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La Chine refuse une nouvelle enquête de l'OMS - Le suivi du Covid-19 dans le monde

La désinfection d'un hôtel à Shanghai, en Chine. [Keystone - AP Photo/Andy Wong]
La désinfection d'un hôtel à Shanghai, en Chine. - [Keystone - AP Photo/Andy Wong]
La Chine ne souhaite pas que l'Organisation mondiale de la santé vienne à nouveau enquêter sur son territoire pour rechercher les origines du Covid-19, privilégiant une approche "scientifique" et non "politique".

La pandémie de coronavirus a fait au moins 4'333'013 morts dans le monde depuis que le bureau de l'OMS en Chine a fait état de l'apparition de la maladie fin décembre 2019, selon un bilan établi par l'AFP à partir de sources officielles vendredi.

Les pays qui ont enregistré le plus de nouveaux décès dans leurs derniers bilans sont l'Indonésie avec 1466 nouveaux morts, le Brésil (1148) et la Russie (815).

Les États-Unis sont le pays le plus touché avec 619'093 décès devant le Brésil avec 566'896 morts, l'Inde avec 430'254 morts, le Mexique avec 246'811 morts et le Pérou avec 197'209 morts.

CHINE - Pékin refuse une nouvelle enquête de l'OMS

La Chine a rejeté vendredi l'appel de l'Organisation mondiale de la santé pour une nouvelle enquête sur son territoire pour rechercher les origines du Covid-19, exhortant à une approche "scientifique" et non "politique". La crédibilité de l'organisation est désormais mise à mal face à ce nouveau refus (voir encadré).

"Nous sommes opposés à la politisation de la recherche des origines (...) et à l'abandon du rapport conjoint" Chine-OMS publié après la visite d'experts internationaux en janvier à Wuhan, a indiqué la vice-ministre des Affaires étrangères. "Nous soutenons une recherche basée sur la science."

L'OMS a demandé jeudi à tous les pays, et en particulier à la Chine où la fuite d'un laboratoire est suspectée, de publier "toutes les données sur le virus". Pour Peter Embarek, chef de la délégation de scientifiques internationaux envoyés en Chine pour déceler l'origine du Covid, la fuite du virus d'un laboratoire de Wuhan, la ville chinoise où les premiers cas ont été détectés fin 2019, fait partie des hypothèses "probables".

Une équipe d'experts internationaux envoyés par l'OMS s'était rendue à Wuhan en janvier 2021. Leur rapport, rédigé en collaboration avec des spécialistes chinois, n'avait pas permis d'établir de conclusion définitive sur l'origine du virus.

INDONESIE - Beaucoup d'enfants parmi les victimes

L'Indonésie affiche l'un des taux de mortalité les plus élevés au monde pour les enfants, selon l'association nationale des pédiatres et l'ONG Save the Children. Quelque 400'000 Indonésiens de moins de 17 ans ont été infectés pendant la pandémie même si le faible nombre de tests et une transmission des données officielles peu consistante rend les comparaisons hasardeuses.

Le virus a fait plus de 1200 victimes chez les enfants, dont la moitié environ chez les moins de un an, avec une majorité des décès enregistrés en juin et juillet quand la vague était au plus haut, selon les données du ministère de la Santé et les experts. La malnutrition, un manque de soins médicaux et un faible taux de vaccination expliquent en partie le phénomène.

L'Indonésie, où moins de 10% des 270 millions d'habitants sont entièrement vaccinés, a commencé le mois dernier à inoculer les enfants de 12 à 17 ans et les femmes enceintes.

ISRAEL - Une troisième dose dès 50 ans

Le gouvernement israélien a abaissé dans la nuit de jeudi à vendredi à 50 ans l'âge minimum pour se faire administrer une troisième dose de vaccin.

L'Etat hébreu avait lancé il y a deux semaines une initiative afin de permettre aux personnes âgées de 60 ans et plus de se faire administrer une troisième dose du vaccin Pfizer/BioNTech et ce, bien que l'agence américaine du médicament n'a pas statué sur cette pratique.

