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L'ONU lance une commission d'enquête sur Israël et les territoires

Un bâtiment détruit par les frappes aériennes à Gaza City. [Keystone - EPA/Mohammed Saber]
Les frappes israéliennes sur Gaza pourraient être des crimes de guerre / Le Journal horaire / 27 sec. / le 27 mai 2021
Une commission d'enquête internationale va se pencher sur les violences récentes en Israël et dans les territoires palestiniens et sur le conflit. Le Conseil des droits de l'homme l'a lancée jeudi à Genève alors que l'ONU parle de possibles crimes de guerre israéliens.

La commission a été approuvée par 24 Etats contre 9 oppositions et 14 abstentions. Elle ne sera pas limitée à un an, comme habituellement pour les mécanismes établis par l'instance onusienne. La présidente du Conseil devra nommer les experts indépendants qui la constitueront.

La portée de la résolution dépasse largement le récent conflit. Le texte demande que la commission étudie "toutes les causes profondes des tensions récurrentes, de l'instabilité et de la prolongation du conflit, y compris la discrimination et la répression systématiques fondées sur l'appartenance nationale, ethnique, raciale ou religieuse".

L'enquête doit se concentrer sur l'établissement des faits et collecter les preuves et éléments qui pourraient être utilisés dans le cadre de poursuites judiciaires et, dans la mesure du possible, identifier les coupables pour qu'ils puissent être jugés.

Satisfaction palestinienne, colère israélienne

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a immédiatement dénoncé une "décision honteuse" de l'ONU qui "encourage les terroristes dans le monde entier". "La décision honteuse d'aujourd'hui est un nouvel exemple de l'obsession flagrante anti-israélienne du Conseil des droits de l'homme de l'ONU", a affirmé le dirigeant dans un communiqué.

Coté palestinien, le ministère des Affaires étrangères a pour sa part salué une décision "qui fait progresser ... la protection des droits humains des Palestiniens". Le mouvement islamiste Hamas a lui aussi salué l'ouverture d'une enquête sur "les violations israéliennes dans les territoires palestiniens".

Du 10 au 21 mai, 254 Palestiniens ont été tués par des frappes israéliennes dans la bande de Gaza, parmi lesquels 66 enfants et des combattants, selon les autorités locales. Au total, 290 personnes ont été tuées durant ce conflit. En Israël, les tirs de roquettes depuis Gaza ont fait 12 morts dont un enfant, une adolescente et un soldat, d'après la police.

De possibles crimes de guerre

Plus tôt, la Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, avait soutenu devant le Conseil, réuni en session extraordinaire, que les récentes frappes israéliennes sur Gaza peuvent constituer des crimes de guerre "s'il s'avère" que les civils ont été touchés "sans distinction".

Elle avait indiqué ne pas avoir vu de preuve de la présence de groupes armés ou d'action militaire dans des bâtiments visés par Israël à Gaza, une des justification de l'Etat hébreu pour les détruire.

Michelle Bachelet avait également souligné que les tirs de milliers de roquettes du mouvement islamiste palestinien Hamas "ne font pas de distinction entre les objets militaires et civils, et leur utilisation constitue donc une violation manifeste du droit humanitaire international".

La réunion, qui portait sur les atteintes aux droits humains dans les territoires palestiniens occupés, y compris à Jérusalem-Est, et en Israël, était organisée à la demande du Pakistan, en tant que coordinateur de l'Organisation de la coopération islamique, et des autorités palestiniennes.

>> Lire : L'armée israélienne détruit un immeuble abritant Al-Jazeera et AP à Gaza

afp/oang/fgn

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Une session "pour blâmer Israël"

Côté israélien, la discussion de jeudi prouve, selon les autorités, que l'instance onusienne vise de manière discriminée l'Etat hébreu.

La seule raison de cette session spéciale est "de blâmer Israël, blanchir les crimes perpétrés par le Hamas et, pour l'Autorité palestinienne, d'éviter ses responsabilités", a dit l'ambassadrice à l'ONU à Genève.

Le gouvernement israélien cible notamment l'absence d'action contre le mouvement radical palestinien, responsable d'une dizaine de victimes ces dernières semaines dans les affrontements.

L'ambassadeur de France en Israël convoqué

Le ministère israélien des Affaires étrangères a convoqué jeudi l'ambassadeur de France en Israël. Cette décision fait suite aux propos tenus par le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian, qui a évoqué dimanche un "risque d'apartheid" en Israël, si aucun Etat palestinien ne voyait le jour à ses côtés.

Le ministère israélien des Affaires étrangères dit attendre "de ses amis de ne pas s'exprimer de façon irresponsable, afin de ne pas renforcer les extrémistes et les activités anti-israéliennes et antisémites" à l'étranger.