Ces crimes écologiques étouffés par les autorités

Grand Format Série documentaire

Introduction

Quarante reporters de 15 pays se sont alliés pour poursuivre les enquêtes de journalistes soumis au silence après des révélations sur l'industrie minière. Portant le nom de "Green Blood Project", leurs investigations dénoncent des crimes écologiques dans les mines de sable (Inde), de nickel (Guatemala) et d'or (Tanzanie). Une entreprise suisse est concernée.

Chapitre 1
Le projet Green Blood

Réputé pour son opacité, le secteur minier est devenu un secteur interdit aux médias. Ces dix dernières années, 14 journalistes ont été assassinés alors qu'ils enquêtaient sur des scandales environnementaux. Des dizaines d'autres ont été emprisonnés, arrêtés ou censurés. Le projet Green Blood vise à diffuser mondialement leurs investigations avortées, après les avoir approfondies.

Menée par quarante journalistes pendant huit mois, l'enquête a porté sur les pratiques de trois compagnies minières à la portée internationale. Le collectif démontre comment ces mines sont protégées par les autorités locales ou nationales, même en cas de crimes écologiques ou humains. L'enquête relève aussi combien les propriétaires et les raffineurs se sentent peu responsables des problèmes sociaux qui découlent de ces exploitations. Enfin, elle amène à s'interroger sur les normes environnementales communément admises et sur les milliers d'entreprises qui se vantent de placer l'éthique au coeur de leurs pratiques, tout en recourant aux minerais issus de ces exploitations controversées.

Deux des journalistes mobilisés pour Green Blood, Jules Giraudat et Arthur Bouvart, ont réalisé une série documentaire de quatre épisodes (visibles ci-dessous) pour révéler les coulisses de cette opération, publiée en juin 2019 dans les médias partenaires de Forbidden Stories.

Chapitre 2
Guatemala: la plus grande mine de nickel d'Amérique centrale

Green Blood Project

Le nickel est nécessaire pour rendre l'acier inoxydable. Son emploi est donc très large, allant de la construction aux équipements ménagers et électroménagers, en passant par le transport, le matériel chirurgical et l'industrie pharmaceutique.

La plus grande mine de nickel d'Amérique centrale se trouve au centre du Guatemala. Développée en 1960 par la société canadienne Inco et exploitée par la CGN (Compania Guataltateca de Niquel, la Fenix nickel project change plusieurs fois de propriétaire (Skye Resources, Hudbay Minerals) de 2004 à 2011 avant d'arriver en mains du suisse Solway. Ce groupe russe basé à Zoug avec une holding à Malte est dans le viseur de l'initiative pour des multinationales responsables, qui réclame que les entreprises liées à la Suisse respectent les droits humains et les normes environnementales aussi à l'étranger.

La mine et son usine de traitement se trouve au bord du grand lac Izabal, à El Estor. Cette petite ville est habitée par une communauté maya Q'eqchi, qui voue un culte particulier à la Nature et n'a donc jamais vu d'un bon œil cette exploitation, même si elle a créé des milliers d'emplois. Pollution des eaux, pollution de l'air, expulsions de résidants, mauvaises conditions de travail et violences sont dénoncés.

Les cas qui ont défrayé la chronique

En 2006, l'Organisation internationale du Travail juge que le Guatemala a violé le droit international en accordant une concession minière de 385 km2 sans consulter les Mayas locaux. Quelques mois plus tard, des expulsions auraient néanmoins eu lieu et des maisons auraient été incendiées.

En 2009, le chef maya Adolfo Ich Chamán est abattu d'une balle dans la tête. Il aurait été tué par le personnel de sécurité. La société exploitante CGN nie toute implication. En revanche, une cour canadienne statue quelques années plus tard sur la responsabilité de l'entreprise propriétaire.

En 2016, l'explosion d'une cuve fait cinq morts.

En 2017, le lac est soudainement recouvert d'une gigantesque tâche rouge. Face aux soupçons de contamination des eaux, les pêcheurs ne parviennent plus à écouler leurs stocks de poissons. Officiellement, la couleur a été causée par l'hydrilla, une plante qui s'est développée faute de station d'épuration. Le vice-ministre de l'Environnement Alfonso Alonzo propose dix poules et un coq pour compenser le manque à gagner. Insatisfaits, près de 70 pêcheurs manifestent. Des cailloux sont lancés sur des policiers. Soudainement, des balles fusent. L'un des pêcheurs, Carlos Maaz, tombe à terre. Les manifestants fuient et le corps de la victime est abandonné. Officiellement, le pêcheur a été tué par un tir d'arme à feu qui ne provenait pas de la police nationale.

