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Reprise économique difficile en Inde, très touchée par la pandémie

En Inde, l'économie peine à se relancer après la crise du Covid-19. [EPA/Keystone - Divyakant Solanki]
Reprise économique difficile en Inde: interview de Sébastien Farcis / Tout un monde / 3 min. / le 16 juin 2020
L’inde a été durement touchée par la pandémie de Covid-19, qui progresse encore. Après deux mois d’un confinement très strict qui a mis l’économie à l’arrêt, cette situation sanitaire freine la reprise économique.

L'Inde a enregistré plus de 300'000 cas depuis le début de la pandémie et 9900 morts. Elle a entamé son déconfinement depuis un mois, mais la reprise est lente. Les usines des zones industrielles hors des villes ont pu reprendre début mai, car le virus était concentré dans les grandes agglomérations. Et cela est resté le cas jusqu'à la mi-mai. Mais les mouvements de population ont alors repris et plus de 6 millions de travailleurs journaliers, abandonnés sans revenu dans les grandes villes ou les centres industriels, sont rentrés dans leurs campagnes d'origine depuis un mois.

Propagation du virus

Et cela a propagé le virus dans des zones épargnées jusqu'alors. Cela créé deux problèmes pour la reprise économique: d'abord, un manque de travailleurs dans les usines, et ensuite, les mesures de sécurité se renforcent à cause de l'importante contagion.

La grande usine de production textile Ginni Filaments, située dans l'Uttar Pradesh, à 120 kilomètres de New Delhi, fait face à ces deux problèmes en même temps. "Nous opérons à 70% de notre capacité, car nous n'avons pas assez de main-d'oeuvre", a expliqué le directeur de la section tissage, Balakrishnan Sharma, mardi dans l'émission Tout un monde. "Si les ouvriers revenaient, nous aurions assez de commandes pour opérer à 100%. Mais l'autre problème est que beaucoup de cas de Covid-19 ont été déclarés dans notre zone. Donc nous avons arrêté de chercher à recruter autour de l'usine pour éviter que le virus ne se propage dans les locaux".

Plan de soutien du gouvernement

Pour faire face à ce ralentissement, le gouvernement a annoncé un plan de soutien équivalent à 260 milliards de francs. Mais beaucoup d'économistes sont sceptiques sur son efficacité. Car ce plan offre surtout des baisses d'impôts pour les sociétés et facilite l'accès au prêt. Or l'économie indienne repose sur des millions de petits artisans et de micro-entreprises, qui ont tout perdu et ne vont sûrement pas emprunter, même à taux réduits, dans cette situation.

Les aides directes ne représentent que 10% de ce plan, alors qu'elles seraient efficaces pour relancer la consommation. Mais de telles aides coûtent évidemment bien plus cher.

Prévisions inquiétantes

Les prévisions de croissance sont donc inquiétantes. L'Inde naviguait ces dernières années à un rythme de 4 à 7% de croissance annuelle, un taux élevé pour l'Occident mais nécessaire ici pour absorber les 8 à 10 millions de jeunes qui arrivent sur le marché de l'emploi chaque année et pour aider les centaines de millions de personnes qui vivent encore dans la pauvreté.

Cette crise met fin à cette croissance, et l'Inde devrait entrer en récession, pour la première fois depuis 41 ans. Avec un produit intérieur brut qui reculerait de 3 à 4% en 2020. Ce revirement pourrait avoir un coût social dramatique: l'Organisation internationale du travail estimait en avril que cette crise pourrait faire tomber 400 millions de travailleurs précaires dans la pauvreté.

Sujet radio: Sébastien Farcis

Adaptation web: Jean-Philippe Rutz

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