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Report in extremis d'une enquête sur les abus dans le diocèse de Cologne

La cathédrale de Cologne. [Keystone - AP Photo/Hermann J. Knippertz]
RTSreligion - Le diocèse de Cologne reporte in extremis l'annonce des résultats de l'enquête sur la gestion des abus / Chronique de RTSreligion / 2 min. / le 12 mars 2020
A la demande de l'évêché de Cologne, un cabinet d'avocats a réalisé une enquête sur la manière dont les cas d'abus sexuels ont été traités par le diocèse. Prévue le 19 mars, la présentation des conclusions a été reportée.

A la demande des autorités de l'évêché de Cologne, le cabinet d'avocats Westphal-Spiler-Wastl a réalisé une enquête sur la manière dont les autorités diocésaines ont agi lorsqu'elles ont traité des cas d'abus sexuels.

L'objectif de cette démarche sans précédent est de comprendre comment les procédures ont été menées vis-à-vis des victimes comme des agresseurs. Invoquant des raisons de "protection des données" et de "protection de la personnalité", le diocèse de Cologne a repoussé mercredi la présentation du rapport à une date non précisée.

Le choix de réaliser une telle enquête est lié à l'électrochoc reçu par l'Eglise catholique allemande en automne 2018, lorsque qu'une synthèse sur les abus depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale a été publiée. Ce travail d'ampleur nationale avait révélé l'existence d'au moins 3600 victimes et de 1600 prêtres accusés.

>> Lire aussi : L'Eglise catholique allemande s'excuse après 3600 cas d'abus sexuels

Dans de nombreux diocèses, cette annonce choc avait ouvert la question de la responsabilité des responsables diocésains: qui savait quoi et qui a fait quoi? D'autres diocèses ont lancé des démarches analogues à celle de Cologne.

Profils "à la Barbarin"

A Cologne – un diocèse où l'enquête avait recensé 135 victimes et 87 accusés – Mgr Rainer Maria Woelki a ouvert l'accès aux archives. Les enquêteurs ont pu se pencher sur des documents internes produits pendant plusieurs décennies. Au moins quatre évêques successifs sont concernés, y compris Mgr Woelki, de même que les responsables administratifs laïcs ou religieux. L'évêché affirme avoir laissé les enquêteurs travailler librement et ne pas connaître le résultat de leurs travaux.

Les enquêteurs ont notamment évalué si les intervenants avaient agi conformément à la législation allemande et au droit canon de l'Eglise catholique.

Le report de la conférence de presse prévue le 19 mars aurait été demandé par un second bureau d'avocats – mandaté lui aussi par l'évêché – dont la tâche est de vérifier que la formulation des conclusions respecte la protection des données et de la personnalité. Car il semble que le rapport incrimine un certain nombre de responsables: "certains dossiers n'ont pas été traités correctement et certains dossiers ont été détruits", laissait entendre en janvier Mgr Woelki.

L'enquête pourrait mettre au jour un certain nombre de profils "à la Barbarin": des responsables qui n'ont ni abusé ni dissimulé activement des abus mais qui n'ont pas su ou pas voulu prendre en compte l'impact dévastateur des abus. Une attitude "trop laxiste", comme le reconnaissait d'ailleurs récemment un ancien chef du personnel de l'évêché de Cologne, le chanoine Robert Kümpel.

Fabien Hünenberger / RTSreligion

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