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En Ecosse, certains rêvent d'un retour dans l'UE en pays indépendant

Des manifestants pro-UE protestent contre le Brexit devant le Parlement écossais, le 1er févier. [EPA - Robert Perry]
Des manifestants pro-UE protestent contre le Brexit devant le Parlement écossais, le 1er févier. - [EPA - Robert Perry]
Le soutien à l'indépendance de l'Ecosse est à son plus haut niveau depuis le référendum de 2016 sur le Brexit. Il a atteint 52%, selon un sondage publié lundi par des médias pro-indépendance, mais réalisé juste avant la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne vendredi dernier.

Ce sondage a été réalisé par l'institut de sondage en ligne Panelbase entre le 28 et le 31 janvier, pour le blog politique Scot Goes Pop et le journal The National, tous deux pro-indépendance.

Il s'agit du troisième sondage de ces deux dernières semaines montrant un soutien croissant pour l'indépendance écossaise, autour de 50% des voix.

Le responsable de Scot Goes Pop, James Kelly, a d'ailleurs qualifié la dernière enquête d'opinion de "meilleur résultat en faveur du oui dans les sondages depuis le référendum de 2016". A ses yeux, le Brexit, maintenant réalisé, pourrait "pousser encore plus le oui", même s'il envisage aussi que "le changement minimal pendant la période de transition puisse conduire à un faux sentiment de sécurité".

"Laisser une lumière allumée"

Ces résultats ont de quoi réjouir la Première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, qui milite depuis plusieurs années pour la tenue d'un second référendum sur l'indépendance du pays. Son camp indépendantiste avait échoué lors d'une précédente consultation en 2014: les unionistes l'avaient emporté par 55% des suffrages. Malgré les appels de la dirigeante écossaise, le Premier ministre conservateur Boris Johnson refuse un nouveau scrutin, car il estime que cette précédente consultation a tranché le débat.

L'Ecosse espère vivement reprendre, à l’avenir, son adhésion à l’Union européenne, en tant que membre à part entière.

Nicola Sturgeon, Première ministre écossaise

Pourtant, aux dires de Nicola Sturgeon, le référendum de 2016 sur le Brexit a changé la donne: 62% des Ecossais s'étaient prononcés en faveur d'un maintien dans l'UE. Elle s'appuie d'ailleurs sur la progression de son parti indépendantiste, le Scottish National Party (SNP), aux élections anticipées de 2019, à l'approche de la date fatidique de la séparation.

Ainsi, vendredi dernier, à l'heure où le Royaume-Uni quittait l'Union européenne pour de bon, Nicola Sturgeon adressait une lettre ouverte à "ses chers voisins européens". "L'Ecosse espère vivement reprendre, à l’avenir, son adhésion à l’Union européenne, en tant que membre à part entière. Cela signifierait beaucoup pour le peuple écossais de savoir que nos amis européens restent solidaires avec nous en cette période. Veuillez laisser une lumière allumée pour l’Ecosse", pouvait-on y lire.

Le #LeaveALightOnForScotland a ensuite été largement utilisé par les pro-indépendance sur les réseaux sociaux, y compris par la Première ministre et par son gouvernement.

Au moment du Brexit, le Parlement écossais a d'ailleurs été illuminé aux couleurs de l'Union européenne.

Indépendance aux multiples visages

Interrogé par le correspondant de la RTS, l'élu SNP à Bannonbuck Cameron Archibald estime que les velléités indépendantistes ne se cantonnent pas au parti national. Selon lui, l'indépendance peut prendre différentes formes, peu importe de quel côté de l'échiquier politique on se trouve. "Si vous regardez n'importe quel sondage entre 2014 et maintenant, vous verrez que 60% à 70% des jeunes ont constamment soutenu l'indépendance. C'est assez incroyable", a-t-il ajouté, faisant un parallèle avec les mouvements actuels pour le climat, "massivement menés par les jeunes, qui ont une vision pour l'avenir".

Les europhiles, pas toujours indépendantistes

Pourtant, tous les Ecossais qui souhaiteraient rester dans l'Union européenne ne sont pas en faveur de l'indépendance de leur pays du Royaume-Uni. "Il me semble surtout que l'indépendance ne ferait que rajouter encore un peu plus de frontières, de complexité légale et de problèmes économiques à ceux déjà créés par le Brexit", expliquait par exemple la directrice du Centre de recherche sur les politiques européennes de Glasgow, Fiona Wishlade, dans Libération. Pour elle, "cela ne sert à rien de partir en bataille tout de suite, de réclamer un retour immédiat à l'UE. Il faut d'abord reconstruire le lien social dans ce pays et écouter ceux qui ont voulu sortir".

Jessica Vial avec afp

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