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Malmenée, l'ONU célèbre ses 75 ans et plaide pour le multilatéralisme

Le siège de l'ONU à New York. [AFP - Brendan Smialowski]
Les chefs d'Etats du monde entier se réunissent virtuellement pour célébrer les 75 ans des Nations Unies / Le Journal horaire / 1 min. / le 21 septembre 2020
Le monde fait face "à trop de défis multilatéraux et (à) un déficit de solutions multilatérales", a affirmé lundi le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, à l'ouverture d'un sommet virtuel, coronavirus oblige, célébrant les 75 ans de l'organisation.

"Personne ne veut d'un gouvernement mondial - mais nous devons travailler ensemble pour améliorer la gouvernance mondiale", a-t-il ajouté alors que, selon des experts, la pandémie de Covid-19 a cruellement mis en lumière la perte d'efficacité du système multilatéral face à la pire crise d'après-Deuxième Guerre mondiale.

Interventions par vidéo

Au cours de ce sommet du 75e anniversaire, les dirigeants de quelque 180 pays doivent intervenir avec des discours enregistrés par vidéo à l'avance et ne devant pas excéder trois minutes.

Mais l'administration Trump n'a dépêché qu'une diplomate de second rang, dans une nouvelle manifestation de son mépris pour l'organisation mondiale.

Le président américain devrait toutefois intervenir mardi, lorsque les mêmes dirigeants commenceront, pendant une semaine, à s'exprimer lors de l'Assemblée générale annuelle de l'ONU, tenue également en raison de la pandémie de Covid-19 de manière virtuelle, avec des vidéos enregistrées ne devant pas dépasser chacune les 15 minutes.

"Maison commune en désordre"

Lors de la session, l'Assemblée générale de l'ONU a entériné l'adoption d'une déclaration vantant les mérites du multilatéralisme.

"Notre maison commune est en désordre à l'image de notre monde", a toutefois admis lundi le président français Emmanuel Macron.

"Ses fondations s'érodent, ses murs se lézardent parfois sous les coups de boutoir de ceux-là même qui l'ont construite", a-t-il aussi ajouté sans citer de noms de pays mais en visant implicitement les Etats-Unis du président Donald Trump qui se sont détachés depuis trois ans de l'ONU et de plusieurs de ses agences.

"Des tabous que l'on pensait inviolables sont levés: la guerre d'annexion, l'usage de l'arme chimique, la détention de masse dans l'impunité. Des droits que l'on croyait acquis sont bafoués et notre système international prisonnier de nos rivalités n'a plus la force de sanctionner ces abus", a aussi déploré le président français.

"Un terrain de compétition"

Interrogé dans Forum, Scott Weber, président de l'ONG Interpeace et ancien employé de l'ONU, constate que l'organisation "est un terrain de compétition" et que "ce sont souvent les Etats-membres qui empêchent l'ONU de fonctionner correctement".

"On besoin de l'ONU, mais d'une ONU différente, plus flexible (...) plus proche du peuple", ajoute Scott Weber.

Déclin de l’efficacité de l’ONU, 75 ans après sa création: interview de Scott Weber
Déclin de l’efficacité de l’ONU, 75 ans après sa création: interview de Scott Weber / Forum / 4 min. / le 21 septembre 2020

afp/cab

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Cavalier seul des Etats-Unis

Les Etats-Unis ont imposé lundi des sanctions unilatérales très controversées pour renforcer la pression sur l'Iran au moment même où les Nations unies célèbrent le multilatéralisme.

Nouveau décret présidentiel à l'appui, Donald Trump a annoncé des mesures punitives contre 27 personnes ou entités, officiellement au nom du respect de sanctions de l'ONU contre Téhéran.

Parmi les mesures, des sanctions visant le ministère iranien de la Défense, l'Organisation iranienne de l'énergie atomique, et même le président vénézuélien Nicolas Maduro, accusé d'aider l'Iran à "contourner l'embargo de l'ONU sur les armes".

Les Etats-Unis ont affirmé ce week-end que "toutes les sanctions de l'ONU contre la République islamique d'Iran" étaient de "retour", à la suite d'une procédure contestée qu'ils ont eux-mêmes déclenchée.

Pirouette juridique

Ces sanctions avaient été levées en vertu de l'accord international conclu en 2015, lorsque Téhéran s'est engagé à ne pas se doter de l'arme nucléaire.

Or le président Trump, jugeant insuffisant ce texte négocié par son prédécesseur Barack Obama, en a retiré avec fracas en 2018 son pays, qui a dans la foulée rétabli voire durci ses propres sanctions bilatérales.

A présent, dans une pirouette juridique, les Etats-Unis invoquent leur statut de pays "participant" à cet accord pour rétablir les sanctions, ce que contestent la quasi-totalité des autres membres du Conseil de sécurité de l'ONU.