Journaliste pour une agence de presse maya, Carlos Choc se trouvait au cœur de la manifestation. "La police nationale tirait sur tout le monde. Je me rappelle très bien les balles qui sifflaient tout près de moi", confie-t-il dans le documentaire. Le localier publie des photos et des vidéos. Un mandat d'arrêt est émis contre lui, contre un de ses collègues et contre sept pêcheurs pour "menaces, incitation au crime et association illicite". Son collègue est emprisonné. Carlos Choc s'enfuit pour vivre dans la clandestinité.

Le travail de l'équipe de Forbidden Stories se concentre sur les crimes présumés récents.

Les résultats de l'enquête Green Blood

Qualité de l'air: les journalistes relèvent que de nombreux habitants souffrent d'asthme et de toux. Certains ont leurs corps recouverts de boutons. Le médecin-chef de la ville confie son inquiétude, tout en confiant être menacé par le maire. L'usine est pointée du doigt. Selon un ex-employé de CGN-Pronico, la fumée des cheminées est rouge la nuit car les filtres sont enlevés "pour faire plus de profit". A chaque service de filtre, il faut évacuer entre 5 et 6 camions de poussière, précise-t-il. Les journalistes procèdent à un premier test avec un capteur et relèvent 321 de particules fines 2.5. "Avec ces niveaux de pollution, vous ne devriez pas rester plus d'une heure", confie le journaliste Jules Giraudat. Au terme d'un mois d'analyse, les résultats montrent des pics six fois supérieurs aux recommandations de l'Organisation Mondiale de la Santé.

La tâche rouge sur le lac: "tous les résultats des analyses effectuées prouvent clairement l'existence d'éléments propres à l'activité minière », affirme Lucas Barreto Correa. Ce biologiste brésilien spécialisé dans la pollution des eaux souligne que "les relevés officiels présentent des incohérences".

L'explosion de la cuve: selon le témoignage d'un ancien employé, du feu sortait d'un trou et de nombreux employés avaient alerté leurs supérieurs. "Mais ils n'ont pas écouté. Ce qui les intéresse c'est produire, produire", estime l'ex-employé. Le frère d'une victime précise que "beaucoup de personnes ont perdu des doigts ou une main dans la mine. Et après? Ils reçoivent du fric et ils se taisent".

L'homicide du pêcheur: le ministre de l'Environnement Alfonso Alonzo explique aux journalistes que l'usage de balles pendant la manifestation n'est pas avéré. Pourtant, une balle de calibre 9 millimètres a été retrouvée dans le corps de Carlos Maaz et l'une des photos de Carlos Choc montre des hommes de la police nationale pointer leurs pistolets sur des manifestants. Plusieurs témoins, dont certains ont été touchés, font état de tirs sans sommation. Aucun policier n'aurait été mis en examen pour cette affaire.

>> Solway a réagi à l'enquête de Forbidden Stories via un communiqué dans lequel elle assure "mettre en œuvre des normes de performance environnementale et sociale internationalement reconnues". Il se défend de protéger la sécurité de ses employés tout en soulignant que "comme pour toute entreprise, l'exploitation minière ne peut pas être protégée à 100% contre les accidents". Et il assure ne pouvoir "être tenus responsable de l'incident mortel" (du pêcheur).

Le journaliste Carlos Choc est depuis sorti de la clandestinité et attend son procès. Il écrit encore sous un pseudonyme.

Chapitre 3
Inde: la mafia du sable

Green Blood Project

Le sable de plage est surnommé l'or blanc. Ce matériau est utilisé dans des domaines aussi nombreux que variés: la construction, les routes, l'automobile, l'électronique, le maquillage et même l'agroalimentaire. La demande annuelle mondiale en sable et en gravier est de 40 et 50 milliards de tonnes. Le sable indien est très prisé car il recèle de minerais très convoités (grenat, ilménite, rutile, zircon, silicate, leucoxène, monazite, etc). Il est récolté aux quatre coins du pays.

