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L'éditeur Gallimard perquisitionné dans l'enquête sur Gabriel Matzneff

L'entrée des éditions Gallimard, à la rue Gaston Gallimard, Paris, le 12 février 2020. [afp - Stéphane de Sakutin]
L'éditeur Gallimard perquisitionné dans l'enquête sur Gabriel Matzneff / Le Journal horaire / 26 sec. / le 12 février 2020
Le siège de Gallimard à Paris a été perquisitionné mercredi dans le cadre de l'enquête ouverte contre l'écrivain Gabriel Matzneff pour "viols sur mineur" de moins de 15 ans, et celui-ci sera jugé dans une autre procédure en septembre 2021 pour apologie de ces actes.

La perquisition, révélée par Mediapart, a débuté mercredi matin et s'est achevée en tout début d'après-midi.

Les enquêteurs de l'Office central de répression des violences aux personnes (OCRVP) recherchent des passages écrits de l'écrivain ne figurant pas dans ses ouvrages publiés, a indiqué une source proche du dossier.

Dans un entretien à l'ex-site Biffures, en 2008, Gabriel Matzneff déclarait avoir "autocensuré" des "passages" de ses écrits qui risquaient d'être "jugés spécialement scandaleux" et les avoir mis "en sécurité dans un coffre de banque".

Selon Mediapart, ce coffre-fort a été "localisé" par les enquêteurs.

Il s'agit de la première perquisition au siège de l'éditeur de Gabriel Matzneff depuis l'ouverture de l'enquête le 3 janvier, au lendemain de la parution du roman autobiographique "Le consentement" de Vanessa Springora. Elle y dénonce sa relation sous emprise avec l'écrivain alors qu'elle était mineure.

Les enquêteurs s'étaient déjà rendus en janvier dans les locaux de Gallimard pour y chercher les ouvrages de Gabriel Matzneff.

Les complices et les témoins

Selon une source proche du dossier, confirmant une information de Mediapart, les enquêteurs s'intéressent aussi à Christian Giudicelli, son éditeur au sein de Gallimard et compagnon de voyage aux Philippines.

Dans le cadre de cette enquête, un appel à témoins a été diffusé mardi par l'OCRVP. Le procureur de Paris Rémi Heitz a expliqué qu'il s'agissait d'éviter qu'il y ait "des victimes oubliées".

>> Lire : La justice française à la recherche de victimes de Gabriel Matzneff

L'éditrice Vanessa Springora a été auditionnée par les policiers le 29 janvier, tout en ne voyant qu'une "portée symbolique" à cela à cause de la prescription des faits.

Elle est à ce jour la seule femme à avoir témoigné publiquement parmi les adolescentes séduites par Gabriel Matzneff, dont le comportement, décrit dans ses propres livres, a longtemps été toléré dans le monde littéraire parisien. En 2013, il avait obtenu le prix Renaudot essai.

"Apologie" d'actes pédophiles

Celui qui a dit dans une lettre ne pas mériter "l'affreux portrait" publié par Vanessa Springora a affirmé fin janvier sur BFMTV, depuis le nord de l'Italie, "regretter" ses pratiques pédophiles passées en Asie, tout en faisant valoir qu'"à l'époque", "jamais personne ne parlait de crime".

C'est pour certaines de ses réactions au livre de Vanessa Springora, parues entre fin décembre et début janvier dans l'Obs, le Parisien et L'Express, que Gabriel Matzneff sera jugé le 28 septembre 2021 dans une autre procédure pour "apologie" d'actes pédophiles devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris, spécialisée dans les affaires de presse et de liberté d'expression.

L'écrivain a été cité à comparaître par une association de prévention contre la pédophilie, l'Ange Bleu. Cette procédure permet à une victime de convoquer directement l'auteur présumé devant le tribunal, sans qu'une enquête préalable ne soit menée. C'est à la victime de collecter les preuves de culpabilité de l'auteur présumé des faits.

afp/sjaq

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