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Le Soudan formalise un accord de paix historique avec plusieurs mouvements rebelles

C'est en uniforme militaire que Mohamed Hamdan Daglo, vice-président du Conseil souverain et accusé d'avoir commis des "atrocités" au Darfour, a signé l'accord. [afp - Akuot Chol]
Le Soudan formalise un accord de paix historique avec plusieurs mouvements rebelles / Le Journal de 22h30 / 26 sec. / le 31 août 2020
Un accord de paix historique a été paraphé lundi par les autorités soudanaises de transition et plusieurs mouvements rebelles. Le texte doit mettre un terme à dix-sept années de conflits qui ont fait des centaines de milliers de morts, en particulier dans l'ouest du pays, au Darfour.

Après des mois de négociations, cet accord de paix historique a été paraphé en deux temps lors d'une cérémonie à Juba, au Soudan du Sud: d'abord par les mouvements rebelles du Darfour, où la guerre débutée en 2003 a fait, selon l'ONU, au moins 300'000 morts et 2,5 millions de déplacés, surtout au cours des premières années. Puis par le mouvement rebelle du Kordofan-Sud et du Nil bleu, où la guerre a affecté un million de personnes.

"Nous savons que nous allons affronter quelques problèmes lorsque nous allons commencer à procéder (à la mise en oeuvre de l'accord) sur le terrain, mais nous avons cette volonté politique", a réagi Fayçal Mohamed Saleh, porte-parole du gouvernement, en marge de la cérémonie. Avant de poursuivre: "Nous pensons que nous avons commencé la réelle transformation du Soudan d'une dictature vers une démocratie (...) parce que nous sommes désormais rejoints par les mouvements armés de gens de toutes les régions du Soudan."

Premier succès

Pour célébrer le premier succès dont ils peuvent se targuer depuis la chute de l'autocrate Omar el-Béchir au printemps 2019, ces dirigeants soudanais s'étaient déplacés en nombre à Juba. Plusieurs pays étrangers étaient également présents. Pour les autorités soudanaises, c'est en uniforme militaire que Mohamed Hamdan Daglo, vice-président du Conseil souverain et accusé d'avoir commis des "atrocités" au Darfour, a signé l'accord.

Encore plus symbolique: les ennemis d'hier, Mohamed Hamdan Daglo et les chefs des mouvements rebelles, regroupés au sein du Front révolutionnaire soudanais (FRS) se sont serré la main et ont même initié quelques pas de danse. Le FRS est constitué de quatre mouvements de guérilla ayant combattu au Darfour, ainsi que dans les Etats du Kordofan-Sud et du Nil Bleu, au sud.

Plusieurs échecs

L'accord a également été paraphé, en tant que témoin, par le président du Soudan du Sud, Salva Kiir. Ce dernier avait pris place à la tribune aux côtés du général Abdel Fattah al-Burhane, qui préside le Conseil souverain, et du Premier ministre soudanais Abdallah Hamdok.

D'autres accords portant sur le développement du pays ont été paraphés avec des responsables politiques et tribaux de plusieurs régions. Désormais, pour le chef rebelle du Mouvement pour la Justice et l'Egalité Gibril Ibrahim, "le principal défi" est aussi "de mettre en application cet accord et de pouvoir le financer".

Un an aura été nécessaire pour arriver à cet accord, tant était profonde la méfiance et les dossiers ardus. Plusieurs accords de paix avaient échoué, notamment en 2006 et en 2010.

ats/fgn

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