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L'Union européenne va adopter de nouvelles sanctions contre la Biélorussie

Comment le régime biélorusse instrumentalise les migrants pour orchestrer une crise migratoire avec l'UE.
Comment le régime biélorusse instrumentalise les migrants pour orchestrer une crise migratoire avec l'UE. / 19h30 / 2 min. / le 15 novembre 2021
L'Union européenne va adopter "dans les prochains jours" de nouvelles sanctions contre des personnes et organisations contribuant à l'afflux de milliers de migrants à la frontière polonaise, orchestré selon les Occidentaux par la Biélorussie, a annoncé lundi le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell.

"Nous nous sommes mis d'accord sur l'adoption d'un nouveau train de sanctions (...). Il sera finalisé dans les prochains jours", a déclaré Josep Borrell, à l'issue d'une réunion des ministres des Affaires étrangères des Vingt-Sept à Bruxelles. Ces sanctions toucheront "un nombre important de personnes" et d'entités, a-t-il affirmé, sans préciser leur nombre ni leur identité.

"Concernant l'afflux de réfugiés, les choses reviennent sous contrôle", a estimé encore Josep Borrell, qui s'est entretenu dimanche avec le ministre biélorusse des Affaires étrangères Vladimir Makei. Il s'agissait du premier contact de haut niveau entre l'UE et Minsk depuis le début de cette crise.

"Nous ne voulons aucun conflit"

De son côté Alexandre Loukachenko a affirmé lundi que la Biélorussie travaille "activement" à faire rentrer chez eux les migrants campant à la frontière entre son pays et l'UE, tout en soutenant que ces derniers ne souhaitaient pas partir. "Nous sommes prêts, comme nous l'avons toujours fait, à les mettre tous dans des avions [...] qui les ramèneront à la maison", a-t-il dit, selon l'agence d'Etat Belta. "Un travail actif est en cours pour convaincre ces gens, mais personne ne veut rentrer", a-t-il ajouté.

Des milliers de migrants, la plupart originaires du Moyen-Orient, campent depuis plusieurs jours à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie, sous des températures glaciales.

>> Relire des témoignages de migrants : "On était comme des balles avec lesquelles jouaient les passeurs", témoigne un migrant bloqué entre Pologne et Biélorussie

"Je tiens à le souligner, nous ne voulons aucun conflit à notre frontière. Ce serait pour nous absolument dommageable", a aussi déclaré le président biélorusse, toujours selon Belta, accusant en parallèle la Pologne "d'avoir besoin" de cette crise à causes de ses "problèmes internes" et de tensions avec ses partenaires de l'UE.

L'UE accuse Minsk d'avoir organisé ces mouvements migratoires, en délivrant des visas et en affrétant des vols, pour se venger des sanctions occidentales imposées au régime d'Alexandre Loukachenko l'an dernier après la brutale répression d'opposants. "Nous n'avons jamais fait ça et nous n'avons pas l'intention de le faire", a martelé quant à lui l'homme fort de la Biélorussie, mettant également en garde l'UE. "Ils veulent faire peur avec des sanctions, ils pensent que je blague mais rien de tel, nous allons nous défendre", a-t-il prévenu.

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Des vols interrompus

Dans ce contexte, la compagnie aérienne biélorusse Belavia a annoncé dimanche que Syriens, Irakiens, Afghans et Yéménites étaient désormais interdits de vol depuis Dubaï vers la Biélorussie.

"Conformément à la décision des autorités compétentes des Emirats arabes unis, les citoyens d'Afghanistan, d'Irak, de Yémen et de Syrie ne seront pas autorisés à partir du 14 novembre 2021 à bord des vols en provenance de Dubaï à destination de la Biélorussie", a indiqué Belavia dans un communiqué.

Suite aux pressions des diplomates européens, la Turquie a également interdit aux Irakiens, aux Syriens et aux Yéménites de se rendre en Biélorussie. La compagnie syrienne privée Cham Wings Airlines a également interrompu ses vols vers Minsk.

agences/iar/vkiss

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La Russie défend Minsk

Le Kremlin a jugé lundi "erroné" de rejeter la responsabilité de la crise migratoire à la frontière polono-biélorusse sur le président Alexandre Loukachenko.

"Rejeter toute la responsabilité sur Loukachenko, sur la partie biélorusse, c'est tout à fait erroné", a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, déplorant que l'UE "fasse abstraction des idéaux européens d'humanisme" alors que des milliers de migrants sont bloqués dans le froid sous des tentes de fortune à la frontière avec la Pologne.

Le Kremlin a également rejeté les accusations de Varsovie qui considère Moscou comme le commanditaire de la crise migratoire, sur fond de tensions russo-occidentales sans cesse croissantes.

Foule de migrants à la frontière

Une foule de migrants s'est rassemblée lundi à un poste frontalier fermé entre la Pologne et la Biélorussie, selon les images vidéos publiées par les gardes-frontières et l'armée polonaises.

"De plus en plus de groupes de migrants sont acheminés au poste frontalier de Kuznica par les forces biélorusses", a indiqué le ministère polonais de la Défense sur Twitter, alors que des vidéos semblaient montrer des centaines de migrants face aux rangées de policiers et de soldats polonais.

Selon le vice-ministre de l'Intérieur Maciej Wasik, des "milliers de migrants" se trouvent à ce point de passage. "Les forces polonaises sont préparées à tout scénario", a-t-il souligné. Le service de presse des gardes-frontières a indiqué quant à lui que "des immigrants illégaux se rassemblent au poste frontière depuis le matin" et qu'"une tentative est en préparation pour forcer la frontière".

Les vidéos publiées n'ont pas pu être vérifiées de manière indépendante car la Pologne a interdit aux journalistes l'accès à la zone frontalière immédiate, en vertu des règles de l'état d'urgence instauré sur place.

Washington prépare à son tour de nouvelles sanctions

Les Etats-Unis ont annoncé lundi soir préparer de nouvelles sanctions contre la Biélorussie en coordination avec l'Union européenne, pour dénoncer l'exploitation "inhumaine" des flux migratoires.

"Nous allons continuer à réclamer des comptes" au pouvoir du président Alexandre Loukachenko "pour ses attaques persistantes contre la démocratie, les droits humains et les normes internationales", a prévenu le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price devant la presse.