Publié

L'armée israélienne revient sur ses dires et dément être entrée dans la bande de Gaza

Le Proche-Orient sous haute tension
Le Proche-Orient sous haute tension / 19h30 / 1 min. / le 13 mai 2021
Guerre psychologique ou simple erreur? Après avoir annoncé la présence de ses soldats dans la bande de Gaza, l'armée israélienne a démenti vendredi, évoquant un "problème de communication en interne".

"L'aviation israélienne et des troupes au sol mènent actuellement une attaque dans Gaza", a d'abord écrit l'armée dans un bref message. Interrogé, le porte-parole de l'armée, Jonathan Conricus, a confirmé que des soldats étaient entrés "dans" la bande de Gaza contrôlée par les islamistes du Hamas, sans préciser leur nombre, ni la durée, ni l'étendue de l'opération.

Démenti deux heures plus tard

Puis, deux heures plus tard, le porte-parole de l'armée israélienne a émis une "clarification" pour dire "qu'il n'y avait actuellement pas de troupes dans la bande de Gaza".

Interrogé à nouveau, le porte-parole de l'armée a expliqué cet imbroglio apparent par un "problème de communication en interne" et que des troupes bombardaient Gaza mais de l'extérieur du territoire.

Plus de 100 morts

Le bilan des affrontements entre le Hamas et Israël continue d'enfler, avec désormais 110 morts, pour la plupart côté palestinien.

Le ministère de la Santé de Gaza a fait état jeudi soir de 103 morts, dont 27 enfants, et de 580 blessés depuis le début, lundi soir, des affrontements.

Côté israélien, la dernière victime connue de cette escalade militaire est un enfant de six ans à Sdérot, victime d'une roquette envoyée par le Hamas depuis la bande de Gaza. Ce décès porte à sept, dont un soldat, le nombre de personnes tuées en Israël depuis le déclenchement des hostilités lundi, les plus intenses depuis la guerre de Gaza de 2014.

Des tours pulvérisées

Tard jeudi soir, l'armée israélienne a multiplié les frappes contre l'enclave palestinienne et des centaines de personnes ont quitté leurs maisons précipitamment pour éviter des frappes dans le nord de la bande de Gaza.

Tout le jour, l'aviation israélienne a frappé des positions du Hamas, ciblant entre autres des locaux liés aux opérations de "contre-renseignement" du mouvement. Elle a ainsi pulvérisé mercredi une tour de plus de dix étages abritant des bureaux de la chaîne palestinienne Al-Aqsa, créée il y a quelques années par le Hamas. Jeudi, c'est un autre bâtiment de dix étages qui a été détruit.

En représailles, le Hamas a lancé plus d'une centaine de roquettes vers Israël dont plusieurs ont été interceptées par le bouclier antimissile "Dôme de Fer". Depuis le début de la semaine, environ 1600 roquettes ont été tirées par différents groupes armés depuis l'enclave vers le sol israélien.

Appelant les compagnies aériennes à suspendre leurs vols vers Israël, le Hamas a annoncé avoir lancé "sa plus grosse roquette" en direction du deuxième aéroport d'Israël, dans le sud, vers lequel les autorités aéroportuaires avaient annoncé rediriger tous les vols initialement à destination de Tel-Aviv en raison des tirs.

Déjà, les compagnies aériennes américaines American Airlines et United Airlines ont confirmé jeudi avoir suspendu leurs vols vers Israël jusqu'au 15 mai au moins.

>> Le point sur la situation dans le 19h30 :

Les explications de Stéphane Amer, journaliste à la RTS.
Les explications de Stéphane Amar, correspondant de la RTS. / 19h30 / 1 min. / le 13 mai 2021

>> Lire aussi : Au moins 70 morts dans les affrontements entre Israël et le Hamas

Des troupes massées à la frontière

L'armée israélienne a aussi commencé à masser des milliers de soldats, des chars et des blindés à proximité de la clôture de sécurité qui sépare la bande de Gaza du territoire israélien, laissant entrevoir une intervention terrestre comme ce fut le cas en 2014 et en 2008-2009.

"Nous sommes dans une situation d'urgence (...) et il est maintenant nécessaire de renforcer de façon massive les forces sur le terrain", a fait savoir le ministre israélien de la Défense Benny Gantz dans un communiqué en annonçant le rappel de dix compagnies de gardes-frontière opérant d'habitude en  Cisjordanie occupée.

