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La répression du mouvement pro-démocratie thaïlandais s'accentue

Un étudiant pro-démocratie proteste contre les arrestations devant un commissariat de Bankok, 20.08.2020. [Reuters - Athit Perawongmetha]
Les arrestations de militants pro-démocratie se multiplient en Thaïlande / Le Journal horaire / 18 sec. / le 20 août 2020
Les autorités thaïlandaises ont arrêté momentanément, jeudi cinq nouveaux militants pour la démocratie impliqués dans les récentes manifestations. Les protestataires appellent à une refonte du gouvernement et à une réforme de la monarchie.

Des manifestations quasi-quotidiennes sont organisées depuis juillet par des groupes d'étudiants sur les campus de Thaïlande. Et dimanche dernier, une grande manifestation a réuni plus de 10'000 personnes à Bangkok, du jamais vu après le coup d'Etat de 2014.

Depuis le début du mois d'août, 11 militants au total ont été placés ainsi en garde en vue, et poursuivis pour une dizaine de chefs d'accusation, dont la sédition et la violation de la loi d'urgence sanitaire. Tous ont été remis en liberté sous caution jeudi soir.

Par ailleurs, un tribunal de Bangkok a émis mercredi six autres mandats d'arrêt non encore mis à exécution.

Des stars du rap local

Parmi les personnes arrêtées jeudi matin se trouvaient deux stars du rap local, le chanteur du groupe Rap Against Dictatorship (RAD), ainsi que Thanayut Na Ayutthaya, de son nom de scène "Elevenfinger". Ils ont tous deux joué sur scène au cours d'une manifestation qui avait lancé le mouvement le 18 juillet.

Le morceau "What My Country's Got?", un pamphlet anti-militaire du groupe RAD, a été vu plus de 87 millions de fois sur YouTube depuis l'élection controversée de 2019, témoignant de l'impact des critiques contre le régime.

L'ancien chef de l'armée au pouvoir

Le scrutin avait vu l'ancien chef de l'armée et cerveau du coup d'Etat de 2014, Prayut Chan-O-Cha, conserver le pouvoir en devenant Premier ministre, poste qu'il occupe toujours.

Les manifestants réclament sa démission, la dissolution du Parlement et la réécriture de la Constitution de 2017 qui donne un pouvoir très large aux 250 sénateurs, tous choisis par l'armée.

La monarchie remise en question

Les détentions de jeudi sont intervenues après la nouvelle arrestation mercredi soir de l'avocat des droits humains Anon Numpa pour sa participation à une autre manifestation le 3 août.

Il a été l'un des premiers militants à discuter ouvertement de la monarchie lors de l'événement dit "Harry Potter", qui avait multiplié les références au monarque, de manière à peine voilée.

Lors d'une autre manifestation le 10 août, les organisateurs avaient pour la première fois recensé 10 revendications pour réformer la monarchie, un acte susceptible de poursuites pénales et de lourdes peines pour crime de lèse-majesté.

Un monarque richissime et influent

Avec une fortune estimée à 60 milliards de dollars, le monarque Maha Vajiralongkorn, appelé Rama X, a depuis son accession au trône en 2016 apporté des changements sans précédent à la gouvernance du pays en prenant le contrôle direct des actifs royaux et en plaçant des unités de l'armée directement sous son commandement.

afp/oang

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Un mouvement sans leader affirmé

La Thaïlande a déjà connu des coups d'Etat et des mouvements de protestation violents, mais qui disposaient de puissants soutiens politiques et financiers. Le mouvement en cours, sans véritable leader affirmé, se caractérise surtout par l'engagement de la jeunesse.

Le déclencheur a été l'interdiction faite en février aux dirigeants d'un parti d'opposition, populaire justement auprès des jeunes, d'avoir toute activité politique.

Le confinement lié à la pandémie de coranavirus a ensuite jeté une lumière crue sur les inégalités criantes dans le royaume entre une petite classe privilégiée liée à la monarchie et la grande majorité de la population.

Ce contexte a alimenté la colère contre le gouvernement et la monarchie, et contribué à nourrir un mouvement qui s'inspire partiellement du mouvement pro-démocratie de Hong Kong.