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Dans le flou, la France confinée affronte une vague qui va durer

Les mesures peinent à être appliquées en France, alors que les contrôles se durcissent.
Les mesures peinent à être appliquées en France, alors que les contrôles se durcissent. / 12h45 / 1 min. / le 22 mars 2020
Face à l'épidémie de coronavirus qui a déjà tué plus de 560 personnes en France, pouvoirs publics et médecins gèrent l'urgence et préparent la suite, notamment la prolongation attendue du confinement.

"La vague est là", a clamé Emmanuel Macron dans le Journal du Dimanche. "C'est une guerre, elle va durer", ajoute le chef d'Etat qui entend en priorité soutenir le système de santé, mais aussi gérer le "stress" de la société et se préparer à "affronter une crise financière sans précédent, une crise de l'économie réelle".

"La situation va continuer à s'aggraver avant que les effets du confinement fassent leur effet", a rappelé samedi le ministre de la Santé Olivier Véran. Il estime le nombre de personnes infectées en France à "entre 30'000 et 90'000", fourchette large en raison des nombreuses personnes asymptômatiques.

La France pratique peu de tests

Concernant l'utilisation de tests uniquement sur certaines catégories de populations "à risque", Olivier Véran a assuré que les autorités se préparaient à "les multiplier au moment où nous lèverons le confinement". Mais pour l'heure, pas de dépistage massif. Car il n'y en a tout simplement pas assez en France, explique régulièrement le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy.

Les autorités ont demandé à ce conseil scientifique créé sur le Covid-19 de se prononcer sur "la durée" et "l'étendue" du confinement. Son avis est attendu lundi, mais tout laisse à penser qu'il se prononcera pour une prolongation, voire un renforcement des mesures.

Près de 40'000 verbalisations

Car le respect du confinement reste aléatoire, malgré un durcissement des sanctions prévues dans la nuit de samedi à dimanche.

>> Lire aussi : De nombreux Français ont encore pris le train avant le confinement

Sur le terrain, de nombreux élus locaux ont imposé des mesures plus strictes, avec des couvre-feux décrétés notamment à Béziers (Hérault), à Charleville-Mézières (Ardennes) ou encore dans les Alpes-Maritimes, de 22h à 5h du matin.

A Paris, la maire Anne Hidalgo a appelé à "aller vers un confinement beaucoup plus sévère". Elle a toutefois défendu les marchés alimentaires en plein air mais avec des "mesures drastiques".

Flou autour des mesures annoncées

Beaucoup de Français déclarent en outre ne pas comprendre la communication de l'Élysée, qui prône le confinement à demi-mots mais encourage en parallèle la poursuite du travail.

Durant la semaine, le ton est monté entre les syndicats et le gouvernement. Mardi, trois grandes fédérations d'entreprises du bâtiment ont appelé le gouvernement à prononcer clairement un arrêt des chantiers durant une dizaine de jours.

Mercredi, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a accusé ces entreprises de "défaitisme" et de "manquer de civisme" face à la crise économique provoquée par le Covid-19. Des propos jugés "scandaleux" et "insultants" par les principaux intéressés.

Pour l'heure 55% des Français font confiance au gouvernement pour "faire face efficacement au coronavrius", et 57% pour "aider les entreprises en difficulté", selon un sondage Ifop paru dimanche. Mais la défiance monte, relève Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'institut.

Des hôpitaux déjà saturés

Par ailleurs, la grogne s'est également faite sentir parmi les médecins. Deux syndicats ont déposé une requête auprès du conseil d'Etat, plus haute juridiction administrative du pays, pour un durcissement des mesures.

>> Le reportage du 12h30 :

Certaines rues parisiennes sont déjà désertes. [AP Photo/Keystone - Thibault Camus]AP Photo/Keystone - Thibault Camus
Des médecins français veulent un confinement plus strict / Le 12h30 / 1 min. / le 22 mars 2020

Il y a "trop d'entreprises qui travaillent" et "trop de transports publics qui fonctionnent", et les dérogations pour la population sont "trop floues et permissives", déplorent-ils.

Ils réclament un confinement "le plus total possible" qui limiterait les sorties aux "besoins vitaux".

Dans la région du Grand-Est, la plus touchée du pays, certains soignants ont dit avoir dû faire des choix entre les patients. Une situation parfois difficilement soutenable sur le plan moral.

>> Le sujet du 12h45 :

L'épidémie de coronavirus s'aggrave dans le Haut-Rhin, en France.
L'épidémie de coronavirus s'aggrave dans le Haut-Rhin, en France. / 12h45 / 1 min. / le 22 mars 2020

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jop avec agences

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