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Matteo Salvini renvoyé en justice pour séquestration de migrants

Matteo Salvini au Sénat italien, Rome, le 12 février 2020. [Keystone/epa - Riccardo Antimiani]
Matteo Salvini renvoyé en justice pour séquestration de migrants / La Matinale / 1 min. / le 13 février 2020
Le Sénat italien a renvoyé mercredi en justice le chef de l'extrême droite Matteo Salvini, accusé de séquestration de personnes pour avoir bloqué un bateau de migrants au large de la Sicile quand il était ministre de l'intérieur. Il encourt 15 ans de réclusion.

Le résultat officiel du vote sera communiqué à 19h00, mais le tableau électronique vu par plusieurs journalistes, indiquant pendant quelques secondes le résultat du scrutin, a permis d'établir clairement son renvoi en justice, confirmé par tous les médias italiens.

Dans son intervention avant le vote, Matteo Salvini a "revendiqué avec orgueil" son action en tant que ministre. "Je n'irai pas dans cette salle de tribunal pour me défendre. J'irai pour revendiquer avec orgueil ce que j'ai fait", a-t-il lancé aux sénateurs, réitérant que c'était son "devoir" de défendre les frontières du pays quand il était ministre de l'intérieur.

Il a mêlé ironie envers ses adversaires et invoqué ses enfants, comme il le fait souvent. "Mes deux enfants ont le droit de savoir que, si leur père était souvent loin de la maison, ce n'était pas pour séquestrer des personnes, mais pour défendre les frontières et la sécurité du pays", a-t-il dit.

Lega en tête des intentions de vote

"Les adversaires doivent être battus dans les urnes, pas dans les tribunaux", a aussi lancé le chef souverainiste qui a construit sur la lutte contre l'immigration son ascension et celle de son parti. Les sondages le donnent à environ 30% d'intentions de vote, soit le premier parti d'Italie.

Un tribunal de Catane, en Sicile, accuse Matteo Salvini "d'abus de pouvoir et de séquestration de personnes" pour avoir bloqué l'été dernier durant plusieurs jours 116 migrants à bord d'un navire des gardes-côtes italiens, le Gregoretti. En cas de procès, il encourt 15 ans de réclusion.

Le 25 juillet 2019, jour où plus de 110 personnes avaient disparu dans un naufrage au large de la Libye, le navire militaire Gregoretti avait pris à son bord 140 migrants, partis des côtes libyennes quelques jours auparavant sur deux embarcations et secourus par des gardes-côtes italiens.

Des migrants avaient pu être évacués pour raisons médicales, mais 116 autres étaient restés sur le navire près d'une semaine, faute d'autorisation de débarquer de Matteo Salvini, alors ministre de l'intérieur.

Pouvoirs renforcés

La stratégie de la Ligue est d'impliquer le premier ministre italien Giuseppe Conte en assurant que le blocage du navire était une décision collective du gouvernement. Giuseppe Conte, reconduit en septembre à la tête d'un exécutif formé du M5S et du parti démocrate, principal parti de gauche, conteste cette version des faits.

Selon le chef du gouvernement, Matteo Salvini a, avant l'épisode Gregoretti, "fait approuver un nouveau décret-loi qui renforçait ses compétences. Il a revendiqué le choix de faire ou non débarquer les personnes à bord du Gregoretti et aussi sur le moment de le faire".

En juin 2019, Matteo Salvini a effectivement fait adopter une loi renforçant ses pouvoirs et prévoyant que "le ministre de l'intérieur peut limiter et interdire l'entrée, le transit ou l'arrêt des navires dans les eaux territoriales pour des motifs d'ordre et de sécurité publiques".

Une autre affaire

Les soucis de Matteo Salvini ne s'arrêtent pas à l'affaire Gregoretti. Une commission du Sénat devra statuer, le 27 février, sur une autre demande de renvoi en justice concernant cette fois le navire humanitaire Open Arms, bloqué mi-août 2019 pendant plusieurs jours devant l'île de Lampedusa, sur ordre de Matteo Salvini.

Même après son probable renvoi devant le tribunal des ministres, une juridiction spéciale composée de trois magistrats expérimentés de Catane, Matteo Salvini devra probablement attendre des années pour être fixé sur son sort, compte tenu de la lenteur de la justice italienne et des possibilités de recours.

En cas de condamnation définitive, c'est-à-dire en dernière instance par la cour de cassation, le patron de la Ligue encourt aussi une peine d'inéligibilité de six à huit ans.

ats/sjaq

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