Mais cette extraction intensive a un impact sur l'environnement. En mai dernier, l'ONU dénonçait les extractions de rivière au niveau mondial, en déplorant "pollution, inondations, abaissement des aquifères et aggravation de la sécheresse". En Inde, les écosystèmes sont déstabilisés. Les maisons des rives sont inondées et les champs pollués. "Dix ans après que l'extraction de sable a débuté, l'eau est devenue complètement salée et même acide. Environ 200 fermiers ont été impactés. Et tous ceux qui ont porté plainte ont été menacés, battus ou emprisonnés", témoigne un agriculteur dans la série documentaire.

Diverses restrictions ont été émises par les autorités indiennes, mais les problèmes perdurent. Certains gisements sont ouverts illégalement. Dans d'autres cas, la licence a été accordée, mais le matériel employé est interdit. "S'ils utilisaient les équipements autorisés, ils ne pourraient pas récupérer autant de sable chaque jour", explique le journaliste Kanwardeep Singh du "Times of India".

>> Voir le 3ème épisode : L'impact environnemental et social de l'exploitation du sable inquiète l'ONU

>> Lire:

Ces journalistes qui veulent dénoncer la corruption

Aucun site d'extraction illégal de sable ne pourrait exister sans intimidation ni corruption en raison de leur envergure. Des policiers, des fonctionnaires et des politiciens sont de mêche. Les journalistes locaux taisent ces faits, soit par peur, soit parce qu'ils sont aussi payés par les entreprises minières, explique l'investigatrice Sandhya Ravishankar. Plusieurs journalistes qui ont dénoncé ces pots-de-vin sont aujourd'hui décédés.

Jagendra Singh est décédé en juin 2015, après avoir été battu puis brûlé vif. Un mois plus tôt, le journaliste avait révélé les liens entre le ministre des classes défavorisées Rammurti Singh Verma et les mafias qui contrôlent le marché du sable dans l'Etat de l'Uttar Pradesh (nord du pays). Avant cela, il avait déjà annoncé que la police touche 10'000 roupies (135 francs) par jour pour fermer les yeux sur les extractions de sable le long de la rivière Garma. Officiellement, Jagendra Singh s'est suicidé en s'immolant.

Sandeep Sharma est mort écrasé par un camion-benne le 26 mars 2018. Quelques mois auparavant, le journaliste avait publié des enquêtes sur la corruption de policiers par les mafias du sable dans l'Etat du Madhya Pradesh (centre du pays).

Sandhya Ravishankar dénonce depuis 2013 les pratiques de la société V.V. Mineral et de son directeur Subramanian Vaikundarajan dans l'Etat du Tamil Nadu (extrême sud du pays). Elle est toujours en vie, mais elle vit sous pression. "Ça a commencé par du harcèlement sur Internet, puis ça s'est transformé en menaces de viols. Des vidéos me montrant en train de rencontrer un informateur ont été rendues publiques. Mon nom a figuré dans un rapport officiel du gouvernement expliquant que j'étais corrompue. Et enfin, cinq agences de détectives ont été embauchées pour me suivre partout", confie-t-elle dans le documentaire.

Les résultats de l'enquête Green Blood

Plusieurs journalistes du Green Blood Project se sont rendus en Inde pour reprendre l'enquête de Jagendra Singh et soutenir Sandhya Ravishankar.

Dans l'Uttar Pradesh, les journalistes occidentaux sont parvenus à récupérer l'ordinateur de Jagendra Singh, véritable poule aux œufs d'or avec enregistrements téléphoniques, photos, vidéos, etc. Ils ont croisé ces données en interrogeant des témoins et en parcourant des rapports de police et de médecins. Il en ressort que Jagendra Singh, qui n'est pas décédé immédiatement après avoir pris feu, a affirmé, face caméra, avoir été aspergé d'essence par l'inspecteur Sriprakash Rai, ainsi que deux autres policiers. Selon la fille du journaliste, les agresseurs ont crié: "Comment oses-tu écrire sur le ministre Rammurti Verma? On va te donner une bonne leçon".

Une femme, qui accompagnait le journaliste au moment des faits, avait d'abord confirmé la version du journaliste dans une vidéo. Mais elle est depuis surveillée par un homme qui travaille dans le sable et elle soutient désormais la thèse du suicide. Pour les policiers, le journaliste s'est immolé car "il a voulu leur faire peur". Ils admettent toutefois que l'instituteur a depuis été transféré.

