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Le Kenya va fermer deux des plus grands camps de réfugiés au monde

Le camp de réfugiés de Kakuma au Kenya. [Keystone - Dai Kurokawa]
Zoom - Le Kenya prévoit de fermer deux camps où sont réfugiés 230'000 personnes / La Matinale / 2 min. / le 7 décembre 2021
Le gouvernement kenyan a prévu de démanteler les camps de réfugiés de Kakuma et de Dadaab, deux des plus grands au monde, en juin 2022. Les ONG s'inquiètent du sort des quelque 400'000 personnes concernées.

Avant la fuite des Rohingas de Birmanie vers Cox Bazar, au Bangladesh, le camp de Dadaab, au Kenya, était le plus grand au monde. Selon les chiffres du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), 220'000 personnes y vivent. Elles sont arrivées de Somalie en vagues successives, suite à la guerre civile qui a ravagé le pays en 1991 et après la sécheresse de 2011 et la famine qui a suivi.

A Kakouma, les réfugiés sont arrivés en 2014 suite à la guerre civile qui a touché le Sud Soudan.

Nairobi évoque une question de sécurité

Pour le gouvernement kenyan, la fermeture de ces deux camps est une question de sécurité. Selon Nairobi, des attaques terroristes et des attentats auraient par exemple été planifiés depuis Dadaab. Dangereux et incontrôlable, le camp serait devenu un repaire de shebabs, les terroristes islamistes somaliens

En mars dernier, les autorités kenyanes avaient donné deux semaines au HCR pour présenter un plan rapide de démantèlement des camps, plan qui a finalement été reporté.

Des réfugiés "piégés" depuis des décennies

La fermeture est désormais agendée à juin 2022 et cette décision inquiète les ONG et les spécialistes de l'humanitaire et de l'asile. C'est le cas notamment de Médecins sans Frontières (MSF). Dans un rapport publié lundi, l'organisation constate que les réfugiés sont piégés dans les camps depuis trois décennies: ils ne rentrent pas dans leur pays, toujours très instable et ravagé par la violence, l'insécurité ou la famine.

Face à l'incertitude qui s'annonce, les dons diminuent et les organisations d'aide comme le Programme alimentaire mondial (PAM), par exemple, ont déjà revu leur assistance à la baisse.

MSF souhaite qu'un plan d'intégration des réfugiés soit mis en œuvre au Kenya et dans d'autres pays d'accueil. C'est ce que demande d'ailleurs le Pacte mondial sur les réfugiés signé en 2018.

Une intégration quasiment impossible

Dadaab est devenu au fil des ans une petite ville. [AFP - Tony Karumba]
Dadaab est devenu au fil des ans une petite ville. [AFP - Tony Karumba]

Beaucoup de déplacés sont nés à Dadaab et ne connaissent rien d'autre que la vie dans ce camp devenu une véritable ville. Ils souhaitent rester au Kenya, mais ne peuvent ni travailler, ni voyager, ni étudier. C'est autant d'obstacles à leur intégration.

L'accueil par d'autres pays tiers, lui, était déjà compliqué mais la pandémie de Covid-19 a encore complexifié les choses. De moins en moins d'Etats sont prêts à accepter des réfugiés des camps kenyans.

Et comme il y a peu de chances que les déplacés rentrent chez eux volontairement, ils pourraient se disperser dans la nature après la fermeture des camps. Avec tous les risques de pauvreté, d'instabilité, de criminalité, d'immigration clandestine et de tensions sociales qu'une telle situation pourrait engendrer.

Nicolas Vultier/oang

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