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Le dalaï-lama prêt à dialoguer avec Pékin

Le dalaï-lama espère une issue non-violente.
Le dalaï-lama espère une issue non-violente.
Le dalaï-lama s'est dit prêt jeudi à Dharamsala, en Inde, à rencontrer le président chinois Hu Jintao. Dans l'après-midi, la police chinoise a admis avoir tiré sur quatre émeutiers dimanche en état de "légitime défense".

Le dalaï-lama a déclaré qu'il avait "toujours été prêt" à
rencontrer les responsables chinois "en particulier Hu Jintao",
même s'il a reconnu que la perspective de se rendre à Pékin en ce
moment n'était "pas pratique". "Cependant, si des indications
concrètes viennent de Chine, certainement, j'en serai heureux...",
a-t-il dit.

"S'il y a des indications concrètes, je suis prêt, je suis
heureux, après cette crise... dans quelques semaines, quelques
mois", a-t-il ajouté.

Solution non-violente

Dans un apparent geste d'ouverture vers Pékin, le dalaï-lama
avait appelé mercredi à une reprise du dialogue avec Pékin et
réaffirmé qu'il était favorable à une solution non-violente au
Tibet et ne recherchait pas l'indépendance. "Nos deux camps doivent
se rendre compte que nous devons vivre côte à côte et nous parler",
avait déclaré Tenzin Taklha, l'un des plus proches collaborateurs
du dalaï-lama.



"Sa Sainteté est engagée à dialoguer avec les Chinois", avait-il
lancé. Le chef spirituel et temporel tibétain avait également
appelé mercredi les dirigeants du monde entier à l'aider à résoudre
le conflit sur le Tibet par le "dialogue" avec la Chine et à
exhorter Pékin à la "retenue" dans sa gestion des troubles. "Nous
restons engagés dans la poursuite du processus de dialogue afin de
trouver une solution à la question tibétaine qui bénéficie aux deux
parties", avait écrit le dalaï-lama dans un communiqué.



Cet appel au dialogue est intervenu peu avant une annonce des
médias jeudi après-midi faisant état de quatre émeutiers blessés
par balle dans la province du Sichuan dimanche dernier. La police
déclare avoir tiré en état de "légitime défense" au cours de
troubles dans cette zone peuplée de Tibétains. C'est la première
fois que le gouvernement reconnaît avoir ouvert le feu sur des
manifestants.

Appel mondial

Plusieurs représentants de la communauté internationale avaient
appelé peu auparavant au dialogue. Le Premier ministre britannique
Gordon Brown s'est dit prêt mercredi à rencontrer le dalaï-lama au
cours de sa prochaine visite à Londres, une annonce qualifiée de
"profondément préoccupante" par Pékin. Gordon Brown a ajouté qu'il
s'était entretenu au téléphone dans la matinée de mercredi avec son
homologue chinois Wen Jiabao. "Le Premier ministre (chinois) m'a
dit qu'il serait disposé à entamer un dialogue avec le dalaï-lama à
deux conditions que le dalaï-lama a déjà remplies: qu'il ne
soutienne pas l'indépendance totale du Tibet et qu'il renonce à la
violence", a-t-il expliqué.



Le Premier ministre australien Kevin Rudd, qui doit se rendre en
visite officielle en Chine le mois prochain, a de nouveau appelé
jeudi la Chine à la retenue.



De son côté, Paris, par la voix de la secrétaire d'Etat aux droits
de l'Homme Rama Yade, a demandé mercredi soir la Chine de "tendre
la main au dalaï-lama" et de respecter les Tibétains, en soulignant
que si ce n'est pas le cas la communauté internationale "en tirera
les conséquences".

Un soutien pour Pékin

En revanche, la Corée du Nord a accusé jeudi les "séparatistes"
tibétains de vouloir saboter les jeux Olympiques d'été à Pékin et
apporté son soutien à la Chine à la suite des violences meurtrières
au Tibet.



Les violences à Lhassa "ont été commises par des séparatistes
tibétains de façon organisée, poussés par des éléments de mauvaise
foi", a déclaré un porte-parole du ministère nord-coréen des
Affaires étrangères.



Le régime communiste "soutient le gouvernement chinois dans ses
efforts pour assurer la stabilité sociale et l'application de la
loi au Tibet et défendre les intérêts fondamentaux du peuple
tibétain".



agences/vd/boi

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La Chine renforce la sécurité

Plusieurs témoins ont fait part jeudi d'un renforcement de la présence militaire au Tibet et dans les régions environnantes.

Georg Blume, du quotidien allemand Die Zeit, a déclaré: "J'ai vu un convoi d'au moins 200 camions avec 30 soldats sur chacun d'entre eux, donc environ 6.000 militaires en déplacement sur une seule journée".

Dans l'ouest de la Chine, un reporter de la BBC a recensé plus de 400 véhicules militaires se dirigeant en convoi vers le Tibet.

Des journalistes de la BBC ont également fait état d'un train transportant deux douzaines de véhicules, dont des camions et des 4X4, sur la ligne menant au Tibet, à la frontière entre les provinces du Qinghai et du Gansu.

Mobilisation en Suisse

Quelque 150 conseillers nationaux et 26 conseillers aux Etats ont appelé jeudi
le Conseil fédéral à prendre position contre la "violence chinoise" au Tibet.
La Suisse ne peut pas se taire face aux graves violations des droits humains,
ont-ils fait savoir dans une lettre.

Il faut clairement exiger du gouvernement chinois qu'il cesse les violences
et la répression, insistent-ils, en ajoutant que l'ambassadeur chinois à
Berne devrait être convoqué.

Le Conseil fédéral doit en outre appeller le CIO à intervenir immédiatement
pour que la Chine respecte ses engagements, souligne cette lettre ouverte.