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Comment la deuxième vague de Covid-19 a submergé l'Europe

D'abord l'Espagne, puis la France, la Grande-Bretagne, la Belgique et la Suisse. Notre carte animée montre comment la deuxième vague de Covid-19 a traversé toute l'Europe, région après région, en quelques semaines.

gif carte covid animee

L'automne dernier, le nombre d'infections au coronavirus a explosé en Europe, comme le rappelle la carte animée ci-dessus, réalisée par la RTS à partir de données récemment publiées par le bureau régional européen de l'OMS.

Comment la deuxième vague de Covid-19 s'est-elle répandue à travers le continent? Plus de six mois après sa montée en puissance, la réponse n'est toujours pas évidente. "C'est compliqué parce que plusieurs explications se superposent, il faudra des années pour bien comprendre l'impact de chacune", explique Julien Riou, épidémiologiste à l'Université de Berne.

L'Espagne et les vacanciers, moteurs de la 2e vague

L'Espagne a constitué le premier foyer important de la deuxième vague en Europe, comme le montre la carte ci-dessus. A-t-elle été le moteur de la diffusion du virus à travers le reste du continent?

Des chercheurs de l'Université de Bâle et du consortium espagnol SeqCovid le suggèrent. Selon leur étude prépubliée, un variant du Covid-19 apparu en Espagne au début de l'été, baptisé "20A.EU1", s'est rapidement propagé dans le pays, boosté par un événement de super-propagation. En septembre, ce variant était dominant dans plusieurs pays européens, le Royaume-Uni et la Suisse en tête. Les scientifiques mettent en cause les vacanciers, qui auraient favorisé la diffusion du Covid-19 vers plusieurs pays.

"L'explosion des cas durant l'été en Espagne a probablement accéléré la propagation du virus dans le reste de l'Europe, mais rien n'indique que le nombre de cas en Europe n'aurait pas explosé quelques semaines plus tard sans cela", estime Julien Riou. "A ce moment-là, il y a aussi la rentrée des classes, les retours au travail et la baisse des températures. C'est difficile de faire la part des choses entre les différentes explications. Il reste que, sans cette accélération liée aux voyages, on aurait sûrement eu plus de temps pour réagir".

Des régions en avance sur d'autres

Certaines régions pouvaient également être simplement en avance de quelques semaines sur d'autres. Le virus se propage via les mouvements de population, mais pas uniquement. Durant l'été, le Covid-19 se développait aussi à bas bruit partout en Europe.

"Parfois, c'est juste une question de délais en raison de la progression exponentielle du virus", souligne le chercheur de l'Université de Berne. Autrement dit, quand le nombre de cas double chaque semaine ou dix jours, une situation, bonne en apparence, peut se dégrader très vite, en passant de quelques dizaines à plusieurs milliers de cas, même sans apport extérieur. Quelques semaines d'avance dans une région par rapport à une autre peut correspondre à 10 ou 100 fois plus de cas.

"En plus, un événement de superspreading (super-propagation) peut accélérer la progression du virus de plusieurs semaines et créer des différences régionales", ajoute Julien Riou.

Voyage voyage

La diffusion du virus via les vacanciers (re)pose la question de la fermeture des frontières et des restrictions de voyage dans la lutte contre l'épidémie, notamment face aux nouveaux variants. Prisées lors de la première vague, ces mesures ont été délaissées en Europe durant la seconde.

Alors que le variant brésilien inquiète, plusieurs pays, dont la France et la Grande-Bretagne, ont récemment suspendu tous les vols en provenance du Brésil.

Pour l'heure, en Suisse, aucune mesure particulière n'a été édictée. Les passagers en provenance du Brésil sont soumis aux mêmes règles que pour les autres pays jugés à risque par l'Office fédéral de la santé publique.

Valentin Tombez

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