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"J'ai très peur quand je vois des policiers", témoigne une jeune Afghane réfugiée à Istanbul

Des réfugiés ont franchi la frontière entre Turquie et Grèce vendredi à Edirne. [Keystone - Tolga Bozoglu]
Le récit d’une réfugiée afghane de 19 ans qui a fui son pays par la Turquie / Le 12h30 / 2 min. / le 14 septembre 2021
A 19 ans, Yasemin a quitté Kaboul juste après la prise de la ville par les talibans. Réfugiée à Istanbul, la jeune femme raconte son périple et son quotidien en Turquie, entre la confusion et la peur.

Depuis la victoire des talibans en Afghanistan et le retrait des Occidentaux, des milliers d'Afghans tentent de fuir leur pays. Beaucoup d'entre eux visent la Turquie, dernière étape avant l'Europe, après un voyage éprouvant et risqué via l'Iran.

Yasemin rêvait de devenir ingénieure en informatique dans son pays, l'Afghanistan. Mais le retour des talibans a tout effacé, tout brisé. Moins d'un mois après son départ de Kaboul, la jeune femme est assise dans un café d'Istanbul, en Turquie.

"Ils ont torturé les hommes"

Dans son malheur, confie-t-elle mardi dans le 12h30, elle a eu de la chance. Yasemin n'a pas été évacuée. Avec son frère de 18 ans, elle a fui par la route - 4500 kilomètres entre Kaboul et Istanbul - en taxi, à pied, puis en car. Elle reste marquée par la traversée, à pied, de la frontière montagneuse entre l'Iran et la Turquie.

"A la frontière, on s'est fait arrêter deux fois par les gendarmes turcs. Ils ont… ils ont torturé les hommes… Comme je suis une femme, ils ne m'ont rien fait. Ils n'ont rien fait non plus à mon petit frère, mais aux autres hommes, oui beaucoup", témoigne-t-elle.

Vivre dans la clandestinité

A Istanbul, son frère a trouvé un travail dans un atelier de textile. Mal payé et non déclaré, puisqu'il est entré en Turquie par des voies illégales. Quant à Yasemin, elle évite de sortir: "J'ai très peur quand je vois des policiers. Je me demande ce que je vais faire s'ils m'arrêtent et me renvoient en Afghanistan."

Et d'ajouter: "Une fois, mon frère s'est fait contrôler. Les policiers lui ont demandé où il allait, ils lui ont demandé ses papiers. Il a dit qu'il n'avait rien et la police l'a laissé partir. C'est une question de chance."

Yasemin dit se sentir perdue. La moindre évocation de sa famille - ses parents, ses quatre frères et sœurs restés à Kaboul - embue ses yeux de grosses larmes. Elle assure qu'elle et son frère, dès qu'ils auront assez d'argent, essaieront d'aller en Europe.

Anne Andlauer/vajo

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Manifestations à Kandahar contre des expulsions ordonnées par les talibans

Des milliers d'Afghans ont manifesté mardi dans la ville de Kandahar, dans le sud du pays, après que les talibans ont ordonné l'expulsion des habitants d'un quartier résidentiel de l'armée, selon un ancien fonctionnaire du gouvernement et des images diffusée à la télévision locale.

Les manifestants se sont rassemblés devant la maison du gouverneur à Kandahar pour protester contre l'expulsion programmée d'environ 3000 familles, selon l'ancien fonctionnaire du gouvernement témoin des évènements.

Familles de militaires

Des images diffusées par les médias locaux ont montré une foule bloquant une route de la ville. Le quartier concerné est principalement occupé par des familles de généraux de l'armée à la retraite et d'autres membres des forces de sécurité afghanes.

Les familles, dont certaines vivaient dans le quartier depuis près de 30 ans, ont reçu trois jours pour quitter les lieux, a déclaré le fonctionnaire. Les porte-parole des talibans n'ont pas répondu dans l'immédiat à une demande de commentaire. (reuters).

La Suisse et 47 pays demandent une enquête sur les talibans

La Suisse et 47 pays veulent une investigation internationale sur les exactions perpétrées par les talibans. Mardi à Genève, même l'ambassadeur afghan à l'ONU s'en est pris à l'Emirat islamique.

Dans une déclaration conjointe devant le Conseil des droits de l'homme, les 48 pays se sont dits "inquiets" par les indications de violations des droits humains et du droit international humanitaire (DIH) sur le territoire afghan. Ils condamnent les "exécutions et détentions arbitraires", les violences sexuelles, les mariages forcés ou encore la destruction de certaines infrastructures.

Pas moins de trois autres déclarations conjointes sur l'Afghanistan ont été lancées mardi devant l'instance onusienne. Dont deux portées par la Chine qui demande, avec six ennemis des Etats-Unis, une investigation et des poursuites sur les crimes américains contre les civils.