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Privée de touristes, la Thaïlande ouvre grand ses plages aux "nomades digitaux"

Des touristes sur une plage de Koh Tao, en Thaïlande. [Reuters - Chaiwat Subprasom]
La Thaïlande est devenue terre d'accueil pour travailleurs globe-trotters / La Matinale / 3 min. / le 23 avril 2021
Les nomades digitaux? Des personnes travaillant en ligne, à distance, qui ont choisi de voyager vers des destinations lointaines, souvent à la plage, tout en continuant leur activité professionnelle. Nouvelle mecque de ce type de résidence, la Thaïlande mise sur eux pour compenser les pertes du tourisme.

La Thaïlande, et tout particulièrement la petite île de Kho Phanggan, dans le sud du pays, est devenu une sorte de hub mondial pour les nouveaux visiteurs que sont les nomades digitaux.

Un bureau face à la mer, au milieu des arbres et des oiseaux tropicaux: c’est désormais là que commence la journée de Jonathan Dizarevic, développeur informatique. Il a travaillé quelques années à Paris, mais les horaires, le stress et une absence générale de sens l’ont poussé à changer de vie.

"J'ai commencé à avoir des soucis de santé, tout commençait à me déplaire, je devenais déprimé. J'ai décidé de quitter cette agence pour travailler sur mes idées", raconte-t-il. Le déclencheur pour lui a été la lecture du blog d'un autre développeur informatique, qui se mettait en scène travaillant sur une plage. "Je me suis dit: 'si lui peut le faire, je le peux aussi'", relate le Français dans un reportage de La Matinale.

Communauté autour d'un style de vie

Jonathan Dizarevic n’est pas le seul à souhaiter combiner vacances et travail au quotidien. Dans la communauté de nomades digitaux où il vit, un ensemble de bungalows face à la mer sont répartis autour d'un espace commun de travail, où l'on trouve des avocats, des designers, des traducteurs et des professeurs de yoga qui enseignent en ligne.

Le phénomène avait démarré déjà avant la crise sanitaire, mais cette dernière a accentué le mouvement. Pour Amal, un éditeur de vidéos en ligne, il s’agit également de créer des communautés de style de vie alternatifs.

"Dans nos communautés, ce sont des gens qui refusent d’aller au bureau de 9h à 17h et d’attendre la retraite pour pouvoir voyager. Si on a assez d’argent pour payer les factures, nous, on préfère aller voir le monde que de gagner plus d’argent qu’on ne peut en dépenser. Au pays, tout le monde va au travail toute la journée, on n’a le temps de rien. Ici, on gagne tous notre vie en ligne, on peut échanger autour de ça. Du coup, je trouve que mon réseau est plus fort en voyageant qu’en restant chez moi", explique-t-il.

La vie dans une bulle?

Pour renforcer cet esprit de communauté, de nombreux ateliers sont proposés - sport, plongée mais aussi méditation et éveil spirituel. La Thaïlande mise sur ces nouveaux visiteurs pour compenser les pertes du tourisme et promet même de créer un visa spécial.

Mais pour les professionnels du tourisme, comme Patrizia, une Suissesse patronne du resort Suncliff sur la plage principale, ces nomades ne participent que très peu à l’économie locale.

"Ils ont besoin de connections internet rapides, de silence pour travailler. Tant de choses que souvent on ne peut pas leur offrir, si bien qu’ils préfèrent louer des maisons privées. Ils fonctionnent un peu en cercle fermé, vivent dans leur petit monde - ou leur grand monde si vous voulez, celui d’internet", estime-t-elle.

En attendant que les frontières rouvrent, tous profitent encore un peu du paradis thaïlandais. Avant d’aller voir ailleurs, si la plage est plus belle.

Reportage radio de Carol Isoux, correspondante de RTSinfo en Thaïlande

Adaptation web: Katharina Kubicek

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