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Les Singapouriens boivent l'eau des égouts et en font une fierté nationale

Singapour est en pointe dans le recyclage des eaux usées. [Reuters - Kevin Lam]
Les Singapouriens boivent l'eau des égouts et en font une fierté nationale / Le 12h30 / 2 min. / le 19 septembre 2021
A Singapour, 40% des eaux usées réapparaissent dans les robinets de l'industrie et des particuliers après traitement. A l'heure où le réchauffement climatique menace les ressources d'eau potable, le pays se targue d'être un pionnier en la matière.

Alors que, dans le monde, 80% des eaux usées sont rejetées dans la nature, les habitants de Singapour boivent, eux, l'eau des égouts après son recyclage. La pratique peut paraître peu ragoûtante de prime abord, mais elle est devenue une fierté nationale dans la cité-Etat d'Asie du Sud-Est.

Rendre cette eau parfaitement potable est un miracle technologique dont Singapour s'enorgueillit, notamment à travers les nombreuses vidéos postées sur les réseaux sociaux par PUB, l’agence nationale de l’eau. "Le recyclage des eaux usées, c’est un peu comme de la magie ou de l'alchimie. Personne ne veut des eaux usées? Nous, on la convertit en une ressource utile et précieuse", vante par exemple l'une d'entre elles.

Le Premier ministre en boit en direct à la télévision

Singapour s'est habituée à l'idée de boire l'eau passée par les égouts et les toilettes d’un inconnu, note Eugene Heng, président fondateur de l’ONG Waterways Watch Society.

"On a un centre du recyclage des eaux usées que le public et les écoles peuvent aller visiter. Ils voient ainsi comment marche le système d’osmose inverse avec ses traitements par ultraviolet, par la chlorine, pour obtenir au final une eau plus pure que les standards de l’OMS. Il y a aussi une page marquante qui a convaincu beaucoup de Singapouriens et remonte à l'inauguration de ce système: notre Premier ministre de l’époque avait alors bu une bouteille de cette eau en direct à la télé", a-t-il raconté dans le journal de 12h30 de la RTS dimanche.

"Il pleut tout le temps, et pourtant on manque d'eau"

Si Singapour s’est donnée autant de mal pour repousser les barrières technologiques et psychologiques, ça n’est pas seulement par goût du défi. Malgré sa météo pluvieuse, ce petit pays est en effet soumis à un grand stress hydrique.

"Il pleut tout le temps, et pourtant on manque d'eau. Cela paraît fou, mais c’est plutôt logique: Singapour est un petit pays avec une densité parmi les plus élevées au monde. Donc il n’y a pas la place pour collecter cette eau de pluie. Il y a des infrastructures pour désaliniser l’eau de mer, mais cela prend beaucoup plus d’énergie que de recycler les eaux usées", explique le Professeur Shane Snyder, directeur de l'Environment and Water Research Institute.

Souvent les villes attendent de se retrouver face à des crises environnementales terribles pour se dire qu'il serait sans doute bien de recycler l’eau

Shane Allen Snyder, directeur de l'Environment and Water Research Institute

Pour le professeur Snyder, la façon dont Singapour économise ses ressources en eau est sans pareil, mais malheureusement difficilement réplicable: "Souvent les villes attendent de se retrouver face à des crises environnementales terribles pour se dire qu'il serait sans doute bien de recycler l’eau. Malheureusement, ce genre d’infrastructures prend énormément de temps".

Pour tâcher de rendre ses 728 km carrés de territoire plus indépendants sur le plan de l’eau, Singapour a investi près de sept milliards de francs suisses.

Sujet radio: Gabrielle Maréchaux
Adaptation web: Vincent Cherpillod

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