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Le Mali s'enlise dans une spirale de conflits armés

Des soldats maliens en août 2020. [Keystone/AP Photo]
Le Mali s'enlise dans une spirale de conflits armés / Tout un monde / 4 min. / le 9 février 2021
Malgré une forte présence militaire internationale et des opérations de grande envergure contre les groupes armés djihadistes, le retour à la sécurité semble encore lointain au Mali. Dans la ville de Mopti, jamais les conflits n'avaient été aussi meurtriers.

Près de 1500 morts ont été décomptés l'année dernière dans la région de Mopti. Au bord du fleuve Niger, la ville était surnommée la Venise du Mali. Cela fait déjà une dizaine d'années que les touristes l'ont désertée. Les déplacés y sont eux de plus en plus nombreux à venir chercher protection et aide humanitaire.

L'ancien chef d'un petit village du pays Dogon a notamment trouvé refuge dans une salle d'école abandonnée. Il a été poussé à fuir il y a un peu plus d'un an. "Les djihadistes nous ont ordonné de quitter le village. On n'a rien pu emporter avec nous. Nous, les victimes, les innocents, nous souffrons", déclare-t-il mardi dans un reportage de l'émission Tout un monde.

"Ils ont tiré partout"

Une cultivatrice peule a elle aussi dû fuir à Mopti. "Ils ont surgi de nulle part. Des militaires avec une dizaine de voitures et ils ont tiré partout. Ensuite, ils ont brûlé nos maisons", raconte-t-elle.

Les récits des victimes se répètent. Les auteurs des exactions varient. Depuis que des groupes armés se réclamant du djihad se sont implantés dans le centre du Mali, un brasier s'est enflammé.

Les populations sont prises en étau entre les groupes armés islamistes qui imposent leur loi, des milices d'autodéfense communautaires et des militaires.

Des amalgames

Au Mali, la justice est absente, tout comme l'Etat. Les groupes djihadistes ont su s'appuyer sur les frustrations et le manque de perspectives économiques de jeunes bergers peuls pour recruter massivement parmi eux.

Selon un représentant d'une association peule pour la ville de Mopti, les frontières entre les djihadistes et les populations qui vivent sous leur joug ne sont pas étanches. Mais il dénonce des amalgames qui ont rendu suspecte une communauté entière.

"Les djihadistes viennent et il faut leur obéir. Ils demandent de voiler les femmes, de prier, de donner la zakat, l'aumône. Les militaires, quand ils viennent, ils font des arrestations. Ils assassinent. Si un militaire tue mon frère soi-disant parce qu'il est djihadiste et que j'ai un moyen de me venger, qu'est-ce que je vais faire?", livre le représentant.

Un cycle de représailles

Pour palier aux faiblesses de l'armée nationale et tenter de faire rempart aux islamistes, les autorités ont quant à elles encouragé la formation de groupes d'autodéfense. Des alliés encombrants qui sont venus eux aussi alimenter le cycle de représailles.

De vieilles rivalités entre éleveurs peuls et agriculteurs Dogon qui vivaient jusque-là côte à côte ont été instrumentalisées, accentuées par la pression démographique sur la terre et la prolifération des armes. Avec pour conséquence un conflit de plus en plus meurtrier.

Patricia Huon/gma

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Ignazio Cassis en visite

Le conseiller fédéral Ignazio Cassis a entamé dimanche une tournée en Afrique du Nord et de l'Ouest.

Le chef du DFAE sera au Mali de mardi à jeudi. Il rencontrera le président Bah N’Daw et le ministre des affaires étrangères Zeyni Moulaye. Les entretiens porteront sur la promotion de la paix, la coopération au développement et l’aide humanitaire.