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La Chine poursuivrait la construction de centres de détention au Xinjiang

Le nombre de camps de travail au Xinjiang est en hausse, selon une étude d'un think tank australien. [Keystone/AP - Ng Han Guan]
La Chine poursuit la construction de camps de détention dans le Xinjiang / Le 12h30 / 1 min. / le 25 septembre 2020
Alors qu'elle assure depuis des mois démanteler son réseau de camps d’internement dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang, une étude publiée par un Institut australien accuse la Chine de continuer à en construire, sur la base d'images satellite notamment.

Financée en partie par des subventions du Département d'Etat américain, cette enquête publiée jeudi par l'Institut de politique stratégique (ASPI), un cabinet de recherche indépendant basé à Canberra et créé par le gouvernement australien, révèle que la Chine compte 380 "centres de détention présumés" dans la région du Xinjiang, soit 100 de plus que les précédentes estimations réalisées à ce jour. Ce réseau se serait étoffé avec le renforcement de la politique de sécurité.

Les chercheurs disent les avoir identifiés grâce à des images satellites, des témoignages, des articles de presse et des appels d'offres dans le secteur des travaux publics. Ils présentent ces établissements, qui auraient des fonctions et des tailles parfois très différentes, comme des "camps de rééducation", des "centres de détention" ou encore des "prisons".

Agrandissements entre 2019 et 2020

Longtemps frappée par des attentats sanglants attribués à des membres de l'ethnie musulmane des Ouïghours, cette immense région semi-désertique du nord-ouest du pays fait l'objet d'une ferme reprise en main sécuritaire par Pékin, au nom de la lutte antiterroriste. Plus d'un million de personnes, principalement musulmanes, y ont été internées dans des "camps", accusent des organisations de défense des droits de l'Homme. La Chine, elle, parle de "centres de formation professionnelle" destinés à aider la population à trouver un emploi et ainsi l'éloigner de l'extrémisme religieux.

Le chiffre de 380 camps articulé par l'ASPI constitue une augmentation d'environ 40% des estimations précédentes. L'étude identifie bien le démantèlement d’une septantaine de centres existants, des structures à faible niveau de sécurité, mais d’autres ont été étendus. "Au moins 61 sites de détention ont fait l'objet de nouvelles constructions et de travaux d'agrandissement entre juillet 2019 et juillet 2020", précise l'étude.

>> Ecouter La Matinale revenir,

mi-septembre dernier

, sur la reconnaissance de l'existence de ces camps par la Chine:

Le centre d'internement de Dabancheng près d'Urumqi, la capitale du Xinjiang. [Reuters - Thomas Peter]Reuters - Thomas Peter
Pékin reconnaît que 1,3 millions de Ouïghours sont passés par «centres de formation professionnelle» entre 2014 et 2019. / La Matinale / 1 min. / le 18 septembre 2020

Nouveau camp grand comme 25 terrains de football

Un site dans la région de la capitale Urumqi a par exemple gagné un kilomètre de superficie. Dans cette zone, une centaine de bâtiments sont sortis de terre. Autre exemple: au sud du Xinjiang, à Kashgar, un énorme centre grand comme 25 terrains de football a ouvert en janvier. Il ne compte pas moins de 13 immeubles de 5 étages, entourés par de hauts murs et des tours de guet. Certaines de ces structures ont été dressées aux abords de zones industrielles, intensifiant les soupçons de travail forcé.

Ces informations contredisent les déclarations de la Chine, selon laquelle l'ensemble des personnes ayant suivi une formation ont été diplômées et ont quitté ces "centres de formation professionnelle".

Institut "pas crédible" selon Pékin

Interrogé jeudi lors d'une conférence de presse, Wang Wenbin, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a catégoriquement démenti l'existence de "camps de détention" au Xinjiang et remis en cause la "crédibilité" de l'institut australien à l'origine de l'étude.

La Chine avait vanté à la mi-septembre sa politique de formations professionnelles au Xinjiang, évoquant 1,29 million de personnes formées chaque année en moyenne entre 2014 et 2019. Elle aurait permis de faire reculer le chômage et l'instabilité, les autorités affirmant notamment qu'aucun attentat n'a frappé la région depuis plus de trois ans.

De son côté, la Chambre américaine des représentants a adopté mardi un projet de loi visant à interdire la plupart des importations vers les Etats-Unis de produits en provenance du Xinjiang, en raison du "travail forcé" qu'elle impose à ses yeux aux Ouïghours.

Sujet radio: mp
Adaptation web: vic avec ats

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La Chine accusée d'avoir détruit des milliers de mosquées au Xinjiang

Un autre rapport du même institut australien de politique stratégique, publié lui vendredi, accuse cette fois la Chine d'avoir détruit ou endommagé près de 16'000 mosquées dans la région du Xinjiang. Les chercheurs disent s'être basés sur des photos satellite, puis avoir procédé à des extrapolations. Après une analyse de 533 mosquées (sur les 24'000 que compte officiellement le Xinjiang, selon les autorités chinoises), ils ont procédé à des calculs selon des modèles statistiques.

La plupart des destructions se sont déroulées lors des trois dernières années et 8'500 mosquées ont été complètement détruites, affirme le rapport. Certaines autres auraient vu leurs dômes et leurs minarets retirés.

"Rumeur et calomnie"

"Ce rapport n'est que rumeur et calomnie", a réagi lors d'un point presse le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Wang Wenbin, dénonçant "l'absence de crédibilité" du cabinet de recherche et "ses financements venus de l'étranger". "Le nombre total de mosquées par habitant musulman au Xinjiang est plus élevé que dans nombre de pays musulmans", a-t-il ajouté.

>> Ecouter La Matinale revenir, en janvier dernier, sur la destruction de cimetières au Xinjiang :

Un cimetière ouïghours rasé par Pékin dans la région du Xinjiang, en Chine, en septembre 2019. [AFP - Hector Retamal]AFP - Hector Retamal
RTSreligion - Plus d’une centaine de cimetières ouïghours détruits par Pékin / Chronique de RTSreligion / 2 min. / le 6 janvier 2020