indéterminée dans des conditions épouvantables.

afp/ami

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"Au bord d'une catastrophe humanitaire majeure"

Le Tigré est par ailleurs soumis, selon l'ONU, à un "blocus de facto" de l'aide humanitaire. "Nous sommes au bord d'une catastrophe humanitaire majeure", a prévenu un porte-parole du Programme alimentaire mondial.

>> Lire aussi : Activités humanitaires suspendues au Tigré après une attaque meurtrière

Le PAM est sur le point de devoir suspendre ses opérations d'assistance alimentaire dans le nord de l'Ethiopie en raison des combats qui empêchent l'acheminement du carburant et des vivres.

Aucun convoi du PAM n'a atteint Mekele (la capitale du Tigré, ndlr) depuis la mi-décembre, a indiqué M. Phiri. Les stocks de vivres et de carburant seraient presque épuisés.

Le PAM réclame des "garanties immédiates" de la part de toutes les parties au conflit afin de mettre en place des couloirs humanitaires terrestres dans le nord de l'Ethiopie.