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Quatre policiers en garde à vue après un passage à tabac à Paris

France: une vidéo qui témoigne de violences policières devient virale et choque le pays déjà à cran
France: une vidéo qui témoigne de violences policières devient virale et choque le pays déjà à cran / 19h30 / 2 min. / le 27 novembre 2020
Quatre policiers ont été placés vendredi en garde à vue après le violent passage à tabac d'un producteur noir à Paris. Ils avaient été suspendus la veille après la diffusion des images. Le ministre de l'Intérieur a annoncé qu'il demandait leur révocation.

Les quatre fonctionnaires, suspendus jeudi, ont été placés en début d'après-midi en garde à vue dans les locaux de l'IGPN (Inspection générale de la police nationale), la police des polices. Ils sont visés par une enquête pour "violences par personne dépositaire de l'autorité publique", "faux en écriture publique" et "racisme".

Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, a annoncé qu'il demandait la révocation des quatre policiers et les a accusés d'avoir "sali l'uniforme de la République".

Le secrétaire général du syndicat des commissaires de police, David Le Bars, a souhaité que "la justice agisse vite", tout en demandant à sortir de la polémique consistant à "laisser croire" que l'ensemble de la police était violente.

Des images "qui nous font honte"

Emmanuel Macron a dénoncé vendredi des images "qui nous font honte", le chef de l'Etat a demandé "une police exemplaire" et réclamé au gouvernement des "propositions" pour "lutter contre les discriminations".

Cette demande est quasiment identique à celle faite en juin dernier à Christophe Castaner, alors ministre de l'Intérieur. Mais en promettant la "tolérance zéro" à l'égard des forces de l'ordre en cas de "soupçons avérés" de racisme et/ou de violences, Christophe Castaner avait déclenché une violente fronde des policiers. Cela lui avait coûté son poste place Beauvau où il avait été remplacé par Gérald Darmanin

"Des gens qui doivent me protéger m'agressent"

L'affaire a éclaté après la publication par le site Loopsider d'une vidéo, largement diffusée sur les réseaux sociaux (plus de 10 millions de vues), qui montre un homme noir, Michel Z., roué de coups par des fonctionnaires de police dans l'entrée d'un studio de musique du XVIIe arrondissement de la capitale.

"On m'a dit sale nègre plusieurs fois et en me donnant des coups de poing", a lui-même dénoncé la victime en venant porter plainte, avec son avocate, au siège parisien de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN). "Des gens qui doivent me protéger m'agressent (...), je n'ai rien fait pour mériter ça", a-t-il poursuivi devant la presse.

"Crise morale sans précédent"

Invité dans Forum, vendredi, le chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) Sebastian Roché estime que la police française "est dans une crise morale sans précédent". Il juge la situation "extrêmement préoccupante, qui a attiré l'attention à plusieurs reprises des Nations unies, du Conseil de l’Europe et même de la Commission européenne. Il est temps de réagir".

La meilleure connaissance des pratiques policières "est liée à la diffusion des outils permettant d'enregistrer des images", selon le chercheur du CNRS.

>> Ecouter l'interview de Sebastian Roché, chercheur au CNRS, dans Forum :

Bavure policière à Paris: interview de Sébastian Roché
Bavure policière à Paris: interview de Sébastian Roché / Forum / 3 min. / le 27 novembre 2020

afp/ddup

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Un contexte très tendu

Ce scandale intervient quelques jours après le démantèlement brutal lundi d'un camp de migrants installés en plein centre de Paris dans le cadre d'une action médiatique des associations leur venant en aide.

Les images de cette évacuation, filmée par des journalistes et des militants, ont donné lieu à un rapport de l'IGPN, qui a notamment dénoncé "un usage disporportionné de la force" de la part d'un commissaire ayant fait un croche-pied à un migrant.

Ces affaires, révélées par les images diffusées sur les réseaux sociaux, surviennent en pleine polémique sur une proposition de loi visant à restreindre le droit à filmer des policiers en opération.

Cette mesure est dénoncée par les journalistes et les défenseurs des droits qui y voient une atteinte à la liberté d'informer, et a donné lieu depuis deux semaines à des manifestations qui ont souvent dégénéré.

Un nouveau rassemblement est prévu samedi à Paris.

>> Ecouter le sujet du 12h30 sur l'adoption de loi par l'Assemblée nationale française :

L'Assemblée nationale française a voté vendredi soir la mesure la plus controversée d'une proposition de loi dite de sécurité globale, qui limite la diffusion d'images de policiers en opération. [Reuters - Gonzalo Fuentes]Reuters - Gonzalo Fuentes
L’assemblée nationale française accepte de conserver le droit de filmer les policiers mais sous conditions / Le 12h30 / 1 min. / le 21 novembre 2020