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Au Liban, une chaîne humaine de 170 km atteste de l'unité des manifestants

Les manifestants à Beirut, à peu près au centre de la chaîne [Keystone/AP Photo - Bilal Hussein]
Les manifestants libanais se sont mobilisés en nombre pour former une chaîne humaine à travers le pays. / Le 12h30 / 20 sec. / le 27 octobre 2019
Des dizaines de milliers de Libanais ont formé dimanche une chaîne humaine de 170 km traversant le pays du nord au sud pour témoigner de leur unité et de leur détermination à chasser la classe politique au pouvoir dans le pays.

"La chaîne humaine est un succès", s'est réjouie Julie Tegho Bou Nassif, une professeure d'Histoire co-organisatrice de cette chaîne humaine s'étendant entre les villes de Tripoli au nord et de Tyr au sud.

La chaîne à Nahr el-Kalb, 15 km au nord de la capitale Beyrouth [AFP - Joseph Eid]
La chaîne à Nahr el-Kalb, 15 km au nord de la capitale Beyrouth [AFP - Joseph Eid]

Le pari, qui a fait l'objet d'une intense activité sur les réseaux sociaux, impliquait la mobilisation de près de 100'000 personnes, au 11e jour d'un soulèvement populaire sans précédent. Les manifestants ont pris position en début d'après-midi sur l'autoroute qui longe la Méditerranée, en passant par l'emblématique corniche du bord de mer de Beyrouth.

Cette démonstration était d'autant plus importante que des incidents parfois violents ont eu lieu ces derniers jours entre manifestants et militants du Hezbollah pro-iranien.

Sept blessés samedi

Des échauffourées ont en outre éclaté samedi après-midi entre l'armée et des protestataires près de Tripoli, la deuxième plus grande ville du Liban, au nord du pays. Un bilan de source médicale faisait état dimanche de sept blessés, alors que l'armée a reconnu que des balles en caoutchouc avaient été tirées.

Malgré ces tensions, des rassemblements ont à nouveau réuni samedi soir des milliers de personnes à Beyrouth, à Tripoli et dans d'autres villes. "Le peuple veut la chute du régime!", repris du Printemps arabe, reste l'un des slogans phares de la révolte, déclenchée le 17 octobre par l'annonce surprise d'une taxe sur les appels via la messagerie WhatsApp.

Malgré son annulation, la colère ne s'est pas calmée contre la classe dirigeante, jugée unanimement incompétente et corrompue dans un pays qui manque d'électricité, d'eau ou de services médicaux de base, 30 ans après la fin de la guerre civile.

Le pouvoir joue la montre

Le bras de fer qui se prolonge entre la rue et le pouvoir provoque la paralysie du pays, particulièrement à cause des nombreux barrages routiers. Le pouvoir n'a jusque-là fait que des concessions peu significatives et semble jouer le pourrissement d'un mouvement sans leader.

>> Lire à ce sujet : Le gouvernement libanais annonce des réformes pour calmer la rue

Envoyée à plusieurs reprises pour lever les barrages, l'armée a le plus souvent renoncé face à la détermination des manifestants. Elle a même fraternisé mercredi avec la foule dans des scènes reprises en boucle sur les chaînes de télévision.

afp/vic

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Le pape François appelle au dialogue

Le pape François a appelé dimanche à emprunter la voie du dialogue pour trouver des solutions "justes" dans la crise politique et sociale que traverse le Liban.

"J'ai une pensée spéciale pour le cher peuple libanais, en particulier les jeunes qui, ces jours derniers, ont fait entendre leur cri face aux défis et problèmes économiques et sociaux du pays", a déclaré le pape depuis le Palais Apostolique au Vatican.

L'objectif est que, a-t-il souligné, "avec le soutien de la communauté internationale, ce pays continue d'être un espace de cohabitation pacifique et de respect de la dignité et liberté de chacun aux profits de toute la région du Moyen-Orient".