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Allemagne: scandale fiscal historique

Toutes les pistes convergent notamment vers cette banque du Liechtenstein.
Toutes les pistes convergent vers cette banque du Liechtenstein
L'Allemagne vivait vendredi son plus grand scandale d'évasion fiscale. La justice enquête sur des «centaines» de personnalités soupçonnées d'avoir dissimulé leur argent au Liechtenstein, dont le patron de Deutsche Post.

«Dans de très nombreux cas, des personnalités clé de notre pays
ont voulu se soustraire à leur devoir de solidarité via l'impôt en
pratiquant l'évasion fiscale vers le Liechtenstein», a indiqué le
porte-parole du ministère des Finances lors d'une conférence de
presse.

L'une de ces «personnalités clé» est déjà connue: le très
influent patron de la poste allemande, Klaus Zumwinkel. Il a
présenté vendredi sa démission, après dix-huit ans en poste, et au
lendemain d'une spectaculaire perquisition à son domicile et à son
bureau.



Klaus Zumwinkel est soupçonné d'avoir soustrait un million d'euros
à l'administration fiscale. La Deutsche Post a fait savoir dans un
communiqué que Klaus Zumwinkel démissionnait également de la
présidence du conseil de surveillance de la filiale Postbank.

Pas d'autres noms pour l'heure

Le porte-parole du ministère des Finances n'a pas voulu faire de
commentaires plus précis sur le nombre ou l'identité des
personnalités visées, indiquant seulement qu'il s'agissait «de gens
connus et inconnus, surtout de personnes dont les revenus sont dans
le haut de l'échelle».



Le parquet en charge, celui de Bochum (Rhénanie du Nord
Westphalie), a fait état de «dépôts financiers de plusieurs
centaines» de personnes, «en particulier au sein de fondations au
Liechtenstein, qui semblent avoir été créées pour servir l'évasion
fiscale.»



A en croire le quotidien «Tagesspiegel» à paraître samedi, quelque
300 perquisitions sont déjà prévues pour ce qui s'annonce comme «la
plus grande enquête fiscale jamais connue par l'Allemagne», selon
une source policière. Et l'évasion porte dans certains cas sur des
montants «bien plus importants que dans le cas de M.
Zumwinkel».

Banque LGT dans le collimateur

Tous les regards se tournent désormais vers le Liechtenstein, et
en particulier vers la banque LGT, en mains de la famille princière
du Liechtenstein. «Nous avons pris connaissance de l'importante
couverture dans les médias.



La banque fiduciaire LGT-Treuhand, dont le siège est à Vaduz, est
en train de procéder à des vérifications», a réagi le groupe
bancaire. LGT-Treuhand est une filiale du groupe LGT, spécialisée
dans la création de fondations.



ats/tac

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Rencontre Berlin-Vaduz mercredi

La visite prévue mercredi prochain à Berlin du chef du gouvernement du Liechtenstein, Otmar Hasler, ne pouvait pas mieux tomber. L'enquête en cours «pourra être un thème de discussion» avec la chancelière Angela Merkel, a dit le porte-parole de cette dernière.

Ce n'est pas la première fois que la petite principauté apparaît au premier plan d'un scandale financier en Allemagne: en 2000, lors de l'énorme scandale des caisses noires de la CDU (parti conservateur), des comptes au Liechtenstein avaient déjà fait couler beaucoup d'encre.

Le porte-parole d'Angela Merkel, Ulrich Wilhelm, a indiqué que cette affaire «avait un coût en termes de confiance et de crédibilité» vis-à-vis des grands patrons allemands, mais a ajouté que «la grande majorité des dirigeants d'entreprises travaillaient avec sérieux.»

La réputation du patronat allemand a été sérieusement ébranlée ces dernières années par deux affaires en particulier: celle de la corruption du comité d'entreprise du constructeur Volkswagen, et celle des énormes caisses noires du conglomérat Siemens.