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Doute sur la réalité du nucléaire nord-coréen

Naturalisations, formation et Maladière
Le programme nucléaire existe "peut-être", selon Washington
Les doutes entachant la qualité des renseignements américains sur le programme nord-coréen d'enrichissement d'uranium ont conduit les démocrates à demander des comptes à l'administration Bush, après le précédent sur l'Irak.

Les démocrates au Congrès ont réclamé jeudi des explications
après qu'un responsable du renseignement a reconnu il y a quelques
jours que les services secrets américains n'étaient plus certains
de l'existence de ce programme.

Doutes

"Nous allons poser au Pentagone une série de questions", a
déclaré le président de la commission des Forces armées du Sénat,
le démocrate Carl Levin, ajoutant que le secrétaire à la Défense
Robert Gates, et probablement la secrétaire d'Etat Condoleezza
Rice, recevraient une lettre d'ici lundi.



Le responsable chargé de la Corée du Nord à la direction nationale
du renseignement (DNI), Joseph DeTrani, a déclaré mardi que le
renseignement américain croyait encore à l'existence du programme
nord-coréen d'enrichissement d'uranium, mais qu'il avait des
doutes.



"Nous pensons toujours que le programme existe - mais notre
certitude est à un niveau moyen", a dit Joseph DeTrani lors d'une
audition parlementaire.

Manipulation

Selon le New York Times, ce niveau de certitude "moyen" signifie
qu'il existe plusieurs analyses contradictoires et que
l'information n'est pas complètement confirmée. "Ca nous ramène à
l'Irak, à l'Iran", a déclaré le chef de la majorité Harry Reid à
l'AFP. "Il semblerait que certains pensent que le renseignement
(...) a été manipulé", a-t-il ajouté.



Son numéro deux, Richard Durbin, a aussi jugé "troublant de
trouver une telle incertitude quand il s'agit de questions de
renseignement d'une telle gravité".

Axe du mal

"Dire que certains pays appartiennent à un axe du mal, et
découvrir ensuite qu'il y avait des lacunes majeures dans nos
renseignements sur l'Irak, et maintenant sur un autre pays de l'axe
du mal, cela n'inspire pas confiance", a ajouté Richard
Durbin.



Pour le New York Times, les déclarations de Joseph DeTrani
signifient que l'administration Bush est revenue sur ses
affirmations en 2002 selon lesquelles la Corée du Nord menait un
programme clandestin d'enrichissement d'uranium à des fins
militaires, en plus de son programme déclaré utilisant du
plutonium.



Ces accusations ont conduit à l'interruption de l'accord de
dénucléarisation signé en 1994 avec Pyongyang.

Test nucléaire évité

Le New York Times, citant deux responsables de l'administration
Bush non identifiés, affirme que si Washington avait eu les mêmes
doutes en 2002, la stratégie de négociations avec la Corée du Nord
aurait pu être différente.



Et l'enchaînement d'événements qui a conduit Pyongyang à procéder
à un essai nucléaire en octobre dernier aurait pu être aussi évité,
selon le journal.



agences/ruc

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Comme l'Irak?

Ces interrogations concernant l'existence d'un programme nucléaire nord-coréen rappellent le précédent irakien.

Les services de renseignement avaient alors affirmé, à tort, que Saddam Hussein possédait des armes de destruction massive.

Cet argument avait servi à justifier la guerre contre l'Irak en 2003.

Version officielle

Une porte-parole de la Maison Blanche, Dana Perino, a renvoyé jeudi les journalistes aux services de renseignement.

"Nous avons dit depuis longtemps que la Corée du Nord est un régime opaque. Je suis sûre que la communauté du renseignement essaie en permanence d'évaluer et de réévaluer les informations dont elle dispose. Ce que nous savons est que la Corée du Nord a testé une arme nucléaire", a-t-elle dit.

De son côté, un porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack, a souligné que les Nord-Coréens avaient "admis" en 2002 mener ce programme avant d'en nier l'existence.

Il a ajouté que le président pakistanais Pervez Musharraf avait confirmé dans ses mémoires que le "père" de la bombe atomique pakistanaise AQ Khan "avait vendu des équipements" aux Nord-Coréens.