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Graves accusations contre Syngenta face au risque mortel du paraquat

Un ex-employé de Syngenta lance de graves accusations contre l'entreprise à propos d'un herbicide mortel.
Un ex-employé de Syngenta lance de graves accusations contre l'entreprise à propos d'un herbicide mortel. / 19h30 / 2 min. / le 24 mars 2021
L'entreprise bâloise Syngenta et celles qui l'ont précédée dans la fabrication du paraquat savaient que cet herbicide était mortel pour ses utilisateurs, selon deux ONG qui révèlent un témoignage accablant.

Le paraquat produit aujourd'hui par Syngenta, commercialisé sous le nom de Gramoxone, est l’un des pesticides les plus toxiques au monde et il n’y a pas d’antidote. De simples contacts avec la peau peuvent provoquer déjà de graves problèmes digestifs, rénaux ou pulmonaires, et une seule gorgée suffit à tuer un adulte.

Depuis sa mise sur le marché en 1962 par la firme britannique ICI (devenue Zeneca en 1993 et dont Syngenta a repris le secteur des pesticides en 2000), le paraquat a fait des dizaines de milliers de victimes, selon les estimations d’experts.

Conséquence de cette dangerosité, cinquante pays l'ont interdit - dont la Suisse en 1989 déjà.

Témoignage révélé par une action aux Etats-Unis

Un ex-employé d'ICI, John Heylings, affirme aujourd'hui, documents à l'appui, que le fabricant savait son herbicide mortel. Syngenta a été contrainte de divulguer ces documents dans le cadre d’une action en justice intentée contre elle aux Etats-Unis, où ce toxicologue témoignera à la mi-avril.

Il aurait tenté en vain de rendre le produit moins dangereux pour les centaines de millions de paysans qui l'utilisent. Une solution très simple, assure-t-il, serait de mettre plus de vomitif dans le produit pour forcer l'expulsion du poison.

C'était du reste la solution trouvée suite à une vague de décès dans les années 1970 déjà. Mais John Heylings affirme que les doses de vomitif étaient bien trop faibles. Il en aurait fallu dix fois plus, et le fabricant le savait.

De fausses affirmations selon Syngenta

Les journalistes de l'émission Rundschau de la télévision alémanique SRF ont pu consulter le volumineux dossier que les ONG Public Eye et Greenpeace ont constitué contre l'entreprise bâloise, rachetée par le chinois ChemChina il y a quatre ans.

Pour Syngenta, les affirmations de John Heylings sont fausses. "Bien qu'au premier abord, ses arguments paraissent convaincants, sa conclusion quant à une augmentation massive de la dose de vomitif est bien trop réductrice", assure l'entreprise. Et trop de vomitif serait tout aussi dangereux, dit-elle.

oang avec Nicolas Rossé et Valérie Demierre

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