Cette campagne a permis d'administrer des doses de rappel à plus de 770'000 Israéliens, selon les dernières données du ministère de la santé. Dans la foulée, le Premier ministre israélien Naftali Bennett a annoncé que l'âge minimum pour recevoir cette dose de rappel avait été abaissé à 50 ans.

Israël est frappé de plein fouet ces dernières semaines par une nouvelle vague d’infections à cause du variant Delta. Les hôpitaux font état de 450 cas graves, le chiffre le plus haut depuis mars. Et ce alors que plus de 80% des adultes ont été entièrement vaccinés, une couverture vaccinale qui fait son effet: moins de 1% des 42'000 personnes atteintes aujourd'hui souffrent d’une forme grave de la maladie.

>> Le reportage de La Matinale :

Des personnes masquées à Jérusalem. [Keystone - EPA/Abir Sultan]Keystone - EPA/Abir Sultan
Israël frappé de plein fouet par la nouvelle vague d’infections au coronavirus / La Matinale / 1 min. / le 13 août 2021

ETATS-UNIS - Une troisième dose pour les personnes immunodéprimées

Les Etats-Unis ont autorisé l'injection d'une troisième dose de vaccin Pfizer ou Moderna contre le Covid-19 pour les personnes au système immunitaire affaibli, en raison par exemple d'une greffe d'organe ou d'une maladie, comme le sida ou un cancer. Cela représente environ 3% des adultes.

"Le pays est entré dans une nouvelle vague de la pandémie de Covid-19, et la FDA a pleinement conscience du fait que les personnes immunodéprimées sont particulièrement à risque de contracter une maladie grave", a expliqué Janet Woodcock, de l'Agence américaine des médicaments. Chez elles, la réponse immunitaire déclenchée par l'injection du vaccin est moins forte que chez les personnes en bonne santé.

"Les autres personnes qui ont le schéma vaccinal complet sont dûment protégées et n'ont pas besoin d'une dose supplémentaire de vaccin anti-Covid à ce jour", a-t-elle ajouté.

Au début du mois, l'OMS avait réclamé un moratoire sur les doses de rappel pour combattre l'inégalité entre les pays riches, où les vaccins abondent, et les pays pauvres, qui n'ont pu immuniser qu'une faible partie de leur population. Les Etats-Unis ont rejeté cet appel, estimant qu'ils n'avaient "pas besoin" de choisir entre administrer une troisième dose à leurs citoyens ou en faire don à des pays pauvres.

Les vaccins sont gratuits et largement disponibles aux Etats-Unis, mais seule la moitié de la population est entièrement vaccinée. Le rythme de vaccination dans le pays a ralenti en particulier dans les régions politiquement conservatrices du Sud et du Midwest, et chez les plus jeunes, les personnes à faible revenu et les minorités raciales.

CANADA - Vaccin obligatoire dans la fonction publique

Le gouvernement canadien a annoncé vendredi que tous les fonctionnaires fédéraux devront être vaccinés contre le Covid-19. Le pays fait d'ores et déjà face à une quatrième vague liée au variant Delta.

"Nous exigerons la vaccination dans la fonction publique fédérale", a annoncé le ministre des Affaires intergouvernementales Dominic LeBlanc. La date d'entrée en vigueur de cette mesure sera précisée au cours des prochaines semaines, mais devrait s'appliquer "rapidement" et au plus tard au mois d'octobre pour le secteur des transports.

"Tous ces efforts visent à aider le Canada à atteindre la couverture vaccinale dont nous avons besoin pour rouvrir notre économie, pour la garder ouverte et pour protéger des milliers de personnes", a-t-il ajouté. Le gouvernement canadien est "le plus important employeur au pays", a rappelé le ministre, la fonction publique fédérale recensant environ 300'000 employés, selon des chiffres d'Ottawa.

Vendredi, 71% des 38 millions de Canadiens avaient reçu une dose d'un vaccin contre le Covid-19, et près de 62% étaient complètement vaccinés.

NORVÈGE - Réouverture totale sous couvert de vaccination complète

Afin de se prémunir d'une nouvelle vague de l'épidémie, la levée quasi-totale des restrictions sanitaires en Norvège sera conditionnée à la vaccination de toute sa population, a annoncé vendredi le gouvernement. Ainsi, l'ultime étape de levée de restrictions, déjà repoussée à deux reprises, "sera mise en oeuvre trois semaines après que toute personne âgée de plus de 18 ans se sera vue offrir la première dose de vaccin", selon le gouvernement, qui table désormais sur une levée autour du 6 septembre.

