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L'Algérie rappelle son ambassadeur à Paris après des propos d'Emmanuel Macron

Le président algérien Abdelmajid Tebboune. [AFP/NurPhoto - Billal Bensalem]
Des propos d'Emmanuel Macron provoquent le rappel par l'Algérie de son ambassadeur en France / Le Journal horaire / 44 sec. / le 3 octobre 2021
L'Algérie a annoncé samedi le "rappel immédiat pour consultation" de son ambassadeur en France en raison de déclarations attribuées au président français Emmanuel Macron. Ce dernier avait parlé d'un "système politico-militaire" pour décrire le pouvoir à Alger.

La présidence algérienne a dit exprimer dans un communiqué de presse son "rejet de toute ingérence dans ses affaires intérieures", précisant réagir à des propos non démentis que "plusieurs sources françaises" ont attribués nommément à Emmanuel Macron. Le rappel a été décidé en réaction face à une "situation particulièrement inadmissible engendrée par ces propos irresponsables". Les médias algériens, eux, évoquent des déclarations "acerbes" et un "dérapage" de la part du président français.

Les propos d'Emmanuel Macron ont été diffusés samedi par le journal Le Monde dans un article qui relate une rencontre ayant eu lieu jeudi entre le président et de jeunes descendants de protagonistes de la guerre d'Algérie (1954-1962). Le président français aurait estimé qu'après son indépendance en 1962, l'Algérie s'est construite sur "une rente mémorielle", entretenue par "le système politico-militaire".

Selon le quotidien français, Emmanuel Macron a aussi évoqué "une histoire officielle totalement réécrite" qui "ne s'appuie pas sur des vérités" mais sur "un discours qui repose sur une haine de la France". Il aurait assuré ensuite en réponse à une jeune fille qui a grandi à Alger ne pas penser qu'il y ait une "haine" contre la France "de la société algérienne dans ses profondeurs, mais du système politico-militaire qui s'est construit sur cette rente mémorielle".

"Le système algérien est fatigué"

Le président français aurait également dit: "On voit que le système algérien est fatigué, le Hirak (le mouvement pro-démocratie, à l'origine de la démission en 2019 du président Abdelaziz Bouteflika, récemment décédé, NDLR) l'a fragilisé". Il a ensuite assuré avoir "un bon dialogue" avec le président algérien Abdelmajid Tebboune", ajoutant qu'il le voyait "pris dans un système qui est très dur".

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Pour les médias locaux, un autre passage des déclarations d'Emmanuel Macron est une pomme de discorde. "Est-ce qu'il y avait une nation algérienne avant la colonisation française? Ça, c'est la question", se serait interrogé le président français, en rappelant qu'il y a eu "de précédentes colonisations". Avant de se dire, selon Le Monde, "fasciné de voir la capacité qu'a la Turquie à faire totalement oublier le rôle qu'elle a joué en Algérie et la domination qu'elle a exercée", en allusion à l'Empire ottoman.

Accusé d'absoudre le colonialisme

Sous le titre "Macron au vitriol sur le 'système algérien'", le média francophone 24H Algérie a estimé que le président français avait parlé "comme tous les 'historiens' et les 'intellectuels' de la droite et de l'extrême droite, allergiques à toute remise en cause de 'l'héritage' colonial français et de la reconnaissance des crimes coloniaux massifs commis en Algérie et ailleurs en Afrique".

Les déclarations attribuées à Emmanuel Macron ont provoqué une tempête aussi sur les réseaux sociaux, beaucoup reliant ses déclarations à la campagne présidentielle en France "pour couper l'herbe sous le pied d'Eric Zemmour, le journaliste polémiste qui marche sur les plates-bandes de l'extrême droite et se dit décidé à être candidat.

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afp/vic

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Réduire les visas pour "ennuyer les gens qui sont dans le milieu dirigeant"

Mercredi dernier, l'ambassadeur de France François Gouyette avait déjà été convoqué au ministère des Affaires étrangères algérien pour se voir notifier "une protestation formelle" après la décision de Paris de réduire de moitié les visas accordés aux Algériens souhaitant se rendre en France.

Paris avait pris cette décision en invoquant le refus de l'Algérie, ainsi que du Maroc et de la Tunisie, de délivrer les laissez-passer consulaires nécessaires au retour des immigrés refoulés de France.

Revenant sur ce point dans l'article du Monde, Emmanuel Macron a souligné à l'attention de ses jeunes interlocuteurs que la réduction des visas n'aura "pas d'impact" pour les étudiants et milieux d'affaires. L'idée est "d'ennuyer les gens qui sont dans le milieu dirigeant" et qui "avaient l'habitude de demander des visas facilement", a-t-il expliqué.

Espace aérien algérien fermé aux avions militaires français

L'Algérie a interdit le survol de son territoire aux avions militaires français, a indiqué dimanche un porte-parole de l'état-major français. Les avions français empruntent d'habitude son espace aérien pour rejoindre ou quitter la bande sahélo-saharienne.

"Ce matin, en déposant les plans de vol de deux avions, nous avons appris que les Algériens fermaient le survol de son territoire aux avions militaires français", a déclaré à l'AFP le colonel Pascal Ianni, confirmant des informations révélées par le quotidien Le Figaro. Selon lui, toutefois, "cela n'affecte ni les opérations ni les missions de renseignement" menées par la France au Sahel.