"Le chef d'état-major inspecte ces préparatifs et fournit des instructions (...). Nous avons un quartier général de campagne et trois brigades près de Gaza qui se préparent pour faire face à cette situation et à plusieurs éventualités", a de son côté déclaré le porte-parole de l'armée israélienne.

"Ca prendra du temps (...) mais nous allons restaurer la quiétude en Israël", a déclaré le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui s'est rendu jeudi sur le site d'une batterie du bouclier antimissile "Dôme de Fer" dans le centre du pays.

Des pompiers israéliens à l'oeuvre sur le site d'impact d'une roquette à Tel Aviv, le 11 mai 2021. [Keystone - Heidi Levine]
Des pompiers israéliens à l'oeuvre sur le site d'impact d'une roquette à Tel Aviv, le 11 mai 2021. [Keystone - Heidi Levine]

Lynchage à Tel-Aviv

Des violences ont aussi gagné des villes israéliennes ces derniers jours, notamment Lod, cité mixte juive et arabe du centre du pays, où l'état d'urgence a été décrété après que la police a fait état d'émeutes par la minorité arabe.

Le président Reuven Rivlin a dénoncé un "pogrom", tandis que certains observateurs craignaient une aggravation des troubles civils après que des manifestants ont notamment brûlé des voitures, affronté la police israélienne et attaqué des automobilistes juifs dans plusieurs villes mixtes.

Des militants israéliens d'extrême droite ont de leur côté manifesté mercredi soir à travers le pays, provoquant des affrontements avec les forces de l'ordre, et parfois des Arabes israéliens.

Et le pays accusait le choc de la diffusion, en direct à la télévision, et à une heure de grande écoute, du lynchage d'un homme, considéré arabe par ses agresseurs, par des militants d'extrême droite près de Tel-Aviv. L'homme tabassé est grièvement blessé.

>> Les explications de Georges Malbrunot, journaliste spécialiste du conflit israélo-palestinien, dans le 12h45 :

Les explications de Georges Malbrunot, journaliste spécialiste du conflit israélo-palestinien.
Les explications de Georges Malbrunot, journaliste spécialiste du conflit israélo-palestinien. / 12h45 / 1 min. / le 13 mai 2021

boi avec agences

Publié

Appels au calme

Le président russe Vladimir Poutine et le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres ont appelé jeudi Israéliens et Palestiniens à mettre fin aux affrontements meurtriers en cours, a indiqué le Kremlin.

"Avec l'escalade du conflit israélo-palestinien, nous constatons que la première des priorités est la fin des violences des deux côtés et la sécurité de la population civile", a déclaré la présidence russe, à l'issue d'une échange par visio-conférence entre les deux hommes

En France, le président Emmanuel Macron s'est dit "préoccupé" par l'escalade des violences et s'est entretenu avec le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Il lui a présenté ses condoléances pour  les  nombreuses pertes  de  civils  palestiniens et a fermement  condamné  les  tirs revendiqués par le Hamas et d’autres groupes terroristes visant le territoire israélien.

De son côté, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken.s'est dit "profondément préoccupé par la violence dans les rues d'Israël". Il a une nouvelle fois appelé à "cesser les attaques de roquettes" du Hamas contre le territoire israélien et a défendu "le droit d'Israël à se défendre".

Les Etats-Unis se sont aussi opposés à la tenue vendredi d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU, a annoncé un porte-parole chinois, dont le pays préside actuellement cette instance.

Tirs de trois roquettes du sud du Liban vers Israël

Trois roquettes ont été tirées du sud du Liban vers Israël jeudi, a indiqué une source militaire libanaise. L'armée israélienne a confirmé ces tirs mais affirmé que les roquettes étaient tombées en Méditerranée.

Selon des sources militaire et de sécurité libanaises, les projectiles ont été tirés d'un secteur proche du camp de réfugiés palestiniens de Rachidiyé, dans le sud du Liban, pays voisin d'Israël.

Une source proche du Hezbollah, ennemi juré d'Israël, a indiqué que ce mouvement armé libanais n'était pas impliqué dans ces tirs.