A ce jour, quelque 87,2% de la population adulte a reçu au moins une première dose de vaccin en Norvège. Mais à quelques jours de la rentrée scolaire, les autorités craignent une augmentation de l'infection. Pour cette raison, le ministre norvégien de la Santé a maintenu pour "les trois prochaines semaines" des mesures restrictives, y compris pour les personnes vaccinées.

DANEMARK - Le masque n'est plus obligatoire

Le ministère des Transports a annoncé la levée de l'obligation du port du masque dans les transports publics, seul endroit où il était encore exigé, conséquence de l'assouplissement des règles de distanciation sociale.

"Nous sommes maintenant dans une situation (...) où une grande partie de la population est vaccinée, et nous retournons à une vie quotidienne plus normale. Cela signifie que nous pouvons dire adieu aux masques dans les bus, les trains et le métro", a dit le ministre des Transports Benny Engelbrecht. L'obligation, introduite le 22 août 2020, disparaît à partir du samedi 14 août. Initialement, sa levée était prévue pour le 1er septembre.

Mercredi, les autorités sanitaires du royaume, qui compte environ un millier de nouvelles contaminations par jour, avaient adouci leurs recommandations de distanciation sociale, arguant de l'importante couverture vaccinale (plus de 60% de la population).

ESPAGNE - Vaccination à toute allure

Parmi les principaux pays de l'UE, l'Espagne fait figure de leader de la vaccination contre le Covid-19. Une confiance inébranlable de la population dans son système de santé et les vaccins et une forte solidarité familiale sont à la base de ce succès.

L'Espagne a déjà complètement vacciné environ 61% de sa population, contre près de 58% en Italie, 56% en France et 55% en Allemagne. Hors UE, elle fait également mieux que le Royaume-uni (58,5%) et les Etats-Unis (un peu plus de 50%) ou que la Suisse (moins de 50%).

En outre, plus de 70% des Espagnols ont déjà reçu au moins une dose, dans le cas des vaccins qui en nécessitent deux. Ces données rendent superflus les débats sur des mesures telles que l'obligation de vaccination ou le certificat sanitaire, qui ont provoqué des manifestations dans certains pays européens.

L'un des "éléments-clés" du succès de la campagne de vaccination en Espagne a été "la confiance dans le système de santé", explique Josep Lobera, professeur de sociologie à l'université autonome de Madrid. Membre du comité national pour la stratégie de vaccination, il a été chargé par les autorités d'étudier comment les Espagnols allaient accepter le vaccin.

ROYAUME-UNI - Toujours pas de reconnaissance pour les vaccins externes

Les vaccins qui ne sont pas faits au Royaume-Uni à ne pas y être reconnus.

Pour certains touristes, expatriés ou même employés européens, c’est l'agacement. Leur vaccin n’est pas toujours reconnu, et ils se font refuser l’entrée de certains lieux. Il faut utiliser le pass sanitaire anglais, et seuls les vaccins réalisés au Royaume-Uni sont validés par l'application de contrôle.

>> Réécouter le reportage du 12h30 :

Stades et plages sont transformés en centre de vaccination au Royaume-Uni. [Keystone - Owen Humphreys]Keystone - Owen Humphreys
Seuls les vaccins réalisés au Royaume-Uni sont validés par l’application de contrôle britannique / Le 12h30 / 1 min. / le 12 août 2021

RUSSIE - Un record de décès

La Russie fait face à une résurgence épidémique depuis le début de l'été avec un record de 815 morts en 24 heures, ainsi que 22'277 nouvelles contaminations.

Ce bilan porte à 168'864 le nombre des décès recensés par le gouvernement comme étant dus au Covid-19. Ce chiffre est cependant partiel, car il ne tient compte que des morts autopsiés dont la cause première est le coronavirus. L'agence russe de statistiques Rosstat, qui a une définition plus large, fait état de plus de 300'000 morts à la fin juin 2021.

