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La Chine prête de l'argent à de nombreux pays à des conditions inhabituelles

Le Monténégro appelle l'Union européenne à l'aide, car il n'arrive pas à rembourser l'emprunt d'un milliard d'euros qu'il a contracté auprès de la Chine. [KEYSTONE - ANDY WONG]
La Chine prête de l'argent à de nombreux pays à des conditions inhabituelles / La Matinale / 1 min. / le 15 avril 2021
Le Monténégro appelle l'Union européenne à l'aide, car il n'arrive pas à rembourser l'emprunt d'un milliard d'euros qu'il a contracté auprès de la Chine. Une situation qui questionne, car les prêts chinois sont accordés à des conditions souvent très particulières.

Fin mars, le vice-Premier ministre du Monténégro Dritan Abazovic a critiqué les emprunts de l'ancien gouvernement, jugeant qu'il "a mené le pays dans une position de dépendance à l'égard de la Chine", désormais premier créancier mondial, rappelle le journal Libération.

Si le Monténégro ne s’acquitte pas de la somme due, la Chine pourra disposer de terres monténégrines à titre de garantie, selon les termes du contrat. C'est ce qui est arrivé au Sri Lanka en 2017. Incapable de rembourser sa dette, il a dû transférer le contrôle du port de Hambantota à un opérateur chinois.

>> Réécouter le sujet "Le Sri Lanka tente de se soustraire à l'emprise de la Chine" de Tout un monde :

Le Sri Lanka tente de se soustraire à l'emprise de la Chine. [AFP - Ishara S. Kodikara]AFP - Ishara S. Kodikara
Le Sri Lanka tente de se soustraire à l'emprise de la Chine / Tout un monde / 5 min. / le 11 avril 2017

Clauses "abusives"

A son tour, le Monténégro craint les conséquences de la diplomatie de la dette chinoise, qui lie ses prêts à des clauses collatérales jugées abusives par le rapport "Comment la Chine prête", publié le 31 mars.

Une autre condition inhabituelle demande au pays débiteur de s'engager à placer les revenus de ressources naturelles, par exemple le pétrole, dans des comptes à l'étranger qui peuvent être saisis à tout instant.

Une confidentialité totale

"La clause chinoise est particulière, parce qu'elle impose la confidentialité au débiteur. Le gouvernement qui emprunte n'a donc pas le droit d'évoquer les termes, et même l'existence de l'emprunt à ses citoyens ou à la presse", explique Sebastian Horn, chercheur à l’Institut sur l’économie mondiale (IWF) de Kiel en Allemagne et coauteur de la recherche, jeudi dans La Matinale.

Et d'ajouter: "Il est aussi difficile pour les autres créditeurs d'évaluer la solvabilité d'un pays débiteur et la valeur des actifs si on ne sait pas combien et à quelles conditions le pays a emprunté à la Chine."

Pour le chercheur, les pays émergents sont les premiers dépendants de la Chine. Et la pandémie de Covid-19 ne fait qu'aggraver leur situation.

ks/vajo

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