Face à ces témoignages contradictoires, la famille du journaliste a fini par admettre qu'elle avait elle-même conclu un accord avec le ministre Verma, qui leur a donné l'équivalent de 42'000 francs en échange d'un accord stipulant que Jagendra Singh s'est suicidé et que leurs accusations sont retirées. Le ministre Rammurti Singh Verma a été blanchi. Mais il n'est plus ministre.

Les deux journalistes français ont été accusés d'être des espions. [Green Blood Project - Briner, Caroline (RTS)]
Les deux journalistes français ont été accusés d'être des espions. [Green Blood Project - Briner, Caroline (RTS)]

Au Tamil Nadu, les recherches de l'équipe de Forbidden Stories ont permis de mettre la main sur un CD contenant le nom des entreprises ayant acheté les minerais de V.V.Mineral. Ce CD a été concocté par le demi-frère du directeur de l'entreprise minière, qui a déposé depuis 2001 de nombreuses plaintes en lien avec la mine mais n'aurait récolté en échange que des menaces et des tentatives de meurtres. Mais l'enquête de Forbidden Stories semble avoir déplu aux autorités. Deux journalistes occidentaux se sont retrouvés accusés d'espionnage par le ministre des Finances et des Transports. Leurs portraits ont été placardés sur les murs de la ville de Kanyakumari, poussant les deux reporters à rentrer rapidement.

En France, les journalistes ont contacté diverses entreprises en lien avec le sable indien et les ont mis face à leurs contradictions: Après avoir assuré que l'éthique est une valeur importante pour elles, elles ont admis ne pas mener d'études approfondies sur place. "Quand on va voir une exploitation, on ne fait pas le tour des villages autour. On n'est pas là pour faire une enquête sociétale", confie Joëlle Briot, présidente de CMMP (Comptoir de minéraux et de matières premières).

Chapitre 4
Tanzanie: le site du plus grand groupe minier d'or au monde

Green Blood Project

L'or est un métal stable, très résistant à la corrosion et qui présente une bonne conductivité électrique et thermique. Réputé pour la bijouterie, il est aussi utilisé dans le domaine médical, en chimie, dans l'industrie et dans l'électronique. Près de 70% de l'or atterrit en Suisse pour y être raffiné.

Le canadien Barrick est le plus grand groupe minier d'or au monde. Via sa société britannique Acacia Mining, il possède la mine de Nord-Mara en Tanzanie, dont il extrait dix tonnes d'or par an. Le métal est raffiné notamment par l'indien MMTC-PAMP, qui lui-même fournit des centaines d'entreprises, dont Apple, Canon et Nokia.

Située près de la région des Grands Lacs, la mine d'or de Nord-Mara a été en proie à la violence pendant une vingtaine d’années. Depuis, elle est entourée d’un rempart de deux mètres de haut et gardée comme une forteresse. Pollution, violences et viols sont dénoncés.

Les problèmes observés

Les journalistes de Green Blood Project ont décidé de poursuivre l'enquête de Jabir Idrissa, rédacteur en chef de "MwanaHalisi" et "Mavio". Ses deux hebdomadaires ont été suspendus durant l'été 2017, sur décision du ministre de l'Information national, suite à des révélations de cas de violations de droits humains et de corruption en lien avec la mine de Nord-Mara.

Les expropriations: de nombreux villageois, qui étaient auparavant de petits exploitants miniers, ont été expropriés sans être dédommagés correctement. Pour subvenir à leurs besoins, ils pénètrent dans la mine la nuit, en escaladant le mur. Surnommés les "intrus", ils sont chassés violement par les gardes de la mine.

Les homicides: 22 "intrus" ont été tués par des gardes de la mine ou des policiers depuis 2014 selon les associations Mining Watch et RAID. Depuis 2016, les fusillades seraient moins nombreuses mais les passages à tabac seraient plus fréquents.

Les viols: des femmes s'introduisent également dans la mine la nuit. Au moins treize d'entre elles auraient été violées par des gardes.

Les intimidations: depuis que John Magufuli a pris la présidence du pays en 2015, la publication de données "fausses, mensongères, trompeuses ou inexactes" est passible de plus de 3 ans de prison. La Tanzanie a ainsi perdu 25 places au classement mondial de la liberté de la presse de RSF. Quant au principal opposant à la politique minière du gouvernement Tundu Lisu, il a reçu six balles dans l'estomac.