La vague épidémique causée par le variant Delta est d'autant plus meurtrière - quelque 21'000 morts pour le seul mois de juin selon Rosstat - que les Russes ne s'empressent pas de se faire vacciner, sur fond de méfiance à l'égard des sérums mis au point par la Russie, à l'instar du Spoutnik V et aucun des vaccins conçus en Occident n'est distribué en Russie.

A peine 30% de la population a reçu au moins une injection, alors que la campagne a débuté en décembre 2020. Les appels du président Vladimir Poutine à aller se faire vacciner n'ont pas permis non plus d'accélération. Toutefois, l'essentiel des restrictions a été levé, notamment à Moscou, l'épicentre de l'épidémie sur le territoire russe, afin de préserver l'économie.

Suivi assuré par RTSinfo

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L'OMS joue sa crédibilité face à l'opacité chinoise

Alors que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) dénonce depuis plusieurs mois le manque de collaboration de la Chine pour établir les origines de la pandémie de coronavirus, Pékin persiste dans sa ligne: "Circulez, il n'y a rien à voir à Wuhan". En somme, si les premières recherches sur l’origine du SARS-CoV-2 dans la région de Wuhan n’ont rien donné, c’est qu’il faut chercher ailleurs, hors des frontières chinoises.

La Chine ne semble donc prête à autoriser ni une nouvelle enquête sur son sol, ni la publication de données supplémentaires. Pourtant, plus d'un an et demi après la détection des premières infections, des mois d'analyses n’ont pas permis d'aboutir à une quelconque conclusion solide sur l'hypothèse de la zoonose (transmission naturelle d'un animal à l'humain).

Ainsi, si cette première piste n'est pas totalement écartée, l'OMS appelle désormais à explorer toutes les éventualités, y compris celle d'une possible fuite d’un laboratoire. Cette hypothèse reprend également du terrain dans l'ensemble de la communauté scientifique.

Ce revirement, qui peut paraître brutal, est principalement lié à la volonté de l'OMS, dans les premiers temps de la pandémie, de ne pas froisser Pékin, principalement pour tenter de s’assurer un accès au pays. Mais lorsque cet accès a finalement accordé, sous de strictes conditions, le chef de la délégation onusienne Peter Embarek avait regretté la dimension politique omniprésente durant l'enquête, et déploré qu'il était "quasiment impossible". d'évoquer la théorie du laboratoire.

Cette hypothèse a tout de même pu être inscrite dans le rapport final grâce au qualificatif "extrêmement peu probable". Cette tournure édulcorée a permis à l’OMS de ne pas tuer formellement cette hypothèse de travail, mais elle affaiblit désormais en partie la crédibilité de l'organisation.

Toutefois, l’opacité chinoise ne valide pas en elle-même la théorie du laboratoire, et la piste de la transmission animale reste valable.

>> Les explications dans Forum de Michael Peuker, correspondant pour la RTS en Chine :

Le directeur de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus. [AFP - Christopher Black]AFP - Christopher Black
L’OMS perd de sa crédibilité face à la Chine sur la question de l’origine du Covid-19 / Forum / 3 min. / le 13 août 2021

Lancement d'une étude sur le Covid long

L'OMS et le Consortium international sur les infections respiratoires aiguës sévères et émergentes ont lancé une étude internationale sur le Covid long. Cette "crise sanitaire mondiale émergente" reste l'un des aspects les moins bien compris de la pandémie. Et le nombre de personnes qui en souffrent est difficile à établir.

Peu de choses sont connues sur les raisons pour lesquelles certaines personnes, après avoir traversé la phase aiguë de l'infection, ont du mal à se rétablir et souffrent de symptômes persistants tels que l'essoufflement, une fatigue extrême et des affections cérébrales, ainsi que des troubles cardiaques et neurologiques, déclare l'ISARIC dans une déclaration transmise jeudi par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Bien qu'un "nombre significatif" de malades du Covid-19 souffrent ensuite du syndrome du Covid long, "les faits sur cette maladie sont limités et basés sur de petits nombres de patients, avec un suivi à court terme", a précisé le Consortium.

"Il faut optimiser et standardiser la collecte et la communication des données cliniques entre les études (en particulier les essais cliniques) et la pratique clinique pour cette affection", ajoute l'organisation.