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Les talibans afghans appellent les interprètes des forces internationales au repentir

Des anciens interprètes afghans demandent de l'aide au gouvernement américain et à l'OTAN. [Keystone/AP Photo - Mariam Zuhaib]
Les talibans afghans appellent les interprètes des forces internationales au repentir / Le Journal horaire / 25 sec. / le 7 juin 2021
Les talibans ont appelé lundi les interprètes afghans des forces internationales à "se repentir" mais à rester en Afghanistan après le départ des troupes occidentales qui accélèrent leur retrait.

Dans un communiqué, les insurgés affirment que ces Afghans "ne courront aucun danger de leur part" et que "nul ne devrait déserter le pays".

"Un nombre important d'Afghans s'est fourvoyé au cours des dernières 20 années d'occupation et ont travaillé avec les forces étrangères comme interprètes, gardes ou autre, et maintenant que les forces étrangères se retirent, ils ont peur et cherchent à quitter le pays", indiquent les insurgés dans leur communiqué.

"Nul ne devrait déserter le pays"

"L'Emirat islamique veut leur dire qu'ils devraient exprimer des remords pour leurs actions passées et ne plus s'engager dans de telles activités à l'avenir, qui s'apparentent à une trahison contre l'islam et leur pays", ajoutent-ils. "Mais nul ne devrait déserter le pays".

"L'Emirat islamique ne leur cherchera pas d'ennuis. Il les appelle à revenir à une vie normale et à servir leur pays. Ils ne courent aucun danger de notre part" affirment-ils. "Nous les voyions comme nos ennemis, mais dès lors qu'ils abandonneront les rangs de l'ennemi ils redeviendront des Afghans ordinaires dans leur patrie et ne devraient pas avoir peur".

"Cependant, s'ils invoquent un quelconque 'danger' pour obtenir un soi-disant asile, c'est leur problème et pas celui des moudjahidines" concluent-ils.

Nombreuses demandes de visa d'immigration

Avec le retrait accéléré des troupes de l'Otan, des milliers de traducteurs et interprètes des ambassades et des forces militaires occidentales se ruent vers les consulats en espérant décrocher un visa d'immigration, par crainte de représailles si les talibans reviennent au pouvoir à Kaboul.

Suite à l'accord de retrait inconditionnel signé avec les talibans par les Etats-Unis, le président américain Joe Biden a fixé la date symbolique du 11 septembre pour l'achèvement du départ des troupes étrangères, mais les opérations pourraient être terminées dès cet été.

afp/ebz

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Des milliers d'Afghans concernés

Les visas accordés pour les États-Unis se sont drastiquement réduits ces dernières années, des responsables américains affirmant que certains extrémistes se faisaient passer pour des traducteurs.

Selon l'ambassade américaine à Kaboul, environ 18'000 Afghans attendent toujours que leur demande soit traitée, mais un nombre équivalent de salariés afghans a déjà été validé en 20 ans, selon un rapport de l'université Brown.

Le gouvernement britannique a affirmé récemment vouloir accélérer la relocalisation de son personnel afghan: 1358 Afghans ont été acceptés par Londres et plus de 3000 personnes supplémentaires devraient bénéficier de ce programme.

Après le retrait de l'armée française du pays fin 2012, nombre d'interprètes ont fait état de menaces et continuent de réclamer un visa pour Paris, mais un peu moins de la moitié des 770 personnels employés à l'époque l'ont obtenu.

Par ailleurs, la France a commencé fin mai à octroyer une centaine de visas aux employés de l'ambassade et autres services officiels français à Kaboul, ainsi qu'à leurs proches.

Au moins 150 soldats afghans tués ou blessés en 24 heures

Au moins 150 soldats afghans ont été tués ou blessés au cours des dernières 24 heures alors que les talibans multiplient les attaques sur fond de départ des forces étrangères, ont déclaré lundi des responsables afghans.

Les combats font rage dans 26 des 34 provinces d'Afghanistan, selon ces responsables s'exprimant sous couvert d'anonymat, et le bilan est "incroyablement élevé", a dit l'un d'eux.

Le gouvernement afghan affirme que les affrontements se sont intensifiés à travers le pays alors que les Etats-Unis ont entrepris de retirer toutes leurs troupes d'ici le 11 septembre.