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Londres expulse quatre diplomates russes

Andreï Lougovoï au coeur d'une crise diplomatique anglo-russe
Andreï Lougovoï au coeur d'une crise diplomatique anglo-russe
La Grande-Bretagne va expulser quatre diplomates russes, en réponse au refus de Moscou d'extrader le principal suspect du meurtre d'Alexandre Litvinenko, a annoncé lundi le ministre britannique des Affaires étrangères, David Miliband.

C'est la première fois que la Grande-Bretagne annonce des
expulsions de diplomates russes depuis mai 1996. La Grande-Bretagne
va par ailleurs revoir sa coopération avec la Russie dans plusieurs
domaines, notamment dans l'attribution des visas.



La Russie a immédiatement annoncé qu'elle va riposter à cette
décision, ajoutant que "la position de Londres est immorale".
Moscou a aussi fustigé "une action bien préparée pour donner une
tournure politique à l'affaire Litvinenko".

Mesure de rétorsion

Andreï Lougovoï, ex-membre du KGB reconverti dans les affaires,
est considéré par Scotland Yard comme le principal suspect de
l'empoisonnement au polonium - une substance radioactive rarissime
d'Alexandre Litvinenko, ex-agent russe devenu opposant au Kremlin
qui est décédé à Londres le 23 novembre 2006.



Le nouveau chef de la diplomatie britannique a également déclaré
aux députés que la Grande-Bretagne allait faire pression sur ses
partenaires européens pour qu'ils prennent en compte le refus russe
de répondre à la justice britannique, lors de leurs prochaines
discussions avec Moscou. Ces mesures de rétorsion, a-t-il expliqué,
sont une "réponse appropriée" à la décision "extrêmement décevante"
de Moscou de ne pas extrader Andreï Lougovoï.

Escalade diplomatique

Le ton était monté entre Londres et Moscou la semaine dernière,
après le refus officiel russe reçu par le parquet britannique au
sujet de sa demande d'extradition d'Andreï Lougovoï. Moscou s'était
engagé à poursuivre en justice ce dernier, si des preuves étaient
fournies, proposition rejetée par la justice britannique.



Andreï Lougovoï a été mis en accusation le 22 mai par le parquet
britannique pour le meurtre d'Alexandre Litvinenko. Le parquet
général russe avait déjà annoncé le 5 juillet avoir rejeté la
demande d'extradition britannique, en raison de l'article 61 de la
Constitution russe, "qui exclut la possibilité de remettre un
citoyen russe à un Etat tiers".



afp/cab

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Déroulement des faits

1er novembre : Alexandre Litvinenko rencontre à Londres au moins trois personnes : deux Russes et un Italien. Peu après il commence à se sentir mal.

16 novembre : il se trouve dans un état grave, mais stationnaire, dans un hôpital de Londres.

20 novembre : Scotland Yard parle d'"empoisonnement apparemment délibéré", et annonce que l'enquête a été confiée à sa section antiterrorisme.

23 novembre : Alexandre Litvinenko décède après une longue agonie.

7 décembre : Scotland Yard commence son enquête en Russie.

22 mai: le Parquet britannique met en accusation l'ancien agent russe Andreï Lougovoï.

Gros enjeux économiques

La Grande-Bretagne est le premier investisseur étranger direct en Russie avec plus de huit milliards d'euros investis en 2006.

Les compagnies britanniques du secteur pétrolier BP et Shell, ou le géant minier Peter Hambro, y sont particulièrement impliquées.

De nombreux groupes russes, dont le géant gazier Gazprom, sont cotés à Londres et sont en affaire avec des banques britanniques.