La pollution: en 2009, une étude révèle quel'eausituée dans les environs de la mine renferme de grandes quantités d'arsenic. Acacia Mining l'a expliqué par un déversement accidentel des rejets dans une rivière. En 2015, une analyse de l'eau menée par un expert du gouvernement kenyan constate "des niveaux de nitrates et de nitrites impropres à la consommation animale".

Les résultats de l'enquête Green Blood

Les homicides: "Ce sont des policiers qui essentiellement tirent sur les villageois", assure un journaliste kényan préférant garder l'anonymat. L'équipe de Green Blood a enquêté sur le cas de Samuel Machugu, un "intrus" abattu d'une balle dans la tête. Officiellement, il serait mort après avoir été battu, pourtant l'ami qui l'accompagnait dans la mine assure qu'un policier a tiré sur eux sans tirs de sommation. "Le docteur voulait écrire qu'il avait été tué par balle, mais la police a refusé", explique le neveu de la victime. L'équipe de Green Blood a rencontré le ministre des Mines, qui les a invités à discuter avec le ministre de l'Intérieur, en charge de la police, mais celui-ci ne leur a jamais répondu. Les journalistes ont rencontré deux familles d'autres victimes qui assurent n'avoir jamais été dédommagées.

Les viols: les journalistes ont pu obtenir plusieurs témoignages qui se corroborent: les femmes qui se font attraper par les gardes dans la mine sont jetées dans un véhicule, amenées dans un endroit isolé, déshabillées de force, frappées et violées. "Ils nous répondaient qu'ils avaient passé trop de temps sans toucher une femme", confie une victime, désormais ostracisée par le reste du village. Quoique la plupart de ne savent pas lire, toutes les victimes rencontrées disposent de documents signés stipulant qu'elles renoncent à des poursuites en échange d'une compensation financière (13,9 millions de shillings tanzanien - 5800 francs dans un cas). L'entreprise Acacia Mining assure que “les contrats ont été rédigés conformément aux recommandations des Nations Unies".

>> Confronté à ces accusations, le PDG de Barrick, Mark Bristow, a répondu: "Dans ces environnements sociaux compliqués, il y a toujours des problèmes qu'il faut régler. Au final que voulez-vous que je fasse?" Quant au raffineur MMTC-PAMP, il assure que les violations de droits humains "sont en grandes parties anciennes et liées aux activités de la police".

La pollution: il y a un an, les autorités ont condamné Acacia Mining à une amende de 5,6 milliards de shillings tanzaniens (2,1 millions d'euros) pour pollution présumée en provenance du bassins de stockage. Le gouvernement tanzanien a reconnu sa part de responsabilité "en croyant systématiquement" la mine.

A noter encore que selon les enquêteurs de Forbidden Stories, l'or de la mine de Nord-Mara est aussi raffiné par l'établissement tessinois Argor-Heraeus.

Chapitre 5
Le collectif "Forbidden Stories"

Green Blood Project

Forbidden Stories a été créé en 2017 par Freedom Voices Network avec le soutien de Reporters sans frontières, notamment. Son objectif est de poursuivre le travail de journalistes menacés, emprisonnés ou assassinés car cette censure prouve que les informations qu'ils tentent de révéler sont importantes. Les sujets abordés sont la santé, les droits humains, la corruption et l'environnement. Le plus souvent, ils sont liés à des intérêts internationaux.

Vous avez tué le messager, vous ne tuerez pas le message

Forbbiden Stories

Le collectif regroupe une quarantaine de journalistes issus d'une trentaine de médias, dont deux Suisses de Tamedia. Seuls sept personnes sont salariées par l'organisme. Elles sont chargées de coordonner les enquêtes. Forbidden Stories a réalisé huit projets depuis sa fondation.

>> Ecouter l'interview du fondateur de Forbidden Stories :

Laurent Richard
Histoire vivante - Publié le 24 février 2020

>> Lire : Un projet vise à poursuivre les enquêtes de journalistes assassinés

Chapitre 6
Le dossier d'Histoire vivante

Cette série documentaire est proposée par Histoire Vivante. A cet effet, cinq interviews ont été réalisées pour mieux comprendre ces enquêtes journalistiques.

En plus de celle de Laurent Richard disponible ci-dessus (fondateur de "Forbidden Stories"), vous pouvez écouter Arthur Bouvart (réalisateur du film "Greenblood), Alexis Marant (directeur de collection pour le film) et Anne Michel (journaliste au Monde qui a couvert l'enquête au Guatemala) ici: Histoire vivante