Les budgets n'évoluent plus depuis trois ans dans ce domaine au Royaume-Uni. Et les enseignants en souffrent beaucoup, comme le souligne Suzanna Reyes, professeure de langues au secondaire dans un quartier populaire du sud de Birmingham: "On a quatre millions d'enfants qui vivent sous le seuil de pauvreté", rappelle cette Jurassienne jeudi dans La Matinale. "Cela veut dire des élèves qui viennent le matin l'estomac vide, qui vivent dans des logements précaires, qui souffrent de maladies chroniques dues au logement, et cela rend le travail très difficile."
Débandade chez les enseignants
La conséquence de ces conditions de travail, explique Suzanna Reyes, c'est une pénurie d'enseignants: "40% de professeurs quittent la profession dans les cinq premières années en raison de conditions de travail vraiment déplorables."
Du côté des élèves, la perspective d'une sortie de l'Union européenne a un impact direct sur l'avenir. "Dans l'école où je travaille, la majorité vont aller dans les industries, le secteur de l'automobile", souligne l'enseignante établie depuis 13 ans à Birmingham. Or General Motors, gros pourvoyeur d'emplois dans la région, vient d'annoncer sa délocalisation à l'étranger. "C'est vrai que ça fait peur", souligne-t-elle.
La fuite des chercheurs étrangers
Dans le domaine de l'éducation supérieure, c'est la recherche académique qui risque de payer le prix fort du Brexit. "Il y a des histoires déchirantes de chercheurs qui ont élu domicile au Royaume-Uni, qui ont aimé vivre ici et qui ont la sensation d'avoir été poussés vers la sortie", déplore Leah Fitzsimmons qui travaille pour les activités d'engagement du public à l'Université de Birmingham.
Une étude récente montre que des dizaines de milliers de chercheurs européens ont quitté le Royaume-Uni depuis le vote sur le Brexit. Universities UK, faitière des universités du pays, affirme même que les deux tiers des établissements ont déjà perdu des chercheurs ou du personnel européen.
Les universités portent l'économie locale
Et c'est la société britannique qui risque d'en pâtir à long terme: "Les universités sont en quelque sorte de petites villes, donc les étudiants ont un énorme impact sur l'économie locale", rappelle Leah Fitzsimmons. Les enseignants, eux, soutiennent les économies de périphéries entières. "C'est très clair à Birmingham", précise-t-elle: "La situation démographique de certaines rues et de certaines zones, c'est à peu près 50-50 entre les universitaires et le reste."
Il faudrait donc réussir à anticiper, mais la faitière des universités du Royaume-Uni conclut dans son étude que la moitié des établissements du pays ne seraient pas prêts en cas de sortie de l'Union européenne sans accord.
Cédric Guigon/oang