Publié

La policière de Minneapolis inculpée pour homicide involontaire

La policière qui a abattu un jeune homme noir près de Minneapolis dit avoir confondu son arme de service et son Taser (image d'illustration). [Keystone/EPA - Olivier Weiken]
La policière qui a abattu un jeune homme noir près de Minneapolis inculpée pour homicide involontaire / Le Journal horaire / 30 sec. / le 14 avril 2021
La policière qui a abattu un jeune Afro-Américain près de Minneapolis a été arrêtée en vue de son inculpation pour homicide involontaire, a déclaré mercredi le procureur en charge du dossier à plusieurs médias américains.

L'agente a été placée en garde à vue en fin de matinée et "sera transférée à la prison du comté de Hennepin en vue de son inculpation pour homicide involontaire (...) plus tard dans la journée", a annoncé le Bureau des enquêtes criminelles du Minnesota

Cette policière de 48 ans a ouvert le feu dimanche sur un Afro-Américain de 20 ans lors d'un contrôle routier à Brooklyn Center, dans la grande banlieue de Minneapolis. Elle a assuré ensuite avoir confondu son arme de service avec son pistolet électrique Taser. Face au tollé, elle avait démissionné mardi. Elle encourt désormais jusqu'à dix ans de prison.

>> Plus de détails dans notre article : La policière qui a tué un Afro-Américain à Minneapolis a confondu son arme avec son taser

Contexte explosif

Le drame a ravivé les tensions à Minneapolis, où se déroule actuellement le procès du policier Derek Chauvin, jugé pour le meurtre de l'Afro-Américain George Floyd. Le 25 mai 2020, l'agent était resté agenouillé pendant près de dix minutes sur le cou du quadragénaire, dont le supplice, filmé, avait entraîné des manifestations géantes dans le monde entier.

>> Lire : Huit minutes et 46 secondes de recueillement pour les proches de George Floyd

Soucieux d'éviter un nouvel embrasement à Minneapolis, où plusieurs commerces et un commissariat avaient brûlé fin mai, les autorités avaient décrété dès dimanche soir un couvre-feu et appelé des renforts de la garde nationale. Malgré ce dispositif, des affrontements entre les forces de l'ordre et des manifestants ont eu lieu chaque nuit depuis dimanche. Septante-huit personnes ont encore été interpellées mardi soir après un face-à-face tendu avec des policiers.

Agente avec 26 ans d'expérience

La famille de la victime a pris acte mercredi des poursuites engagées à son encontre, mais a critiqué ses justifications: "Une agente avec 26 ans d'expérience sait faire la différence entre un Taser et une arme à feu", a écrit leur avocat Ben Crump dans un communiqué. "On va continuer à se battre afin d'obtenir justice (...). Nous ne nous arrêterons pas tant que nous n'aurons pas obtenu de réelles réformes de la police et de la justice", a ajouté l'avocat, qui défend aussi la famille de George Floyd.

Sans se prononcer directement sur ce dossier, la Maison Blanche a estimé que "les forces de l'ordre faisaient trop souvent usage d'une force pas nécessaire et que cela conduisait trop souvent à la mort d'Afro-Américains". "Le président a déjà dit que nous avons besoin de réformes de la police", a ajouté la porte-parole de la présidence Jen Psaki.

ats/vic

Publié

Bataille d'experts autour de la cause du décès de George Floyd

La ville de Minneapolis attend avec appréhension le verdict du procès de Derek Chauvin. Après deux semaines accablantes pour la défense, l'avocat du policier a marqué des points mercredi avec le témoignage d'un médecin légiste qui a contredit les experts présentés par l'accusation.

David Fowler, qui a longtemps supervisé les services de médecine légale de l'Etat du Maryland, a estimé que le quadragénaire noir était mort d'un arrêt cardiaque et non par asphyxie, comme l'ont assuré un pneumologue ou encore un cardiologue appelés à la barre la semaine dernière. Pour lui, le coeur s'est arrêté en raison de problèmes de santé préalables, notamment d'une hypertension qui avait fait grossir le coeur de George Floyd, et de problèmes aux artères. L'ingestion de drogues, mais également de gaz d'échappement pendant son arrestation, "ont ajouté de l'adrénaline à ce mélange et empiré les choses", a ajouté le docteur Fowler.

Arrêt cardiaque ou asphyxie?

Vendredi dernier, le médecin Andrew Baker, qui a réalisé l'autopsie de George Floyd, avait confirmé les problèmes de santé du quadragénaire et la présence de fentanyl, un puissant opiacé, et méthamphétamine, dans son organisme. Mais pour lui, ces facteurs ne sont pas "les causes directes" de la mort, qui restent le manque d'oxygène dû à la compression du cou.

Le jour du drame, Derek Chauvin avait maintenu pendant neuf minutes et 29 secondes son genou sur le cou de l'Afro-Américain, plaqué au sol et menotté, même une fois celui-ci devenu inconscient et son pouls indétectable.

Le jury devrait se retirer lundi pour délibérer.