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A Hong Kong, neuf vétérans de l'opposition ont été condamnés

L'avocat Martin Lee après sa condamnation. [AFP - Isaac Lawrence]
À Hong Kong, neuf vétérans de l'opposition ont été condamnés / Le Journal horaire / 26 sec. / le 1 avril 2021
Neuf vétérans de l'opposition hongkongaise ont été déclarés coupables jeudi de l'organisation d'une des plus grandes manifestations de 2019, une décision qui illustre à nouveau l'implacable répression en cours dans la région chinoise.

Parmi les neuf condamnés, on retrouve certaines des personnalités les plus respectées de la lutte pour les libertés dans l'ex-colonie britannique, souvent des apôtres de la non-violence qui sont mobilisés depuis des décennies pour l'instauration d'un véritable suffrage universel.

L'un des plus célèbres est l'avocat de 82 ans Martin Lee, qui avant la rétrocession en 1997 avait été choisi par Pékin pour rédiger la Loi fondamentale, servant de mini-constitution dans la région semi-autonome.

L'ex-députée de l'opposition et avocate Margaret Ng, ou encore le magnat des médias Jimmy Lai et l'ex-député Leung Kwok-hung connu sous le surnom de "Long Hair" étaient également poursuivis.

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Ces deux derniers sont actuellement en détention provisoire du fait de poursuites distinctes au nom de la loi draconienne sur la sécurité nationale que Pékin a imposée en juin.

Les autres sont des figures du Front civil des droits de l'Homme (CHRF), coalition qui avait organisé les plus grandes manifestations en 2019 quand la ville avait connu sa pire crise politique depuis la rétrocession en 1997 avec des actions et mobilisations quasi quotidiennes.

Une des plus grandes manifestations de l'opposition

Le Tribunal de district de Hong Kong en a déclaré sept coupables d'organisation et de participation à un rassemblement illégal. Les deux autres avaient plaidé coupable. Les neuf qui risquent cinq années de prison connaîtront leur peine le 16 avril. Les prévenus qui ne sont pas détenus ont été laissés libres, à condition qu'ils rendent leurs passeports.

"Nous sommes très fiers même si nous devons aller en prison pour cela", a déclaré aux journalistes l'ancien député et leader syndicaliste Lee Cheuk-yan. "Quoi que nous réserve l'avenir, nous n'arrêterons jamais de défiler."

Des protestants dénoncent la répression politique à Hong Kong. [AFP - Isaac Lawrence]
Des protestants dénoncent la répression politique à Hong Kong. [AFP - Isaac Lawrence]

Jeudi, quelques-uns de leurs partisans se sont rassemblés près du tribunal avec des pancartes dénonçant la "répression politique".

L'affaire est emblématique du climat actuel dans l'ex-colonie britannique puisqu'elle porte sur l'organisation d'un rassemblement non autorisé le 18 août 2019, qui avait été l'une des plus grandes manifestations en sept mois de contestation. Pendant des heures, un immense cortège avait parcouru pacifiquement les rues du centre de l'île.

L'utilisation par les autorités de la qualification d'"organisation et participation à un rassemblement non autorisé" est dénoncée de longue date par les associations de défense des droits de l'Homme.

Contestation plus que jamais étouffée

L'avocat britannique David Perry, qui avait été choisi par le gouvernement hongkongais pour diriger l'accusation contre les neuf, avait renoncé à le faire suite à de vives critiques de Londres et d'organisations britanniques de juristes.

Un des angles d'attaque de l'accusation a été de dire que cette manifestation illégale avait perturbé le trafic automobile dans la ville. Dans son verdict, la juge AJ Woodcock a prévenu qu'elle était encline à infliger la peine maximale et a laissé entendre que le caractère pacifique du défilé n'était pas une excuse recevable.

La popularité de la contestation populaire s'était traduite dans les urnes par un triomphe de l'opposition aux élections locales de novembre 2019. Le mouvement avait néanmoins subi au début 2020 un coup d'arrêt brutal sous l'effet cumulé des restrictions de rassemblement prises contre le coronavirus et des milliers d'arrestations, mais aussi d'une certaine fatigue des manifestants.

>> Réécouter le sujet de Tout un monde sur la situation à Hong Kong courant 2020 :

Des manifestants ont allumé des bougies en l'honneur des victimes du massacre de la place Tiananmen en 1989. Parc Victoria, Hong Kong, le 4 juin 2020. [Keystone/AP photo - Kin Cheung]Keystone/AP photo - Kin Cheung
Le point sur la situation de Hong-Kong. / Tout un monde / 3 min. / le 8 juin 2020

A l'exception de l'abandon de la loi controversée sur les extraditions qui avait été le déclencheur de la contestation, les manifestants n'avaient rien obtenu. Le pouvoir chinois a engagé en 2020 une reprise en main musclée de Hong Kong, au travers notamment de la loi sur la sécurité nationale.

Aucune manifestation n'est désormais possible dans la ville et les autorités ont au prétexte du coronavirus reporté d'un an des élections législatives où l'opposition avait toutes les chances de voir la popularité de son combat confortée.

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Nouveau clou dans le cercueil de l'exception hongkongaise, la réforme du système électoral local que la Chine a été promulguée mardi et aura pour conséquence de marginaliser totalement l'opposition au Conseil législatif.

afp/iar

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