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La confiance des citoyens dans leur police diverge en Europe

Des manifestations éclatent à Paris contre la nouvelle loi sur la sécurité. [EPA/Keystone - Christophe Petit Tesson]
Pourquoi la confiance en la police française se trouve-t-elle au plus bas? / Tout un monde / 10 min. / le 9 décembre 2020
Si la défiance envers les forces de l'ordre est au coeur de l'actualité en France, ce n'est pas forcément le cas dans le reste de l'Europe. La confiance de la population varie selon les pays. Quelles polices sont le plus appréciées et qu'en est-il en Suisse?

En France, les récentes affaires de violences policières ont rouvert la question du rapport entre citoyens et forces de l'ordre (voir encadré). Une dégradation de la confiance visible dans les récents sondages d'opinion.

Début décembre, pour le compte de BFMTV, l'Institut Elabe estimait à 60% la proportion de Françaises et Français faisant confiance à la police, un chiffre en baisse de 9 points en six mois, et de 16 points par rapport à avril 2019. Mais cette tendance est-elle la même dans le reste de l'Europe?

Voisins plus confiants

Sur ce point, les voisins de la France s'en sortent mieux. En avril passé, un baromètre comparatif mené par le Centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF) montrait que 68% de la population française disait alors faire confiance à la police contre 76% au Royaume-uni et 81% en Allemagne.

A plus large échelle, l'Eurobaromètre relève tous les semestres le niveau de confiance des pays de l'UE dans leurs institutions. En novembre 2019, les pays scandinaves arrivaient en tête (94% en Finlande), tandis que la Bulgarie (49%) et la Slovaquie (41%) figurent parmis les derniers. La France, elle, se situait alors à 67%, soit en dessous de la moyenne européenne (71%).

Le degré de confiance en Suisse

La dernière étude comparative européenne qui inclut la Suisse date de 2013. Cette année-là, Eurostat estimait le degré de confiance des Suisses et Suissesses dans leur police à 7,4 (5e position), au-dessus de la moyenne européenne (5,9).

Si la Suisse n'est pas présente dans les récents baromètres européens, une étude de l'Office fédéral de la statistique (OFS) montre que le niveau de confiance dans la police s'élevait à 67% en 2018. Celui-ci est à peu près le même chez les hommes et les femmes.

Selon un indicateur de l'OFS, la population issue de la migration accorde une confiance plus élevée dans les institutions politiques (dont la police) que la population non issue de la migration.

>> Lire aussi : Les personnes issues de la migration font plus confiance aux institutions

La police suisse bénéficie du plus haut degré de confiance (8,0) par rapport à d'autres institutions comme les tribunaux ou les partis politiques, selon une étude de 2019 menée par l’Académie militaire et le Center for Security Studies de l’EPFZ.

>> Pour comprendre pourquoi le degré de confiance diverge selon les pays, écouter le sujet de "Tout un monde" :

Des manifestations éclatent à Paris contre la nouvelle loi sur la sécurité. [EPA/Keystone - Christophe Petit Tesson]EPA/Keystone - Christophe Petit Tesson
Pourquoi la confiance en la police française se trouve-t-elle au plus bas? / Tout un monde / 10 min. / le 9 décembre 2020

Mouna Hussain / Blandine Levite

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La rupture de confiance en France

En pleine polémique sur les violences policières, le président français Emmanuel Macron a décidé la tenue à partir de janvier d'un "Beauvau de la sécurité" afin d'"améliorer les conditions d'exercice" des forces de l'ordre et "consolider" leurs liens avec les Français et Françaises. Emmanuel Macron y participera personnellement auprès des forces de l'ordre, d'élus et de citoyens.

Cette annonce fait suite à la défiance grandissante dans la population depuis la proposition de loi "sécurité globale", mais également suite à plusieurs cas de violences commises par des policiers, comme le passage à tabac du producteur de musique Michel Zecler.

>> Lire aussi : Quatre policiers en garde à vue après un passage à tabac à Paris

Quelques jours plus tôt, c'était l'évacuation d'un camp de migrant à Paris qui avait suscité la colère d'une partie de la population.

>> Lire aussi : Enquête ouverte après l'évacuation d'un camp de migrants à Paris

C'est depuis 2016 que le rapport entre police et population s'est tendu en France, avec les manifestations contre la loi travail et les heurts entre forces de l'ordre et gilets jaunes, dans lesquels 25 personnes ont perdu un oeil, selon le Huffington Post.

Mais la colère gronde aussi du côté des policiers. Ainsi, plusieurs syndicats se sont insurgés suite aux propos du président reconnaissant des contrôles au faciès lors de son interview vendredi au média en ligne Brut. Ils ont entre autres annoncé l'arrêt des contrôles d'identité.

>> Voir le décryptage de l'interview d'Emmanuel Macron sur Brut :

Décryptage de l'interview d'Emmanuel Macron sur Brut., un média de vidéos en ligne.
Décryptage de l'interview d'Emmanuel Macron sur Brut., un média de vidéos en ligne. / 12h45 / 1 min. / le 5 décembre 2020

Dans une interview pour l'émission "Tout Un Monde", Matthieu Valet, secrétaire général adjoint du syndicat indépendant des commissaires de police, explique cette colère:

"La situation décrite par le président n'est pas la réalité. D'abord on n'a pas de statistiques ethniques, ensuite on ne se délecte pas de contrôler une personne pour une couleur de peau ou une origine vraie ou supposée. (...) Cette déclaration est vécue comme une grosse stigmatisation et une méconnaissance de notre métier."