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Des tirs nourris lors d'une manifestation font plusieurs morts à Beyrouth

Une manifestation violente à Beyrouth a fait 6 morts et 30 blessés
Une manifestation violente à Beyrouth a fait 6 morts et 30 blessés / 19h30 / 1 min. / le 14 octobre 2021
Une manifestation a dégénéré jeudi à Beyrouth, la capitale libanaise, dans un contexte de grave crise économique. Au moins six personnes ont été tuées et 30 blessées, alors que des tirs nourris et des explosions résonnaient non loin du Palais de justice.

Des centaines de personnes étaient rassemblées pour cette manifestation à l'appel du Hezbollah libanais, qui visait principalement à mettre la pression sur le juge en charge de l’enquête sur l'explosion du port de Beyrouth du 4 août 2020, accusé de ne pas être "indépendant". Son portrait a d’ailleurs été brûlé par des manifestants.

Mercredi, le chef des Forces libanaises, majoritairement chrétien, avait lui appelé à réagir contre cette manifestation prévue devant le Palais de justice.

>> Les précisions dans le 12h45 :

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Des affrontements armés en plein Beyrouth en marge d'une manifestation organisée par le Hezbollah et ses alliés / L'actu en vidéo / 55 sec. / le 14 octobre 2021

Selon des témoins sur place, des hommes armés sont déployés près d'une artère qui sépare des quartiers musulmans et chrétiens. L'armée s'est déployée également, avec la présence notamment de chars dans les rues. Les civils ont été appelés à fuir le quartier pour se mettre à l'abri. Les militaires ont prévenu qu'ils ouvriraient le feu contre tout milicien.

Snipers et combattants cagoulés

Lorsque la situation a dégénéré, des échanges de tirs ont eu lieu en pleine rue, de plusieurs directions et de plus en plus nourris. Il s'agit principalement de tirs à l'arme légère, mais plusieurs explosions dues à des lance-roquettes ont également eu lieu. Selon des vidéos qui circulent, il s'agit principalement de tireurs embusqués, mais aussi de combattants cagoulés dans des rues.

>> Le récit d'Annabelle Durand, envoyée spéciale à Beyrouth, dans le 19h30 :

Annabelle Durand, envoyée spéciale de la RTS, en direct depuis Beyrouth
Annabelle Durand, envoyée spéciale de la RTS, en direct depuis Beyrouth / 19h30 / 1 min. / le 14 octobre 2021

La séquence des événements qui a mené à l'embrasement reste cependant confuse. Selon un médecin à l'hôpital al-Sahel dans la banlieue sud de Beyrouth, un homme a été tué par un tir à la tête, un deuxième a été atteint à la poitrine, et une femme de 24 ans a été tuée par une balle perdue alors qu'elle se trouvait chez elle.

Le Liban est en plein déliquessence politique et économique depuis plusieurs mois, frappé par une grave crise économique ainsi que par la pandémie. De son côté, le Premier ministre Nagib Mikati a appelé au retour au calme et mis en garde contre les tentatives d'entraîner le Liban dans un cycle de violence.

>> Le sujet du 12h30 :

Le Hezbollah et ses alliés ont appelé à manifester contre le juge d’instruction qui dirige l’enquête sur l’explosion dans le port de Beyrouth. [Keystone - Hussein Malla / AP Photo]Keystone - Hussein Malla / AP Photo
Un mort et cinq blessés par balle au cours d’une manifestation à Beyrouth / Le 12h30 / 1 min. / le 14 octobre 2021

Tristan Dessert/Laure Stephan/jop

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Tensions politico-religieuses

La manifestation s'est déroulée à l'endroit même où se regroupent régulièrement les proches des victimes de l'explosion d'août 2020 pour demander que l'enquête aboutisse. Elle s'est produite juste après que la Cour de cassation a rejeté des plaintes d'anciens ministres à l'encontre du juge Tareq Bitar, lui permettant de reprendre ses investigations.

Mardi, ce dernier avait émis un mandat d'arrêt contre le député et ex-ministre des Finances Ali Hassan Khalil, membre du mouvement chiite Amal, allié du Hezbollah. Mais il a été aussitôt contraint de suspendre son enquête après de nouvelles plaintes.

Les ministres chiites opposés aux reste du gouvernement

L'affaire a failli faire imploser mardi une réunion houleuse du gouvernement de Nagib Mikati, formé en septembre après un blocage politique de près d'un an, les ministres relevant du Hezbollah et d'Amal ayant demandé que le juge soit remplacé, ce à quoi ce sont opposés d'autres membres du cabinet.

L'explosion survenue le 4 août 2020 et causée par le stockage sans mesures de précaution d'énormes quantités de nitrate d'ammonium a fait au moins 214 morts, plus de 6500 blessés et dévasté plusieurs quartiers de la capitale. Pointées du doigt pour négligence criminelle, les autorités refusent toute investigation internationale et sont accusées par les familles des victimes et des ONG de torpiller l'enquête locale.

>> Sur le même sujet : Après 13 mois d'attente, le Liban forme un nouveau gouvernement